Le président iranien : « Nous sommes en état de guerre totale avec Israël et les États-Unis »

Le président iranien Massoud Pezeshkian a déclaré samedi que l’Iran se trouvait désormais dans une situation de « guerre totale » face aux États-Unis, à Israël et, fait notable, à l’Europe. Ces propos marquent une escalade rhétorique significative de la part de Téhéran et reflètent la dégradation accélérée de l’environnement stratégique autour de la République islamique. Selon Pezeshkian, les pressions militaires, économiques et diplomatiques exercées sur l’Iran visent à empêcher le pays de « se tenir debout » et de consolider sa puissance régionale.

S’exprimant dans un contexte de tensions accrues, le président iranien a affirmé que la situation actuelle était, selon lui, « pire que la guerre menée par l’Irak contre l’Iran », faisant référence au conflit dévastateur des années 1980. Il a averti que toute attaque contre l’Iran entraînerait une réponse « encore plus dure » de la part de Téhéran, soulignant que la capacité militaire iranienne s’est renforcée depuis les précédents affrontements. « Si l’on nous attaque, la riposte sera inévitablement plus sévère », a-t-il martelé.

Iran’s President Masoud Pezeshkian attends a press conference in Tehran, Iran, September 16, 2024. WANA (West Asia News Agency)/Majid Asgaripour via REUTERS

Pezeshkian a également accusé les puissances occidentales d’espérer un effondrement interne de l’Iran afin de justifier une intervention extérieure. Selon lui, les adversaires de la République islamique misent sur des troubles internes, économiques ou sociaux, pour affaiblir le régime de l’intérieur. Cette lecture s’inscrit dans le discours traditionnel du pouvoir iranien, qui présente les protestations et les crises internes comme le fruit de complots étrangers.

L’un des éléments nouveaux de cette déclaration réside dans l’inclusion explicite de l’Europe parmi les ennemis déclarés. Jusqu’à récemment, les pays européens étaient perçus par Téhéran comme des interlocuteurs potentiels, notamment dans le cadre des négociations autour du dossier nucléaire. Toutefois, la décision récente des puissances européennes d’activer des mécanismes de sanctions onusiennes, notamment via le mécanisme dit de « snapback », a profondément modifié la perception iranienne. Pour Pezeshkian, l’Europe a désormais rejoint le camp des adversaires directs.

Concernant les États-Unis, le président iranien a réaffirmé sa volonté d’aboutir à un accord sur le nucléaire afin d’alléger les sanctions économiques qui pèsent lourdement sur la population iranienne. Toutefois, cette position se heurte à celle du guide suprême, Ali Khamenei, qui a pratiquement fermé la porte à toute reprise sérieuse des négociations après les frappes américaines sur des installations nucléaires iraniennes au mois de juin. La ligne dominante à Téhéran reste celle de la méfiance absolue à l’égard de Washington.

Sur le plan militaire, les inquiétudes se concentrent sur le programme balistique iranien. Des informations récentes publiées dans la presse économique américaine indiquent qu’Israël observe une accélération notable des efforts iraniens pour restaurer et augmenter sa capacité de production de missiles balistiques. Selon ces évaluations, si l’Iran parvient à remettre ses installations à pleine capacité, il pourrait produire plusieurs centaines de missiles par mois, renforçant considérablement son arsenal stratégique.

L’Iran dispose déjà d’un large éventail de missiles balistiques, couvrant des portées allant de plus de 1 000 kilomètres à près de 3 000 kilomètres. Ces capacités placent non seulement Israël, mais aussi des bases américaines et des cibles européennes potentielles, dans le rayon d’action de Téhéran. À cela s’ajoute un arsenal de missiles de croisière et de drones armés, présentés par les autorités iraniennes comme des instruments de précision capables de frapper des cibles stratégiques.

Ces déclarations interviennent à la veille d’une rencontre prévue entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le président américain Donald Trump à Washington. Selon des sources israéliennes, la question iranienne, et en particulier le rythme de développement des capacités balistiques et la possibilité d’une nouvelle action militaire, devraient figurer en bonne place à l’ordre du jour. Toutefois, il reste incertain dans quelle mesure l’administration américaine serait disposée à soutenir ou à tolérer de nouvelles frappes, dans un contexte où Washington affirme vouloir préserver une certaine stabilité régionale.

Du point de vue iranien, le discours de Pezeshkian vise autant l’extérieur que l’intérieur. À l’international, il cherche à dissuader toute action militaire en soulignant le coût élevé d’une confrontation directe. Sur le plan intérieur, il s’agit de renforcer le sentiment d’encerclement et de mobiliser la population autour du régime, en présentant l’Iran comme une forteresse assiégée mais résiliente.

Les observateurs notent toutefois un contraste entre la rhétorique martiale et la réalité des défis auxquels l’Iran est confronté. L’économie est fragilisée par les sanctions, l’inflation reste élevée et le mécontentement social persiste. Dans ce contexte, l’escalade verbale pourrait également servir à détourner l’attention des difficultés internes, en recentrant le débat sur la menace extérieure.

Quoi qu’il en soit, les propos du président iranien confirment une détérioration rapide du climat régional. En se déclarant en « guerre totale » contre Israël, les États-Unis et l’Europe, Téhéran envoie un message clair : la phase actuelle n’est plus celle de la diplomatie prudente, mais celle d’une confrontation globale, où la dissuasion militaire et la démonstration de force occupent une place centrale.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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