Ainsi que nous le savons, la Torah est La Vérité… En hébreu  (תורת אמת– Torath Émèth : Torah de Vérité !). Nos Sages nous enseignent aussi que, si l’on retire la plus petite chose à la Vérité (le Aleph – א– représente le chiffre 1 mais aussi l’Unité de Hachem), celle-ci disparaît car le « Émèth – אמת » se métamorphose en « Mèth – מת »… ce qui signifie « Mort ».

 

C’est à cette métamorphose que j’ai assisté, ce dimanche 20 avril, lors de l’émission H’adech yaménou sur Radio Judaïca (Belgique). Sous les auspices de Floriane Chinsky, « rabbine » (?)  massorti, cette diffusion – généralement très bien faite – est souvent pleine d’enseignements pas trop éloignés du judaïsme « orthodoxe » (Bien que, pour ma part, je préfère l’Original à la copie !) et il faut reconnaître que, faute de cet ersatz galouthique, nombre d’entre nous oublieraient jusqu’aux plus simples Mitzvoth. Pourtant, cette fois, à l’occasion de la Paracha Qedochim, comprenant la célèbre phrase « Aime ton prochain comme toi-même » (Vaykra/Lévitique XIX, 18), le présentateur s’est « égaré ». Versant dans un « humanisme » plus proche du christianisme théorique (« Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre  »… « théorique », ai-je précisé !) que de la Halakha – sans doute pour nous faire bien voir des non-Juifs à l’écoute (L’ennui étant que cela embrouille la majorité des auditeurs qui sont Juifs !) – un commentaire d’un des plus grands penseurs du Judaïsme contemporain, le Rav Léon Askénazi, זצ »ל, mieux connu sous le surnom de Manitou, fut apporté à l’appui d’une démonstration selon laquelle nous devrions « aimer tout le monde ». Je cite le passage en question (« Leçon sur la Torah », Paracha « Qedochim » – Léon Askénazi – Coll. « Spiritualités vivantes » par Albin Michel – Format de poche 2007) :

 

« L’un des versets les plus connus de la loi de Moïse et sans doute aussi l’un des plus cités, bien que de façon souvent tronquée, se trouve dans notre paracha :

(יח , ויקרא יט) ‘ לא תקם ולא תטר את בני עמך ואהבת לרעך כמוך אני ה

(« Lo tikom vélo titor èt bné amèkha, vé haavta léréhakha kamokha : Ani Hachem »)

Ne te venge, ni ne garde rancune aux enfants de ton peuple, mais aime ton prochain comme toi-même : Je suis l’E-ternel (Lévitique XIX, 18)

On a souvent reproché à la Torah un  “chauvinismede l’amour du prochain. Le contexte du verset clarifie les choses :il s’agit bien là du prochain, entendu comme membre des enfants de ton peuple”. On oublie cependant que le même chapitre comporte explicitement le commandement d’amour de l’étranger (Lévitique XIX, 33-34) :

Si un étranger vient séjourner avec toi, dans votre pays, ne le molestez point. Il sera pour vous comme un de vos compatriotes, l’étranger qui séjourne avec vous, et tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers dans le pays d’Egypte.

Il est étrange que cette proximité des deux commandements corollaires ait échappé à plus d’un. C’est pourquoi, bien des Juifs, soucieux d’une vertu humaniste et universaliste qui risquerait de leur être contestée, s’ingénient à modifier le sens du motprochainà l’aide d’exégèses appropriées et fallacieuses. Il n’est d’autre vérité que la vérité elle-même. La Torah désigne ici deux catégories de l’autre que soi, deux situations différentes de l’altérité : le prochainetl’étranger qui séjourne chez toi et par là se trouve être proche. Qu’il soit nécessaire de formuler l’obligation explicite de l’amour de l’étranger ne pose pas de problème particulier. L’étonnement consiste plutôt à se rendre compte que la Torah a jugé nécessaire d’ordonner l’amour du prochain dans le sens simple du terme. »

 

J’entends déjà d’ici tous les pacifistes bêlants de notre peuple se gargariser de l’eau apportée à leur moulin par « la Torah » et nous affirmer sans rire que celle-ci nous ordonne « d’aimer les (dits) Palestiniens » ! L’ennui est que le commentaire de Manitou a été tronqué à l’antenne et c’est là que diffuser de tels « enseignements » – où la Vérité n’est que partielle – est très grave. Car que dit la suite du commentaire ?

 

« L’amour de l’étranger. Il s’agit de celui qui se connaît et se reconnaît comme tel. La motivation donnée par le verset en fait foi :  Car vous avez été étrangers dans le pays d’Egypte. Souvent, cependant, les Juifs semblent être victimes d’une hypertrophie théorique de la vertu et réclament d’étendre un tel débordement d’amour, sans réciprocité aucune, à l’étranger qui ne se reconnaît pas comme tel ! Bien plus – et nous vivons de telles situations aujourd’hui – des étrangers se prétendent être les vrais possesseurs de notre pays et, nous désignant comme des intrus, se trouvent investis théoriquement de la protection d’amour ordonnée par la Torah. Il faut le dire clairement : cette torsion de la conscience morale, lourde de tendances suicidaires, est d’origine galouthique. A force de nous être crus – en toute bonne foi – chez nous alors que nous étions à l’étranger, nous avons tendance parfois à accorder dangereusement cette même bonne foi à ceux qui, sans détours, se proclament souvent nos ennemis et le prouvent par leurs actes. (Bien entendu, toute généralisation est interdite surtout dans les cas ambigus : d’où la nécessité qui fait loi absolue d’une lucidité entière du diagnostic juridique. La loi israélienne fait preuve à ce sujet de la plus grande honnêteté connue, et il faut le proclamer et s’en féliciter.) Y aurait-il le contrecoup de justice immanente d’une perpétuation dangereuse de la mentalité juive d’exil ? Tout porte à le croire. Encore une fois, il n’est de vérité que la vérité même, et la Torah est une loi qui ne supporte aucune tromperie. Elle commande l’amour de l’étranger, les mots ayant leur sens simple.

Une catégorie particulière de l’étranger est celle du guèr tsédèq. On traduit généralement cette expression par prosélyte de justiceou converti. C’est une traduction acceptable à condition de l’entendre par conversion à l’identité juive, implications religieuses comprises. En ce cas, le commandement d’amour de l’étranger prend une dimension supplémentaire. Le texte suivant en fait foi (Méguila 17b. Voir aussi Yérouchalmi, Bikourim 3, § 1) :  On enseigne : On inclut dans la prière le guèr tsédèq avec les Justes – Tsaddiqimcar il est dit (Lévitique XIX, 32) : Honore la personne du vieillard –  zaqèn” – et ensuite : Et si un étranger vient séjourner avec toi. »

 

Contrairement à ce que laissait supposer l’émission de H’adech yaménou, notre Torah est donc claire : nous n’avons pour obligation d’aimer « l’étranger » en Eretz Israël QUE « s’il se connaît et se reconnaît comme tel ». D’ailleurs, c’est l’une des conditions pour qu’il puisse y résider… comme le souligne le Rambam (Hilh’ot Avoda Zara X, 6) qui stipule que lorsque la Terre d’Israël est sous domination juive, il nous est interdit de laisser des non-juifs l’habiter tant qu’ils n’ont pas le statut de Guèr tochav, c’est-à-dire tant qu’ils n’ont pas accepté : 1) de vivre sous domination juive ; 2) de respecter les sept lois noah’ides* devant un tribunal juif. Ayant atteint un niveau de moralité suffisante pour être acceptés par la Terre Sainte, ces résidents étrangers, qui décident de vivre sous domination juive et de respecter ces lois, seront alors considérés avec tout le respect qui leur est dû et recevront la protection ainsi que des droits sociaux !

 

Les Arabes ne répondant pas à ces conditions (Ceux prêts à y répondre sont les bienvenus sur NOTRE terre !) n’ont donc pas leur place en Eretz Israël et, la Torah nous ordonnant « S’il veut te tuer, prends les devants pour le tuer ! » (Sanhédrin 72a), non seulement nous ne devons pas les aimer, mais nous devons également les combattre.

 

Comme disent nos Sages : « Il est écrit : Aime ton prochain COMME toi-même… pas PLUS que toi-même ! »

 

Par Yéh’ezkel Ben Avraham pour Alyaexpress-News

 

* Ces sept lois sont, rappelons-le : l’interdit du meurtre, de l’idolâtrie et des unions interdites, du blasphème, du vol, de manger du membre d’un animal vivant et l’obligation de mettre en place des tribunaux.

 

 

 

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