Un climat d’incertitude s’est installé ces derniers jours au sein de la chaîne d’information i24NEWS, après l’annonce officielle de la direction selon laquelle les propriétaires ont décidé de réduire leur participation dans le média. Cette décision stratégique, prise par le groupe Altice, contrôlé par l’homme d’affaires Patrick Drahi, a provoqué une onde de choc parmi les employés, alors que les contours exacts des changements à venir restent flous.
Dans un message adressé au personnel, le comité des employés a averti que la chaîne faisait face à des « changements importants », qui devraient inévitablement inclure des licenciements. Face à cette perspective, le comité a appelé les salariés à envisager sérieusement l’offre proposée par la direction : une procédure de départ volontaire assortie d’une indemnité comprise entre 10 000 et 20 000 shekels pour les employés qui accepteraient de quitter l’entreprise avant la fin de l’année civile.
Selon les représentants du personnel, cette recommandation ne relève pas d’un choix idéologique, mais d’un calcul pragmatique. Dans leur communication interne, ils soulignent qu’il existe une forte incertitude quant au nombre exact de postes que la direction pourrait supprimer dans les semaines ou mois à venir. « Il est tout à fait possible », écrivent-ils, « que des employés renoncent aujourd’hui à l’option du départ indemnisé et se retrouvent malgré tout licenciés ultérieurement, sans bénéficier du moindre avantage financier ».
L’annonce de la dilution de la participation d’Altice dans i24NEWS a pris de nombreux salariés de court. Jusqu’à présent, la chaîne était perçue comme relativement stable dans un paysage médiatique israélien pourtant marqué par des difficultés économiques persistantes. La réduction de l’engagement du propriétaire principal soulève désormais des questions sur la viabilité du modèle économique de la chaîne, son orientation stratégique et l’ampleur réelle des coupes budgétaires à venir.
La direction, de son côté, tente de rassurer. Dans ses déclarations officielles, elle affirme que la chaîne poursuivra ses activités et continuera à se développer, avec l’ambition de rester un acteur médiatique solide et influent. Toutefois, ces assurances n’ont pas suffi à apaiser les inquiétudes internes, tant l’expérience récente du secteur des médias en Israël montre que les restructurations s’accompagnent presque toujours de réductions d’effectifs significatives.
En toile de fond de cette crise interne se profile un scénario plus large, évoqué depuis plusieurs mois : la possibilité d’un rapprochement, voire d’une fusion, entre i24NEWS et la société de production d’informations de Channel 13 News, elle-même confrontée à de graves difficultés financières. Une telle opération pourrait permettre des économies d’échelle, mais elle poserait également de lourds problèmes réglementaires.
En effet, Patrick Drahi détient déjà des intérêts majeurs dans le secteur audiovisuel israélien via le groupe HOT, ce qui soulève la question de la concentration des médias et des règles de propriété croisée. En l’état actuel de la réglementation, un rapprochement entre i24NEWS et Channel 13 se heurterait à des obstacles juridiques importants. Cependant, ces freins pourraient être levés dans le cadre de la réforme du marché des médias actuellement promue par le ministre des Communications Shlomo Karhi, dont l’objectif affiché est d’assouplir les restrictions sur les détentions croisées.
Pour de nombreux employés, cette perspective alimente un sentiment de malaise. Une fusion pourrait entraîner des doublons massifs, notamment dans les rédactions, la production et les services techniques, et donc accélérer les suppressions de postes. Le message du comité des employés s’inscrit précisément dans cette logique : mieux vaut, selon eux, partir volontairement avec une compensation connue que de subir une décision unilatérale ultérieure.
Sur le plan syndical, la situation reste délicate. Le comité affirme maintenir un dialogue constant avec la direction, tout en reconnaissant que celle-ci n’a pas encore dévoilé l’ampleur exacte des changements envisagés. Cette absence de visibilité contribue à l’anxiété générale, dans un secteur déjà fragilisé par la baisse des revenus publicitaires, la concurrence des plateformes numériques et l’érosion de la confiance du public.
L’affaire i24NEWS illustre une tendance plus large qui touche l’ensemble du paysage médiatique israélien. Les chaînes d’information en continu, coûteuses à produire et soumises à une concurrence intense, peinent à maintenir un équilibre financier durable. Les propriétaires cherchent de plus en plus à réduire leur exposition, quitte à restructurer profondément les organisations qu’ils contrôlent.
Pour les salariés de la chaîne, la décision à prendre est lourde de conséquences. Accepter une indemnité immédiate signifie renoncer à un emploi dans un secteur déjà saturé. Refuser, c’est prendre le risque de perdre son poste sans compensation. Dans ce contexte, l’appel du comité des employés à la prudence reflète une réalité brutale : l’ère de la stabilité dans les médias israéliens semble plus fragile que jamais.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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