Lors d’une discussion récente avec un proche au sujet de l’Alyah que j’envisage, j’exprimais, moi, juif français, mes craintes. De nouvelles craintes.
Non pas sécuritaires.
Ni matérielles.
Ni même encore financières.
Celles-ci existent pourtant bien, mais c’est une appréhension souvent peu évoquée qui m’est venue à l’esprit : la mentalité.
Nombreux sont les Français qui adorent Israël, mais ont du mal avec la mentalité israélienne.
Il est vrai qu’elle est fort différente globalement de la mentalité européenne même, dont la France a une grande part d’influence.
Manque de civisme, pas ou peu de politesse, manque de savoir-vivre, etc…
A long terme, tout ceci rebute parfois certaines personnes à « faire le pas ». Le pas de l’Alyah.
C’est une raison tellement peu évoquée dans les motifs freinant ou bloquant l’Alyah qu’elle a toute son importance.
Tout simplement car la mentalité est étroitement liée avec la personnalité de l’individu.
La personnalité, quant à elle, est liée avec la culture.
Et la culture est obligatoirement liée avec son environnement.
Et quel est l’environnement du Juif ?
Il n’y a aucune réponse à ça, car la particularité du Juif, c’est qu’il est partout !
A cause de la diaspora…ou devrais-je dire GRÂCE à la diaspora !
Pourtant, cet exil (Galout) est traduit comme une « punition Divine », alors comment y voir quelque chose de positif ?
Tout simplement grâce à la mentalité israélienne !
Voici mon point de vue sur le sujet :
L’Alyah a commencé à la fin du XIXème siècle, et s’est logiquement étendue après la création de l’État d’Israël, et se poursuit encore de nos jours.
Ce retour vers la terre d’Israël a été presque toujours le résultat d’une fuite.
La fuite des pogroms, la fuite de la Shoah, et d’autres persécutions.
Tous ces immigrés, précurseurs et constructeurs de l’État d’Israël que l’on connaît aujourd’hui, sont donc arrivés sur cette terre dans l’urgence de la fuite.
Sans repère.
Sans préparation.
Sans argent.
Certains ont dû faire face à des rejets et des tensions.
D’autres ont combattu et ont vécu des guerres.
Ces pionniers d’Israël se sont concentrés sur l’essentiel, à savoir la survie du Peuple Juif sur cette terre. Leur propre survie. La survie d’un État.
Et ils ont réussi.
Si aujourd’hui, on se demande encore si on doit faire l’Alyah, si c’est le moment, si ça ne va pas être trop dur, si on va réussir, c’est grâce à eux !
Alors s’ils n’ont pas eu le temps, notamment pour les survivants de la Shoah, d’instaurer des règles de savoir-vivre et de comportement qu’eux-mêmes ont perdu après avoir traversé tant d’épreuves, il ne faut pas leur en vouloir. Ils ont fait tellement d’autres.
En revanche, cela doit nous pousser à faire notre Alyah.
Nous qui sommes encore en Galout, et notamment en France, pays du savoir-vivre et détenteurs du record de formules de politesse par situation et par phrase.
La France qui fait encore cette distinction si grande entre le « Tu » et le « Vous », avec son héritage aristocrate et monarchique.
Ce pays qui nous a appris à être si respectueux les uns avec les autres.
Même si les Parisiens commencent à flancher dans ce respect en tendant parfois vers l’égoïsme souvent tourné en dérision et avec humour par les provinciaux.
Nous avons un héritage culturel et une mentalité qui sont forts.
Nous avons comme devoir d’exporter ces valeurs en Israël !
Après plus de 100 ans d’Alyot, après près de 70 ans d’existence, ce pays, développé culturellement, technologiquement, et économiquement, est en train de passer à une nouvelle phase de son histoire, en recevant toujours plus d’immigrés.
Il est encore en construction. Toujours en évolution.
L’avenir d’Israël, c’est nous, les Juifs encore en Galout, qui allons l’écrire.
Le pays va grandir avec nous, et ainsi chaque juif qui viendra de sa terre natale ou du moins de sa terre d’habitation avant Israël, va venir avec sa personnalité, sa mentalité, sa culture.
Bien évidemment, certains Rabbanims et Sages s’accordent aujourd’hui pour dire qu’en faisant l’Alyah, et surtout pour la réussir, il faut oublier sa vie d’avant, et vivre l’Alyah comme une « nouvelle naissance ».
Cela ne veut pas dire changer de personnalité et de mentalité, car cela serait rejeter sa propre personne, et c’est impossible. Toute tentative serait destructrice envers soi-même.
Il faut au contraire s’en servir comme d’une force, et ainsi faire évoluer le pays dans lequel on vient.
Et ça sera une réussite, car la venue de tous les Juifs du Monde en Israël, ce retour n’est pas un envahissement.
C’est un accomplissement. Un accomplissement de plus de 2000 ans d’exil.
2000 ans pendant lesquels nous avons été dispersés dans le Monde entier.
2000 ans où nous avons intégré des pays, des peuples, des nations, et des mondes différents.
2000 ans où nous avons appris d’autres cultures, où nous avons appris des différentes éducations, où nous avons connu des différents niveaux socio-économiques.
Nous avons traversé des guerres, des décisions politiques et religieuses.
Nous avons été déportés, chassés, massacrés, humiliés.
Nous avons été encensés, nous avons servi d’exemple, nous avons séduit.
Nous avons participé à la construction, à l’évolution, et au développement de nombreuses Nations.
Nous avons aussi commis des erreurs.
Nous avons été séduits par l’assimilation, le plus grand danger qui pèse sur notre identité juive.
Mais nous avons résisté et nous avons vécu.
Notre Torah est toujours intacte, notre Foi est toujours palpable.
Malgré notre dispersion dans le Monde, nous avons toujours été rattachés par le fil du judaïsme. Un fil indestructible.
Un fil parfois emmêlé, parfois fragilisé, mais jamais cassé.
Toute cette formidable histoire de ces 2000 ans d’exil passés avec succès, toute cette culture, toute cette richesse (sous tous ses aspects), tout ce que nous avons engrangé pendant cette période, il est temps de les mettre au profit de notre Peuple.
Il est temps d’en faire profiter l’État d’Israël.
Et si finalement cet exil était une chance ?
La plus incroyable chance que D.ieu nous ait donné pour former le plus beau pays du Monde.
L’avenir de cet État, c’est la fusion la plus internationale, la plus cosmopolite qui puisse exister dans le Monde.
Des peuples ont été envahis par d’autres et leurs cultures, leurs patrimoines ont été engloutis avec, disparaissant parfois à jamais.
Alors que nous, grâce à notre Torah qui nous rassemble, nous n’allons ni envahir, ni engloutir. Nous allons partager nos différents savoirs, nos différents acquis.
Pour le même but.
J’ai été convaincu de cette idée avec le souvenir d’une soirée, dont elle-même faisait partie du plus beau voyage offert à la jeunesse juive : Taglit.
Lors du séjour, un « Mega Event » a réuni plus de 6500 Juifs du Monde entier dans une salle, à Jérusalem, pour partager la même chose, malgré l’éloignement culturel et géographique de nos pays respectifs.
J’ai basé mon point de vue sur l’aspect de la mentalité.
Mais ce n’est qu’un des aspects qui ornent le même raisonnement.
La technologie acquise dans les différents pays du Monde profitera aussi à l’Israël de demain.
La gestion économique aussi.
La médecine également.
La connaissance artistique.
La cuisine.
La politique sociale.
Et ainsi de suite…
Il n’y a qu’à voir comment les premiers immigrés font avancer ce pays de manière fulgurante pour s’en convaincre.
Un pays si jeune, et si avancé dans tant de domaines, c’est le fruit du rassemblement des Juifs de retour de l’exil. Et ce n’est qu’un début.
Rien de ce que nous avons appris dans le Monde entier n’a été acquis par hasard.
Tout cela est fait pour construire l’avenir de l’État d’Israël, pour que le Machia’h arrive dans le plus beau et le plus fort pays du Monde. Indestructible.
Nous avons donc le devoir d’aller en Israël.
Tant que nous ne sommes pas en fuite, perdant ainsi nos repères et notre culture.
Nous avons une chance inouïe d’avoir cette opportunité.
C’est D.ieu qui nous l’offre.
Par Rudy Abecassis pour Alyaexpress-News