La menace iranienne continue de se préciser à mesure que les tensions entre Israël et la République islamique persistent. Derrière les déclarations politiques et la guerre de l’ombre, un chiffre cristallise aujourd’hui les inquiétudes des stratèges israéliens : le volume réel de missiles dont dispose encore Téhéran, et sa capacité à en produire massivement dans les mois et années à venir. Les évaluations récentes des services de renseignement permettent désormais de dresser un tableau plus clair, mais aussi plus alarmant, de l’arsenal iranien.
Au cœur de la puissance militaire iranienne se trouve un vaste éventail de missiles balistiques à moyenne et longue portée, conçus pour frapper des cibles éloignées, dont Israël. Parmi les modèles les plus connus figure le Shahab-3, avec une portée estimée à environ 1 300 kilomètres, capable d’emporter plusieurs centaines de kilos d’explosifs. À ses côtés, le Ghadr, dont la portée atteint environ 1 600 kilomètres, et l’Emad, qui pourrait dépasser les 2 000 kilomètres selon certaines évaluations. Les missiles de la famille Khorramshahr, dans leurs versions 1, 2 et 4, constituent l’un des piliers les plus inquiétants de cet arsenal, avec des portées estimées entre 2 000 et 3 000 kilomètres, mettant une grande partie du territoire israélien à portée directe depuis l’Iran.
D’autres vecteurs complètent ce dispositif : le Fattah-1, le Haj Qassem et le Kheibar, tous dotés de portées avoisinant les 1 400 kilomètres, ainsi que le Sejjil, un missile à propergol solide dont la portée pourrait atteindre 2 000 kilomètres. L’ensemble de ces systèmes offre à Téhéran une capacité de frappe diversifiée, combinant portée, charge militaire et trajectoires variables, ce qui complique considérablement la tâche des systèmes de défense adverses.
Lors du récent affrontement direct entre Israël et l’Iran, souvent désigné comme la « guerre des 12 jours », l’ampleur de cette menace s’est matérialisée de façon concrète. Selon les données disponibles, l’Iran a lancé 528 missiles vers Israël. Une partie significative de ces projectiles, ainsi que plusieurs lanceurs, ont été détruits soit par des frappes préventives, soit par les systèmes de défense aérienne. À l’issue de ces combats, les estimations indiquent qu’il resterait aujourd’hui environ 1 000 missiles balistiques opérationnels dans les stocks iraniens. Un chiffre déjà élevé, mais qui doit être mis en perspective avec l’objectif affiché par Téhéran : constituer à terme un arsenal d’environ 8 000 missiles balistiques.
La menace ne se limite pas aux missiles balistiques. L’Iran dispose également d’un ensemble de missiles de croisière de haute précision, souvent décrits comme des plateformes proches de drones, dotées de capacités de navigation avancées. Des rapports de l’Institute for National Security Studies font état de plusieurs systèmes majeurs : le Soumar, avec une portée pouvant atteindre 2 000 kilomètres et une charge militaire d’environ 410 kilogrammes ; le Hoveyzeh, capable de frapper à 1 350 kilomètres ; l’Abu Mahdi, avec une portée estimée à 1 000 kilomètres ; le Paveh, autour de 1 650 kilomètres ; et le Ya Ali, plus court rayon d’action, mais toujours redoutable, avec environ 700 kilomètres de portée. Ces missiles, volant à basse altitude, posent un défi particulier aux radars et aux systèmes d’alerte précoce.
Pour Israël, l’un des aspects les plus critiques de cette menace réside dans le facteur temps. Un missile balistique tiré depuis l’Iran mettrait en moyenne une douzaine de minutes pour atteindre le territoire israélien. Ce laps de temps extrêmement réduit impose une réactivité maximale, tant au niveau des systèmes de détection que de la prise de décision politique et militaire, ainsi que de la protection de la population civile.
Face à cet arsenal, Israël déploie un système de défense antimissile parmi les plus avancés au monde, structuré en plusieurs couches complémentaires. La première ligne est assurée par Arrow 3, conçu pour intercepter les missiles balistiques en dehors de l’atmosphère, à des distances pouvant dépasser 2 000 kilomètres. Viennent ensuite Arrow 2 et le système américain THAAD, intégrés pour intercepter les menaces à des altitudes et des phases de vol différentes. À moyenne portée, David’s Sling complète le dispositif, tandis que Iron Dome ferme la boucle pour les menaces plus proches. Lors du dernier affrontement avec l’Iran, Iron Dome a été utilisé principalement pour intercepter de gros débris issus des interceptions en altitude, plutôt que des missiles balistiques eux-mêmes.
Au-delà des chiffres bruts, la réalité stratégique est claire : même affaibli par les interceptions et les frappes ciblées, l’arsenal iranien demeure considérable, et surtout, il est appelé à croître rapidement. La combinaison d’un stock existant, d’une capacité industrielle active et d’une doctrine assumée de saturation des défenses adverses fait de la menace balistique iranienne l’un des défis sécuritaires majeurs auxquels Israël est confronté aujourd’hui. Pour les décideurs israéliens, la question n’est donc plus seulement de savoir combien de missiles l’Iran possède actuellement, mais combien il sera capable d’aligner lors du prochain affrontement – et à quelle vitesse.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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