Le président Trump sur la reconnaissance israélienne : « Quelqu’un sait ce que c’est que le Somaliland ? »

Le président des États-Unis Donald Trump a réagi avec une ironie assumée à la décision d’Israël de reconnaître officiellement le Somaliland, territoire séparatiste situé au nord de la Somalie. Dans un entretien accordé au New York Post, Trump a indiqué qu’il examinerait la démarche israélienne, tout en soulignant qu’il n’était pas particulièrement enthousiaste à l’idée, à ce stade, d’intégrer le Somaliland aux Accords d’Abraham. « Quelqu’un sait ce que c’est que le Somaliland ? », a-t-il lancé, illustrant son scepticisme quant à la portée stratégique immédiate de cette reconnaissance.

Cette déclaration intervient après l’annonce officielle selon laquelle Israël est devenu le premier pays au monde à reconnaître formellement l’indépendance du Somaliland vis-à-vis de la Somalie. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a confirmé avoir informé Trump de cette décision et a exprimé son intention d’aborder le sujet lors de leur rencontre prévue à Washington. Selon des sources gouvernementales israéliennes, cette reconnaissance s’inscrit dans une vision stratégique plus large visant à renforcer la présence d’Israël dans des zones clés de la Corne de l’Afrique.

Interrogé sur sa position personnelle, Trump a tempéré les attentes. Il a indiqué que le dossier était « à l’étude », mais a clairement fait comprendre que la priorité de son agenda diplomatique restait ailleurs. Selon lui, la réunion avec Netanyahu devait se concentrer principalement sur la situation à Gaza, dossier dans lequel il affirme avoir joué un rôle central lors de la mise en place du cessez-le-feu d’octobre dernier. Trump préside actuellement un conseil de paix, approuvé par les Nations unies, chargé de superviser la mise en œuvre de l’accord et les efforts de reconstruction dans la bande de Gaza.

Le Somaliland, ancien protectorat britannique, a proclamé unilatéralement son indépendance en 1991, à la suite de l’effondrement de l’État somalien. Depuis lors, il fonctionne de facto comme une entité autonome, dotée de ses propres institutions politiques, d’un système électoral relativement stable et de transitions de pouvoir pacifiques. Cette stabilité contraste fortement avec la situation en Somalie, marquée depuis des décennies par des conflits armés, une instabilité chronique et la présence de groupes terroristes.

Malgré ces caractéristiques, le Somaliland n’a jusqu’à présent jamais obtenu de reconnaissance internationale formelle, en raison notamment de l’attachement de la communauté internationale au principe de l’intégrité territoriale de la Somalie. La décision israélienne rompt donc avec une ligne diplomatique largement partagée et pourrait créer un précédent aux conséquences régionales non négligeables.

Du côté israélien, les partisans de la reconnaissance mettent en avant plusieurs arguments stratégiques. Le Somaliland est situé à proximité du détroit de Bab el-Mandeb, un passage maritime crucial reliant la mer Rouge à l’océan Indien, par lequel transite une part importante du commerce mondial. Dans un contexte de tensions accrues en mer Rouge et de menaces pesant sur la liberté de navigation, un partenariat avec le Somaliland pourrait offrir à Israël des avantages géopolitiques et sécuritaires significatifs.

Le président du Somaliland, Abdirahman Mohamed Abdullahi, a salué la décision israélienne comme « historique » et a exprimé son souhait de rejoindre à terme les Accords d’Abraham. Il a également évoqué la possibilité de mettre à disposition des États-Unis et de leurs alliés un territoire destiné à l’établissement d’une base navale dans la région. Trump, interrogé sur cette proposition, a répondu de manière laconique : « Big deal », avant d’ajouter que toutes les options restaient sur la table et faisaient l’objet d’un examen approfondi.

La reconnaissance israélienne a toutefois suscité de vives réactions sur la scène internationale. Des pays comme l’Égypte et la Turquie ont exprimé leur opposition, craignant une déstabilisation supplémentaire de la région et un affaiblissement de la Somalie. Aux États-Unis, certaines voix critiques se sont également élevées, notamment au Congrès, mettant en garde contre les implications diplomatiques d’un tel précédent.

Trump lui-même a rappelé que la question du Somaliland était « complexe » et a souligné que, s’il envisageait toutes les options, il n’entendait pas précipiter une décision. « Je regarde beaucoup de choses, et en général je prends d’excellentes décisions », a-t-il conclu, fidèle à son style caractéristique.

À ce stade, il apparaît que Washington préfère temporiser, laissant Israël assumer seul les conséquences immédiates de sa décision. Pour les analystes, l’attitude prudente de Trump reflète un calcul stratégique visant à éviter l’ouverture d’un nouveau front diplomatique, alors que les États-Unis sont déjà fortement engagés sur les dossiers de Gaza, de l’Iran et de la sécurité régionale.

La reconnaissance du Somaliland par Israël pourrait néanmoins marquer un tournant, en testant la capacité de ce territoire à obtenir une légitimité internationale progressive. Reste à savoir si d’autres pays suivront l’exemple israélien ou si cette initiative restera, pour l’instant, un geste isolé aux répercussions encore incertaines.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés

Publicité & Partenariats – Infos-Israel.News

📢Voir nos formats & tarifs publicitaires📢