Nous n’avions jamais entendu de telles déclarations de la part de Netanyahu concernant Ben Gvir et Smotrich auparavant.

Une révélation politique majeure secoue la scène israélienne et la relation entre Jérusalem et une partie influente du judaïsme américain. Selon un témoignage rendu public ces derniers jours, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu aurait reconnu en privé, dès juillet 2023, que la nomination d’Itamar Ben Gvir au poste de ministre de la Sécurité nationale et de Bezalel Smotrich au ministère des Finances constituait une « erreur », allant jusqu’à promettre : « Je corrigerai cela ». Une déclaration d’une rare franchise, totalement en décalage avec la défense publique et constante de ces deux ministres par Netanyahou depuis leur entrée au gouvernement.

Ces propos auraient été tenus lors d’une rencontre confidentielle organisée en juillet 2023 dans le bureau du Premier ministre à Jérusalem, entre Netanyahou et Abraham Foxman, figure historique du judaïsme américain et ancien directeur national de l’Anti-Defamation League, organisation qu’il a dirigée pendant près de trois décennies, de 1987 à 2015. L’existence de cet échange n’a été révélée que récemment, à l’occasion de la publication de l’ouvrage A Shattered World: Jews and Israel After October 7, un recueil d’analyses consacré aux bouleversements provoqués par la guerre et à leurs conséquences sur l’avenir du peuple juif et de l’État d’Israël.

Dans ce livre, figure la retranscription d’un entretien mené au printemps dernier avec Foxman par le professeur Gilbert Kahn, de l’université Kean, l’un des éditeurs de l’ouvrage, aux côtés du chercheur et historien de la Shoah Michael Berenbaum. Foxman y décrit une rencontre longue, d’environ une heure et demie, initiée par Netanyahou lui-même, qui aurait explicitement demandé à son interlocuteur de « parler avec franchise ». Selon l’ancien dirigeant de l’ADL, il n’a pas hésité à interpeller directement le Premier ministre sur les raisons qui l’avaient poussé à confier des portefeuilles aussi sensibles à Ben Gvir et Smotrich, estimant qu’il aurait pu se contenter de leur attribuer des fonctions moins centrales.

La réponse de Netanyahou, telle que rapportée par Foxman, aurait été sans détour. « Il m’a dit : “J’ai fait une erreur. C’est tout. Je vais corriger cela. Tu verras” », raconte-t-il. Foxman affirme lui avoir alors adressé des paroles extrêmement dures, inhabituelles dans ce type d’échange diplomatique : « Bibi, je te connais depuis de nombreuses années. Tu n’es pas raciste. Mais aujourd’hui, tu l’es, parce que tu enlaces deux racistes dans ton gouvernement. Tu ne les mets pas au défi, tu ne les critiques pas ». Toujours selon ce témoignage, Netanyahou aurait mis fin au débat par une formule lapidaire : « Abe, je vais corriger cela. La discussion est terminée. J’ai eu tort ».

Foxman conclut le récit de cette conversation par une réponse tout aussi sèche : « J’attends ». Une attente qui, plus de dix-sept mois plus tard, demeure entière aux yeux de nombreux observateurs, tant le chef du gouvernement israélien n’a cessé, depuis, de défendre publiquement ses alliés d’extrême droite, y compris face aux critiques internationales les plus virulentes.

Dans un entretien téléphonique accordé la semaine dernière, Foxman a confirmé l’authenticité de la retranscription publiée dans le livre et a ajouté qu’un autre acteur clé de la diplomatie israélienne était présent durant une partie de la réunion : Ron Dermer, ancien ambassadeur d’Israël aux États-Unis et l’un des plus proches conseillers de Netanyahou. Ni le bureau du Premier ministre ni Dermer n’ont, à ce stade, souhaité commenter ces révélations.

Cette affaire jette une lumière crue sur le décalage entre le discours privé et la ligne publique du chef du gouvernement, à un moment où la composition de sa coalition continue d’alimenter de profondes tensions, tant au sein de la société israélienne que dans les relations avec la diaspora juive et les partenaires occidentaux d’Israël. Elle soulève également une question politique centrale : s’agissait-il, en juillet 2023, d’un simple aveu tactique destiné à rassurer un interlocuteur influent, ou de la confession sincère d’un Premier ministre conscient des risques majeurs que ces nominations faisaient peser sur l’image et la cohésion de l’État d’Israël.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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