Une délégation kurde est venue visiter le musée de Yad Vachem, ce dimanche. Pour la communauté Yazidi, ces drames les touchent vu qu’ aujourd’hui ils font partie de leur vie, et quelque 300 000 Yézidis sont devenus des réfugiés à cause de la persécution menée par l’État Islamique.
Pour les six visiteurs du musée, l’expérience de marcher à travers le musée entre des affiches montrant la brutalité nazie fut traumatisante. Le groupe était venu pour prendre part à une conférence de plusieurs jours cette semaine à Michkenot, organisée par le Spring Hope Foundation et destinée à fournir une plate-forme pour les voix des minorités religieuses et ethniques persécutées.
La délégation comprenait Sherzad Mamsani, le directeur des affaires juives pour le gouvernement régional du Kurdistan, Saeed Khudeda Alo, professeur à l’Université de Duhok et Khaleel al-Dakhi, un avocat activiste Yazidi qui a aidé les gens à fuir l’État Islamique et à s’affranchir de l’esclavage.
Les Yézidis font partie d’un ancien groupe religieux qui vit principalement dans le nord de l’Irak et a été ciblé pour être exterminé par ISIS en 2014. Dans la dernière année 22 fosses communes d’hommes yézidis et de femmes âgées exécutées par le groupe terroriste ont été trouvées, et plusieurs milliers de femmes yézidis ont été asservies par ISIS.
Le génocide des enfants yézidis par des fanatiques islamiques ISIS – Photo: Twitter« Les Yézidis sont préoccupés par leurs besoins au quotidien. Ils ont tout perdu », a dit Mizra Dinnayi, qui dirige Luftbrücke, une organisation humanitaire allemande.
Lors d’un bref discours au groupe, Dinnayi, qui est Yazidi, a parlé des similitudes entre la souffrance de son peuple et celle des Juifs.
« Nous nous demandons comment des femmes peuvent êtres encore vendues au 21ème siècle ? Ce qui est douloureux pour moi c’est ce qui est arrivé à la communauté juive ; tout le monde a laissé faire et six millions d’êtres humains ont été tués. La même chose se passe de nos jours, et la communauté internationale le voit et ne fait rien. »
Mais il y a une différence essentielle : « Vous avez un État, vous avez la terre, je n’ai pas de terre ; comment pouvons-nous nous protéger ? » Le Dr Robert Rozett, directeur des bibliothèques, à Yad Vashem, a déclaré : « Il est approprié que nous nous réunissions ici. La Shoah est un drame spécifique du génocide pendant lequel les communautés juives ont été exterminées, il est donc spécifique, mais aussi universaliste, et ce que nous lisons dans la presse montre que des choses semblables se produisent contre vos personnes [Yazidis] ».
Pour certains, l’ampleur de la Shoah et l’extermination systématique ne peut pas être comparée à ce qui est arrivé en Irak en 2014, lorsque ISIS a séparé les hommes et les femmes et exécuté les hommes, ou les a utilisé comme esclaves avant de les tuer.
Dawod Aliaga, 23 ans, est un réfugié Yazidi de la ville de Snune près du Mont Sinjar, il admet que les chiffres ne sont pas les même, « mais ils [ISIS] ont fait la même chose : exécutions et pendaisons ».
Le jeune homme dit que son rêve est de venir en Israël. L’année dernière, comme des milliers d’autres Yézidis, il a rejoint les forces militaires peshmergas kurdes qui ont libéré Sinjar, la ville de ISIS. Il montre fièrement des photos de lui sur son téléphone, son AK-47 à la main, dans les zones reprises aux extrémistes. « Nous sommes deux minorités, et ils [les Juifs] sentent notre douleur, la même douleur, et nous voulons que nos droits soient reconnus comme en Israël ».
Il y a un sentiment que le modèle d’Israël et l’apprentissage de la Shoah puissent servir à la fois de leçon et d’inspiration pour les Yézidis et au Kurdistan. Mais Dinnayi souligne que pour beaucoup de Yézidis qui survivent dans les camps de réfugiés, sont incapables de rentrer chez eux dans les villages en ruines, dont certains sont encore contrôlés par ISIS. Inquiets pour leur avenir, la survie quotidienne est dans les esprits de la plupart des gens.
Mais pour ceux qui, comme Lisa Miara, la fondatrice du Printemps de l’Espoir, qui a travaillé dur à travers la bureaucratie israélienne pour amener ces citoyens irakiens ici, a dit que la lutte en vaut la peine. « Lorsque j’ai rencontré Dawod il était très pessimiste, et je lui ai apporté le Journal d’Anne Frank et [livre par] Elie Wiesel. Vous pouvez rester une victime dans un camp ou vous pouvez prendre l’inspiration et dire que nous allons pousser en avant ».