C’était un grand jour que ce mercredi 25 juin, après une très grosse semaine de palabres, plusieurs organisations juives de Belgique s’étaient enfin décidées à organiser devant les bâtiments de l’Union européenne une manifestation « Bring Back Our Boys », afin d’exiger la libération de nos trois enfants enlevés en Judée-Samarie par des terroristes ! Bien sûr, il ne faut pas trop exiger de nos responsables communautaires qui ne veulent « pas paraître comme les ambassadeurs d’Israël » (dixit une haute responsable du Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique/ CCOJB), et veulent rester dans le « politiquement correct » (même source). C’est pourquoi cette annonce ajoutait à ses motivations la libération des enfants chrétiens enlevés au Nigéria. Le rapport, on ne le voyait pas trop bien – Sinon par le fait que la barbarie des fous d’Allah sévit partout dans le monde ! – Et on se demandait pourquoi unir particulièrement cette cause à celle des jeunes étudiants Israéliens. Après tout, tant qu’on y était, on aurait pu également y ajouter la lutte contre les persécutions des coptes en Egypte, les décapitations de chiites iraniens par les musulmans sunnites, les crucifixions de chrétiens syriens par les djihadistes, les lapidations de femmes supposées adultères par le régime des Ayatollahs, etc… ce qui aurait réuni dans un même esprit universel toutes les victimes innocentes de la galaxie. Certains supposaient que mêler le destin des écolières africaines« amènerait plus de monde », tandis que d’autres – les cyniques – notaient que la date prévue coïncidait avec celle où leur pays affrontait l’Argentine en Coupe du monde et en déduisaient « que les médias se sentiraient exceptionnellement obligés de mettre les deux événements en parallèle dans de mêmes articles, soulignant que pendant que quelques millionnaires en culotte courte couraient après une « baballe », des populations entières se mobilisaient pour rechercher de pauvres gosses kidnappés ». Mais, quoi qu’il en soit, les plus logiques, remarquaient qu’une telle extension du kidnapping des trois baroukhé yèchivah dissolvait le crime dans les eaux du Déluge. Qu’importe ! Il fallait être là par devoir moral, pour exprimer face au monde que ces enfants étaient aussi les nôtres, qu’ils étaient nos fils, nos frères, que leur sort était intimement lié à nos âmes, que nous partagions pleinement leurs souffrances.
Las ! Arrivés sur place, alors que la solidarité de la population juive de Belgique aurait dû être manifeste, les plus motivés ne purent contempler qu’un gros minyan de quelque cinquante participants (en comptant large, avec les femmes, les enfants et les goyim présents) et – si Yéh’ezkel eut au moins la vision des ossements desséchés (Yéh’ezkel XXXVII, 1-2) – ils ne purent, pour leur part, qu’imaginer l’aridité des cœurs de la majorité de leurs coreligionnaires restés chez eux. Oh, je sais ! Chacun des absents se trouvera une bonne excuse : les uns « devant garder le magasin » (Cela me rappelle la vieille blague antisémite du vieux Juif à l’agonie qui appelle un à un ses enfants et, quand tous ont répondu “Présent”, s’exclame : “Mais alors… Qui garde le magasin ?”), les autres « étant retenus au travail » (à 18H00 ?), d’autres encore « habitant trop loin » (Alors qu’il ne faut au maximum qu’une heure, en train, pour rejoindre Bruxelles à partir des villes principales !). Pourtant, il s’agit d’une situation de Pikouah’ Néfèch (« Danger de mort ») devant laquelle toutes les contraintes devraient s’effacer… y compris les téléreportages en direct du football brésilien.
Où étaient tous les « pacifistes internationalistes » et les « laïcs de gauche » des Union des Progressistes Juifs de Belgique et Centre Communautaire et Laïc Juif de Belgique ? Dans divers meeting examinant comment améliorer le sort des « pôvres prisonniers palestiniens » ? Où étaient tous les h’assidim d’Anvers et d’ailleurs ? Dans leurs yéchivoth en train de se pencher sur quelque pilpoul disséquant la Mitzvah “Aime ton prochain comme toi-même” ? Où étaient tous les professeurs d’universités, avocats, politiciens et autres membres de l’intelligentsia communautaire ? Exprimant ex cathedra à quelques aréopages leurs profondes pensées sur la valeur des Droits de l’Homme ? Où étaient tous les rabbins de nos nombreuses synagogues ? Etaient-ils retenus par des réunions œcuméniques traitant des « excellentes relations de fraternité » entre Mosquée, Eglise, Consistoire et loges maçonniques ? Je ne sais, mais s’ils avaient été présents, c’est plusieurs milliers que nous aurions été ! Ce que je sais cependant, par contre, c’est qu’il y a trois des nôtres, otages de terroristes, qui – contrairement aux condamnés de Droit commun (dits) « Palestiniens » – croupissent eux dans une cache infecte ; qui ne peuvent même pas recevoir de lettres de leur famille et encore moins se plonger dans l’étude du Talmud ; qui dépendent de geôliers considérant les Droits de l’Homme comme une vaste fumisterie et dont l’œcuménisme se résume à la façon dont ils égorgent les kafirs.
C’est à nos frères qui étaient absents ce mercredi – alors qu’avec un petit effort, ils auraient pu ne pas l’être (Je ne parle pas de ceux qui avaient un vrai empêchement tel, par exemple, l’ignorance de la manifestation ou la maladie !) – que je m’adresse : ce soir, en vous regardant dans votre psyché, si votre reflet vous questionne “Où sont tes frères Guilad, Naftali et Eyal ?”, ne répondez surtout pas “Suis-je le gardien de mes frères ?”… Car, oui, par votre défection de ce jour, vous les avez – D-ieu préserve ! – un peu tués.
Mais “Les portes de la techouva (« repentir ») restent toujours ouvertes !”, disent nos Sages. Soyez donc présents la prochaine fois, et n’ayez désormais de cesse jusqu’à ce que Eyal Yifrach, Naftali Frenkel et Guilad Shaar soient enfin libérés !
Par Yéh’ezkel Ben Avraham pour Alyaexpress-News