Un citoyen israélien de Rishon LeZion a été arrêté puis inculpé pour espionnage au profit de l’Iran, dans une affaire que les services de sécurité qualifient de particulièrement grave et révélatrice de l’intensification des opérations iraniennes contre Israël depuis le début de la guerre. Selon une annonce conjointe du Shin Bet et de la police israélienne, le suspect, âgé de 40 ans, a agi sous la direction directe d’agents du renseignement iranien et a notamment réalisé des missions de surveillance à proximité du domicile de l’ancien Premier ministre Naftali Bennett à Raanana. Il s’agit de la 35ᵉ affaire d’espionnage iranien révélée depuis le début du conflit, un chiffre qui, à lui seul, illustre l’ampleur de la menace.
D’après l’acte d’accusation déposé ce jeudi devant le tribunal de district du centre d’Israël, le suspect, Vadim Koupriyanov, a été interpellé le mois dernier à l’issue d’une opération conjointe des forces de sécurité. Les chefs d’inculpation retenus contre lui portent sur des contacts avec un agent étranger et des faits de renseignement au profit d’une puissance ennemie. L’enquête a établi qu’il avait pleinement conscience de l’identité iranienne de son interlocuteur, mais qu’il a néanmoins poursuivi sa collaboration en échange de paiements financiers.
Les premiers contacts entre Koupriyanov et son recruteur iranien remontent à environ deux mois. Le lien aurait été établi via un groupe Telegram, dans lequel l’agent iranien se présentait comme un responsable à la recherche d’Israéliens pour un prétendu projet de marketing rémunéré. Très rapidement, les échanges ont évolué vers des missions de terrain. Au cours du mois de novembre, le suspect a reçu plusieurs consignes précises, pour lesquelles il a été payé via PayPal, selon les éléments versés au dossier par le parquet.
Parmi les missions qui lui ont été confiées figuraient la photographie et la vidéo de centres commerciaux dans le centre du pays, la documentation du processus d’achat de cartes SIM destinées à des touristes, ainsi que d’autres tâches de repérage. Les enquêteurs soulignent que, lorsqu’il n’était pas en mesure d’exécuter certaines instructions à la lettre, le suspect a fait preuve d’initiative en proposant et en réalisant des alternatives, démontrant ainsi un engagement actif dans la mission qui lui était confiée.
L’un des épisodes les plus sensibles concerne la surveillance du domicile de l’ancien Premier ministre. Selon l’acte d’accusation, l’agent iranien a demandé à Koupriyanov d’acquérir une caméra embarquée capable de filmer en continu pendant 24 heures, puis de se rendre dans la rue où réside Naftali Bennett, d’y stationner son véhicule et de quitter les lieux. Le suspect s’est rendu à Raanana avec la caméra en fonctionnement et diffusant en direct. Ne parvenant pas à trouver de place de stationnement, il a effectué plusieurs allers-retours dans la rue avant de rentrer chez lui. Il a ensuite transmis à son contact iranien cinq vidéos distinctes montrant la rue ainsi que l’entrée de la résidence de l’ancien chef du gouvernement.
L’enquête révèle également que, parallèlement aux missions qui lui étaient officiellement attribuées, Koupriyanov a cherché à accroître ses revenus en proposant d’exécuter des tâches supplémentaires. Pour ce faire, il a utilisé, avec l’accord de sa compagne, le compte Telegram de cette dernière, se faisant passer pour elle afin de multiplier les échanges avec l’agent iranien et obtenir des paiements additionnels. Ce stratagème est présenté par le parquet comme un élément aggravant démontrant la préméditation et la persistance de son comportement.
Dans la requête de placement en détention jusqu’à la fin de la procédure, le parquet insiste sur le fait que l’accusé savait pertinemment qu’il transmettait des informations sensibles à un agent iranien et qu’il a néanmoins accepté de fournir des éléments concernant la sécurité et l’environnement immédiat de Naftali Bennett. L’ancien Premier ministre a réagi à l’annonce de l’arrestation en déclarant que « les efforts de l’Iran pour me nuire ne m’arrêteront pas dans la mission de ma vie », un message destiné à souligner sa détermination face aux tentatives d’intimidation.
Ce dossier s’inscrit dans une série continue d’opérations iraniennes visant l’ancien chef du gouvernement. La semaine dernière encore, un groupe de hackers iraniens connu sous le nom de « Handala » est parvenu à pirater le compte Telegram de Bennett. Plus tôt cette année, en mai, les forces de sécurité avaient arrêté un habitant de Yavné âgé de 18 ans, également recruté par des agents iraniens, qui avait été chargé de filmer l’hôpital Meir de Kfar Saba alors que Bennett y était hospitalisé, allant jusqu’à documenter l’étage où il se trouvait et les dispositifs de sécurité en place.
Cette nouvelle affaire met en lumière la stratégie persistante de l’Iran consistant à exploiter des citoyens israéliens, souvent via des plateformes numériques et des prétextes financiers, pour collecter des renseignements sensibles. Pour les services de sécurité, elle constitue un avertissement clair sur les dangers des contacts en ligne non vérifiés et sur la nécessité d’une vigilance accrue face aux tentatives de recrutement ennemies, à un moment où la pression sécuritaire sur Israël demeure à un niveau exceptionnellement élevé.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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