Étudier la soudaine indépendance, la nouvelle souveraineté d’Israël, alors que les nuages de l’inconsistance et de la faiblesse de l’esprit s’amoncellent autour de nous, reste une priorité pour tous les sages et les réfléchis.
« Tu es toute belle, mon amour, et tu es sans défaut. » (shir ashirim 4,7)
L’amant se déclare à sa bien-aimée.
Cette confidence est assez singulière, elle semble être une ritournelle n’ajoutant aucune autre information à la première assertion. Si l’amoureux affirme que sa bien-aimée est toute belle, pourquoi donc ajouter qu’elle soit sans défaut.
L’exégèse biblique reconnait cette difficulté, et s’y consacre sérieusement. Le Rav Kook commente ce verset et précise que ce dernier nous enseigne la bonne manière d’être critique.
Car selon lui le fondement de toute critique doit principalement reposer sur cette appréciation : « Vous êtes toute belle, mon amour. » Si l’on appréhende cela, il est alors possible d’offrir des critiques, même parmi les plus sévères, sans que cela devienne pour autant insupportable.
Toutefois, si l’intention provenait d’un cœur haineux et acerbe, si ces paroles ne procédaient pas d’un cœur empli de « Et tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19,18), comment de tels propos pourraient-ils être acceptés? Un scélérat flatté d’amour vrai est beaucoup plus prompt à reconnaître ses torts et à souffrir le blâme lorsqu’il se ressent être le bien aimé.
Dans les mots du Rav Kook: « Vous êtes toute belle, mon amour, nulle tache en vous. » Le plus grand amour avec lequel nous aimons notre Nation ne doit pas nous aveugler et nous empêcher de lui reprocher ses défauts. Cependant, même après la plus libre et la plus effrénée des critiques, nous déclarons son essence: «Vous êtes toute belle, mon amour, aucun défaut en vous. (Olat Re’iyah , Shir ha- Shirim)
La foi n’est pas doute !
Dernièrement, nous entendons des appels au désespoir au sein d’une partie de notre cher peuple. Désespoir concernant l’État et les doutes quant au chemin suivi par le sionisme religieux.
Peu de temps avant la guerre des six jours, le Rav Zvi Yehouda Kohen Kook zatsal répondit à une sommité rabbinique venue l’interroger sur la nature de Yom haAtzmaout. Ce rabbin lui expliqua que de grands miracles avaient déjà eu lieu au cours de notre histoire, mais aucune de ces journées n’avaient pris le titre de « Yom Kadosh » de jour saint.
Le Rav Tzvi Yéhouda lui répondit que la sainteté relevait de la réalité factuelle, la Terre, le Peuple et la Torah était sainte, qui plus est lorsqu’ils se retrouvaient. Le Rav se sentait dépité et attristé que tant de gens ne croient pas aux œuvres Divines.
Les propos du Rav Kook furent véhémentes: « Il y a ici un manque de foi certaine, une hérésie qui se pare de la robe de l’ultra- orthodoxie et d’une soi-disant sainteté. Elles dénoncent les actes de Dieu, apostrophant la victoire prestigieuse de l’armée d’Israël comme une « profanation du saint nom ». La chose est entendue, quiconque dénonce un défaut chez autrui, ne fait que dénoncer son propre défaut. » (Kiddushin 70a)
Le Rav Zvi Yehouda ajoute:
Même dans nos cercles (sioniste-religieux), il y a ceux qui hésitent, les craintifs plongés dans les doutes. Ont-ils oublié l’homme de foi, cet être intimement persuadé en son âme et conscience qu’il n’y a plus de doutes. Le nom Divin est « Certitude », telle est sa louange, si Israël se subjugue au cœur du maitre de l’Histoire, alors il y a rédemption ! (Netivot Israël 3)
Rappelons-nous, après avoir quitté l’Égypte à Pessah, nous récitions le Hallel (psaumes louant et remerciant l’Éternel). Ensuite nous avions voyagé à travers le désert et cela fut difficile et éprouvant pour nous, jamais pourtant nous n’avons cessé de réciter le Hallel. Aujourd’hui aussi nous n’avons de cesse de l’entonner car propulsés par l’énergie de la certitude indélébile quant au devenir irrévocable du retour. Pour que nos Sages aient établi la récitation du Hallel à Hanoukka il fallait bien reconnaître la sainteté de la victoire et du moment.
Il faut se souvenir, si Yom ha Atzmaout réclame la récitation du Hallel, comme celui récité a Hannukah il ne peut supporter d’être psalmodiée en partie. La responsabilité de devoir le déclamer ne compromet rien ni personne en aucune façon. Si nous sommes de ceux qui apprécient le processus divin à la manière dont nos rabbins nous ont instruit, cette obligeance s’applique de toute les manières. Elle ne peut en aucun cas être réduite, ni même remise en question lorsque les temps sont difficiles. Maintenant que cela est dit nous pouvons évidemment juger le système, et même émettre des critiques. Mais jamais au grand jamais remettre en cause notre Foi face au devenir de l’Histoire, nous ne devons jamais permettre à la confusion de s’installer. La foi ne connaît pas le doute, et si par hasard nous devions critiquer, eh bien il faudrait avant tout être rempli d’amour tant pour le Peuple que pour l’Éternel D.ieu d’Israël.
Par Rony Ackrich pour Alyaexpress-News