Le géant israélien frappe durement : 800 employés seront licenciés immédiatement

FILE PHOTO: The City of London financial district can be seen as people walk along the south side of the River Thames, amid the coronavirus disease (COVID-19) outbreak in London, Britain, March 19, 2021. REUTERS/Henry Nicholls

Derrière les titres flatteurs annonçant la vente de la société israélienne Sapiens pour 2,5 milliards de dollars au fonds d’investissement américain Advent se cache une réalité bien plus douloureuse pour les employés. À peine dix jours après la finalisation de la plus grande transaction de l’histoire de l’entreprise, la direction a annoncé l’ouverture d’un vaste processus de « transformation » qui entraînera le licenciement immédiat de 700 à 800 salariés, soit environ 15 % des effectifs totaux.

Sapiens, entreprise de logiciels spécialisée dans les solutions pour le secteur de l’assurance, emploie actuellement environ 5 400 personnes dans le monde. La décision de réduire brutalement la masse salariale intervient dans le cadre d’une réorganisation stratégique menée par les nouveaux propriétaires, qui entendent remodeler l’entreprise selon des critères de rentabilité et d’efficacité opérationnelle plus stricts.

Selon les informations publiées, les licenciements devraient intervenir dès le mois de janvier. Pour de nombreux employés, l’annonce a été vécue comme un choc, d’autant plus qu’elle survient immédiatement après une opération financière présentée publiquement comme un succès majeur pour l’industrie technologique israélienne. Alors que la vente de Sapiens était perçue comme une réussite stratégique, elle marque désormais le début d’une période d’incertitude et d’instabilité pour une partie significative de ses salariés.

Dans le cadre de cette restructuration, la direction israélienne historique de Sapiens a été entièrement remplacée par des représentants du fonds Advent. Le siège de l’entreprise doit être transféré à Londres, symbolisant un déplacement du centre de gravité de la société hors d’Israël. Les cadres israéliens qui ont dirigé Sapiens pendant des années ont été relégués à l’arrière-plan ou ont quitté leurs fonctions.

Le directeur général emblématique de l’entreprise, Roni Al-Dor, qui a dirigé Sapiens pendant près de vingt ans, restera officiellement en poste seulement jusqu’à la fin du mois de décembre. Les autres membres de la direction ont déjà quitté leurs fonctions. Ce changement brutal de gouvernance alimente un sentiment de frustration parmi les employés, qui ont le sentiment que la culture d’entreprise israélienne est sacrifiée au profit d’une logique purement financière.

La stratégie affichée par les nouveaux propriétaires est claire : transformer Sapiens en une entreprise plus « légère », concentrée sur les produits les plus rentables. Cela implique une réduction significative des activités de services, jugées moins profitables, et une accélération du passage à un modèle de logiciel en tant que service (SaaS) basé sur le cloud. Cette évolution est présentée comme nécessaire pour renforcer la compétitivité de l’entreprise sur le marché mondial.

Toutefois, cette orientation suscite des inquiétudes internes. Les employés redoutent non seulement les licenciements immédiats, mais aussi une dégradation des conditions de travail et une pression accrue sur les équipes restantes. La colère est d’autant plus vive que, selon plusieurs témoignages, la transaction n’a pas été accompagnée de primes de rétention significatives ou de compensations exceptionnelles, contrairement à ce qui est souvent observé lors de ventes majeures dans le secteur de la high-tech.

La situation est d’autant plus paradoxale que les performances financières récentes de Sapiens ne laissaient pas présager une telle vague de licenciements. Au deuxième trimestre 2025, l’entreprise a enregistré une croissance de ses revenus d’environ 3,5 %, atteignant 141,6 millions de dollars, contre 136,8 millions de dollars à la même période l’année précédente. Le résultat opérationnel s’est élevé à 23,1 millions de dollars, avec une marge de 16,3 %.

Le bénéfice net attribuable aux actionnaires s’est établi à 19,3 millions de dollars, soit 0,34 dollar par action, contre 21 millions de dollars un an plus tôt. Bien que certains indicateurs montrent un léger recul de la rentabilité, l’entreprise demeure globalement profitable, ce qui rend la décision de procéder à des licenciements massifs encore plus difficile à accepter pour les salariés.

Dans un communiqué officiel, Sapiens a déclaré que la réorganisation vise à préparer l’entreprise à l’horizon 2026, en mettant l’accent sur la croissance, l’innovation, l’autonomisation des employés et la rigueur opérationnelle. La direction affirme vouloir devenir une organisation plus agile et plus simple, capable d’apporter une valeur maximale à ses clients et de consolider sa position de leader mondial.

Malgré ces assurances, l’annonce a ravivé un débat plus large sur les effets des acquisitions par des fonds d’investissement étrangers dans le secteur technologique israélien. Pour de nombreux observateurs, le cas de Sapiens illustre la tension entre réussite financière, attractivité pour les investisseurs internationaux et préservation de l’emploi local.

Pour les centaines d’employés concernés, la réussite de la transaction se traduit aujourd’hui par une réalité amère : la perte imminente de leur emploi, dans un contexte économique mondial déjà incertain. La « success story » de Sapiens s’accompagne ainsi d’un coût humain élevé, qui continue de faire réagir bien au-delà du seul secteur de la high-tech.

 


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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