Alerte sanitaire en Israël : des enfants en bonne santé meurent de la grippe, une situation jugée « exceptionnelle » par les médecins

L’inquiétude monte dans le système de santé israélien face à une série de décès d’enfants liés à la grippe saisonnière. Depuis le début de l’hiver, au moins cinq enfants sont décédés après avoir contracté le virus, un chiffre qui interpelle d’autant plus que plusieurs d’entre eux ne présentaient aucune maladie chronique connue. Les spécialistes parlent d’un phénomène rare, voire inédit à cette échelle, et appellent à une prise de conscience urgente.

La grippe est une maladie virale bien connue, généralement perçue comme bénigne chez les enfants en bonne santé. Pourtant, cette année, le tableau clinique semble différent. Plusieurs cas rapportés par les hôpitaux font état d’une dégradation rapide de l’état général, parfois en l’espace de quelques jours seulement, conduisant à une issue fatale sans phase prolongée de complications. Pour les équipes médicales, ce schéma tranche nettement avec ce qui est observé lors des hivers précédents.

L’un des derniers cas concerne un enfant d’environ quatre ans, retrouvé sans vie à son domicile après quelques jours de fièvre. Malgré une prise en charge rapide par les secours, son décès a été constaté à l’hôpital. Un autre enfant, âgé d’environ six ans, est décédé après une hospitalisation de courte durée, son état s’étant détérioré brutalement. Dans certains cas, les autorités sanitaires attendent encore la confirmation formelle de la cause exacte du décès, mais la grippe est fortement suspectée.

Le professeur Ilan Dalal, président de l’Association israélienne de pédiatrie et directeur d’un service hospitalier pour enfants, parle d’un signal d’alarme clair. Selon lui, « voir des enfants en parfaite santé mourir de la grippe est extrêmement inhabituel ». Il rappelle que les décès pédiatriques liés à ce virus concernaient presque toujours, par le passé, des enfants souffrant de pathologies lourdes ou de déficiences immunitaires. Cette saison, le profil des victimes change, et c’est précisément ce qui alarme les professionnels.

Les médecins avancent plusieurs hypothèses pour expliquer cette situation. La première concerne l’agressivité particulière de la souche virale dominante cette année. Certaines variantes de la grippe sont connues pour provoquer des réactions inflammatoires plus violentes, notamment chez les jeunes enfants. La seconde hypothèse est liée à la baisse significative des taux de vaccination, un phénomène observé depuis la pandémie de Covid-19. De nombreux parents, par lassitude ou par méfiance accrue envers les vaccins, ont renoncé à faire vacciner leurs enfants contre la grippe.

Le docteur Samir Abu Rabiya, pédiatre et directeur d’une clinique dans le centre du pays, décrit une situation de forte pression dans les services médicaux. « Nous n’avons pas vu un tel afflux d’enfants atteints de grippe sévère depuis des années », explique-t-il. Il souligne que les hôpitaux et les cliniques font face à des admissions fréquentes pour des enfants présentant des symptômes graves, parfois dès les premiers jours de la maladie.

Un autre élément préoccupant est la rapidité d’évolution de la grippe cette saison. Contrairement aux tableaux classiques, où l’état du patient se dégrade progressivement, plusieurs cas récents ont été marqués par une détérioration soudaine, laissant peu de marge de manœuvre aux équipes médicales. Les spécialistes évoquent des atteintes respiratoires aiguës, des complications neurologiques ou des défaillances multiviscérales survenant de manière fulgurante.

Les médecins insistent également sur un facteur comportemental : la banalisation des symptômes. De nombreux parents continuent d’envoyer leurs enfants fiévreux à l’école ou au jardin d’enfants, parfois après avoir administré un simple antipyrétique. Cette pratique favorise la propagation du virus et retarde la prise en charge médicale des formes graves. « Un enfant somnolent, apathique, qui respire difficilement ou qui ne se réveille pas normalement est un signal d’alerte absolu », martèlent les pédiatres.

Face à cette situation, le ministère de la Santé appelle à renforcer la vigilance et à accélérer la vaccination contre la grippe, en particulier chez les enfants. Le vaccin, rappellent les experts, ne garantit pas une protection totale, mais il réduit considérablement le risque de formes graves et de décès. Ils soulignent que même lorsque la vaccination ne prévient pas l’infection, elle en atténue généralement la sévérité.

Les autorités sanitaires craignent également que cette tendance ne s’aggrave dans les semaines à venir, la saison grippale n’ayant pas encore atteint son pic. Les services hospitaliers se préparent à une poursuite de l’augmentation des hospitalisations pédiatriques, dans un contexte déjà tendu par la surcharge des urgences.

Au-delà des chiffres, ces décès posent une question plus large sur la résilience du système de santé face aux maladies respiratoires saisonnières et sur la responsabilité collective en matière de prévention. Pour les médecins, le message est clair : la grippe n’est pas une maladie anodine, et cette année plus que jamais, elle doit être prise au sérieux.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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