Cazeneuve à la rencontre de la communauté juive de Marseille

Nous nous sommes inspirés d’un article de la BBC, sorti aujourd’hui aux Etats Unis, concernant la communauté juive de Marseille depuis l’attaque à la machette sur un enseignant juif :

Aucune photographie de l’école juive du Gan Ami dans le sixième arrondissement de Marseille accompagnera cet article. En effet, si vous apparaissez devant l’école avec un appareil photo, on vous demandera poliment mais fermement de le ranger.

Un groupe de jeunes accompagné de deux enseignants équipés de talkies-walkies sont présent au moment de l’entrée des élevés, et six soldats avec des mitrailleuses veillent. La sécurité est digne de celle d’une ambassade. Ce sont des niveaux de sécurité aux méthodes « israéliennes ». 

Personne ne pense que cela est exagéré. C’est tout simplement le quotidien d’un Juif en France urbaine.

A Marseille, les antennes de sécurité sont particulièrement sensibles après une attaque au couteau il y a deux semaines sur un enseignant juif .

Benjamin Amsellem a dit qu’il a été capable de regarder dans les yeux  son agresseur , il était musulman et avait 15 ans, d’origine kurde : «Je ne doute pas du tout qu’il voulait me tuer Son regard était celui de la haine.».

Le professeur Benjamin Amsellem  avec une épaule blessée.

Le garçon a ensuite déclaré aux enquêteurs qu’il était fier de ce qu’il avait fait, mais qu’il avait honte qu’il avait échoué à le tuer.

Question de la kippa

L’attaque a déclenché un débat national après que Zvi Ammar, une figure religieuse juive à Marseille, a dit que temporairement, les hommes juifs devaient cesser de porter la kippa dans la rue. Simplement comme une mesure d’auto-préservation.

« 

Certains dirigeants juifs à Paris ont dit que cette décision revenait à se rendre. Mais à Marseille,la question de la kippa est depuis longtemps réglée. Et la réponse est très claire: mieux la discrétion que la mort.

En dehors de l’école Gan Ami, les jeunes élèves cachent leur kippa dans les poches de leurs sacs à dos. Ils ont tous eu des instructions claires tout comme leurs parents de se rendre tête nue en public, ou de porter une casquette de baseball.

À la pâtisserie Ougat, où les mères se rassemblent , il y a Stéphanie, Corinne et Déborah  qui ont partagé leurs inquiétudes avec la BBC.

« Chaque jour, j’ai cette même peur au ventre », a déclaré Corinne. « Cette situation n’a jamais été comme ça avant. Mais maintenant, quand j’envoi les enfants sur le chemin de l’école avec leur père, je sens une boule au ventre . »

« Au cours des deux dernières années, la situation s’est détériorée », selon Deborah. «Dans mon propre pays, je me sens de plus en plus en danger.

 

« Quand je vais à Auchan (supermarché), mon enfant voit ces femmes la tête aux pieds couverts de voiles – et il a peur.

« Nous avions dans le passe une petite minorité de musulmans. Je ne suis pas si sûr, aujourd’hui. La nouvelle génération est imprégnée. Ils sont amenés à nous haïr. »


La communauté juive de Marseille

 
Il y a 70.000 Juifs à Marseille, c’est aussi la deuxième plus grande communauté juive de France, après Paris. À la suite de l’occupation allemande de Marseille en 1942, des milliers de Juifs ont été arrêtés ou se sont cachés. Puis la population juive de la ville s’est comptée à 10.000 juifs.
 Marseille a servi de port de transit pour les survivants de la Shoah et pour les Juifs des pays d’Afrique du Nord sur leur chemin vers Israël. Il y a 44 synagogues, 17 écoles juives et 20 centres juifs de l’étude dans la ville

Source: Beit Hatfutsot, le Musée du peuple juif

Affirmation de leur identité

Pour l’ensemble de 70.000 Juifs de Marseille, la question est de savoir si il faut faire son Alya ? (émigrer en Israël)

Habonim Dror, le mouvement juif des jeunes avec la culture socialiste-sioniste, a un bureau à Marseille

Mais de nombreux Juifs de Marseille ont été en France depuis des générations.Ceux qui sont venus d’Afrique du Nord dans les années 1960 ne tiennent pas particulièrement à repartir selon la BBC.

Pour Michele Teboul, toute la violence récente encourage un « repli sur soi »,  généralement considéré comme étant une mauvaise chose. L’idéal français est une société sans communauté.

Mais face à une menace physique croissante, les Juifs Marseille ressentent le besoin d’affirmer leur identité. Peut-être pas en public – la kippa en fait une cible – mais en privé.

« Vous savez, quand je vais à Israël, je laisse tout sortir. Je conduis le samedi, je ne garde pas la casherout», dit Michele Teboul. « Cela est parce qu’en Israël il n’y a pas besoin de dire ou de regarder, je suis juif. Mais revenons ici à Marseille qui est l’opposé. Ici, nous devons nous rappeler qui nous sommes. ».