C’est à tort qu’on considérerait la Fédération des Juifs Noirs comme le défenseur d’une logique de l’enfermement sur soi, d’autarcie. Il n’en est rien. Certes, il faut forger le judaïsme africain comme noyau d’une renaissance, mais rien ne s’accomplira sans ouverture sur l’extérieur. Les preuves sont visibles dans son corpus.

Dans la crise actuelle de l’identité juive, nous ne renions pas l’universel. Nous ne voulons pas dire que nous sommes différents des autres, au contraire, nous voudrions aboutir à l’universel par nos propres voies.
Dans Histoire de l’Afrique noire, le progrès humain est fils de contacts positifs. Il ne faut pas imaginer que nous sommes partisans d’un isolement qui n’aurait d’ailleurs rien de splendide et qui nous couperait des autres juifs.

Il ne s’agit pas non plus de culturalisme identitaire étroit. Beaucoup de gens croient que nous voulons nous réfugier dans notre culture, dans nos ethnies. Nous sommes contre le culturalisme identitaire qui, sur le plan social ne mène nulle part. Ces différentes mises au point nous permettent de penser qu’il ne s’agit pas dans l’exigence d’endogénéité telle que prêchée par nos adversaires, nous accusant d’une volonté de construire une société juive en rupture d’extraversion, mais en tant que lieu de réflexion stratégique sur les conditions fondamentales du judaïsme africain comme projet d’émancipation dans le dialogue avec l’autre.
Le judaïsme africain a coupé, de ses propres mains, le cordon ombilical qui le relie à toute la lignée de ses ancêtres.
Il puise sa force dans l’Afrique elle-même et que son judaïsme redevienne ce qu’il aurait dû ne pas cesser d’être.