IsraĂ«l : État Juif ? – par Rudy Abecassis.

Existe-t-il un État Juif ?

Une telle appellation ne peut pas ĂȘtre erronĂ©e ou tronquĂ©e dans sa dĂ©finition, malgrĂ© tous les dĂ©bats que l’Histoire a ouvert Ă  ce sujet.

Un État Juif, c’est un État dont les Lois sont fixĂ©es selon la religion juive.

Or, si aujourd’hui IsraĂ«l est le pays des Juifs, il n’est pas rĂ©gi sous les Lois juives. Ou du moins pas complĂštement.

Certains diront que c’est mieux ainsi, que ce pays doit rester une dĂ©mocratie, libre, et mĂȘme parfois laĂŻque.
En quelque sorte, un pays comme « les autres » démocraties.

Certains s’en vantent, quand d‘autres utilisent cette laĂŻcitĂ© pour contre-attaquer les plus farouches opposants Ă  IsraĂ«l qui lui collent une Ă©tiquette de « raciste ».

Des IsraĂ©liens, mĂȘme parfois pratiquants, voire religieux mettent en avant ce respect de la religion d’autrui Ă  l’intĂ©rieur de l’État d’IsraĂ«l.

Ainsi, chaque habitant est libre de pratiquer ou pas les Lois de sa confession, et c’est ainsi que tout le pays tourne et vit depuis sa crĂ©ation, Ă©voluant mĂȘme continuellement, tantĂŽt vers « son » judaĂŻsme, tantĂŽt vers la laĂŻcitĂ© que les autres nations chĂ©rissent tant, surtout quand il s’agit de l’observer en IsraĂ«l.

Certes, il n’y a pas d’équivalence dans le Monde que l’État d’IsraĂ«l pour y pratiquer son judaĂŻsme, sachant que la vie sur cette terre rĂ©pond elle-mĂȘme Ă  une Mitsva (Yichouv Aarets).

Pourtant, alors que l’Alya connaĂźt une Ă©volution constante et qu’elle est plus que jamais le sujet d’actualitĂ© de la majoritĂ© des juifs en ce qui concerne leur avenir, et cela peu importe dans quel coin du globe oĂč l’on vit, force est de constater que la vie juive n’est pas omniprĂ©sente dans l’État Juif.

Un juif pratiquant qui désire manger au restaurant doit vérifier la Cacheroute, et dans certains endroits du pays, aura du mal à trouver un établissement cacher.

Pourquoi, alors habite-t-il en Eretz Israël ?

Pourquoi Israël doit rester cette « seule démocratie » du Moyen-Orient ?

Pourquoi les Lois juives ne seraient pas en adéquation avec une démocratie ?

Ce sujet est aussi liĂ© Ă  l’éternel dĂ©bat sur les « religieux ». Il faut comprendre ainsi les juifs pratiquants et respectueux d’un grand nombre de Lois juives.

Comme par exemple ĂȘtre Chomer Chabbat, effectuer les priĂšres quotidiennes, mettre les TĂ©filines tous les jours hormis le Chabbat et les jours de fĂȘte (ainsi que de demi-fĂȘte), porter une Kippa, avoir la tĂȘte couverte (pour les femmes), etc


Souvent pointĂ© du doigt, un religieux est assimilĂ© trĂšs souvent Ă  une frange extrĂȘme du Peuple juif, un fanatique qui tente d’imposer les Lois juives par la force.

Or, si cela est malheureusement vrai dans certaines autres religions, ce n’est pas le cas dans le judaĂŻsme. Tout comme le juif n’est pas prosĂ©lyte, il ne l’est pas non plus au sein de son propre Peuple.

La nuance parait faible, mais elle est consĂ©quente : inciter un juif Ă  devenir plus pratiquant n’est en rien une maniĂšre d’imposer quoi que ce soit.

Ainsi, la laĂŻcitĂ© de l’État d’IsraĂ«l n’est-elle pas une consĂ©quence malheureuse d’une volontĂ© de ne pas faire peur aux autres Nations et ainsi marquer une inutile diffĂ©rence des autres États dits religieux Ă  travers le Monde ?

Comme si IsraĂ«l avait besoin de sĂ©duire en termes d’ouverture d’esprit et de tolĂ©rance.

Comme si le Juif avait encore besoin de sortir de son communautarisme pour prouver au reste du monde qu’il est ouvert aux autres.

Comme si, finalement, le Juif ne pouvait pas rester Juif, mais se devait de s’assimiler.

Et ainsi causer sa perte. L’Histoire nous l’a dĂ©jĂ  appris.

Par exemple pour permettre d’illustrer cette thĂ©orie, la polĂ©mique rĂ©cente sur l’organisation de « Tel Aviv sur Seine » en AoĂ»t 2015 a farouchement opposĂ© les antisionistes et d’autres dĂ©tracteurs d’IsraĂ«l Ă  ses dĂ©fenseurs.

Et ceux-ci, Ă  travers notamment les rĂ©seaux sociaux, ont largement voulu rĂ©pondre Ă  l’accusation honteuse et malhonnĂȘte d’État Apartheid pour qualifier IsraĂ«l. La rĂ©ponse la plus marquante et majoritairement diffusĂ©e Ă©tait celle d’images de Tel Aviv, et de tout IsraĂ«l mĂȘme.

Et ces images ne reprĂ©sentaient en rien la notion d’État Juif. Bien au contraire.

Pour se défendre, les Israéliens et pro-israéliens ont diffusé des images de non-juifs paraissant heureux en Israël.

Des femmes musulmanes portant le voile, des chrétiens, etc


Pourquoi l’État Juif a-t-il besoin de se justifier ? Pourquoi rĂ©pondre ainsi Ă  une accusation si grossiĂšre ?

IsraĂ«l sera toujours dĂ©testĂ© pour son nom, pour sa dĂ©finition, et pour ce qu’il est censĂ© reprĂ©senter : les Juifs.

On ne convaincra pas un antisioniste d’aimer IsraĂ«l en lui dĂ©crivant ou en lui montrant que ce n’est pas vraiment un État Juif.

Ainsi que de tenter de convaincre un antisĂ©mite de nous aimer en lui expliquant qu’on ne pratique pas vraiment la religion, ou qu’on n’est pas croyant.

 

Si le sujet de l’ « État Juif » est un fil rouge depuis que Theodor Herzl a créé le sionisme moderne, et donc laĂŻc, il est important de ne pas perdre de vue cette notion si importante aujourd’hui, prĂšs de 70 ans aprĂšs la crĂ©ation de l’État d’IsraĂ«l.

Au quotidien, l’évolution de la nature juive de cet État est Ă  surveiller.

Ainsi, si les IsraĂ©liens ont du mal Ă  s’inquiĂ©ter de cette notion, le devoir en revient alors aux juifs de la diaspora qui font leur Alya.

Car pour la grande majoritĂ© d’entre eux, l’Alya n’est pas qu’un retour, c’est aussi un dĂ©part du pays d’origine. Il y a et il y aura forcĂ©ment une comparaison.

Bon nombre de nouveaux immigrants, notamment d’Europe, oĂč la pratique religieuse est assez Ă©levĂ©e, sont venus en IsraĂ«l pour ĂȘtre plus en accord avec leur Foi, et mĂȘme pour certains pour Ă©voluer davantage dans le respect des Lois juives.

Les juifs d’Alya sont donc les meilleurs juges de la notion d’État juif.

Trouvent-ils une rĂ©elle diffĂ©rence avec certains quartiers de grandes villes ? Comme MontrĂ©al, Londres, Paris ou New-York, pour ne citer qu’elles, qui possĂšdent des secteurs composĂ©s majoritairement de juifs, en termes d’habitants et de commerces.

En quoi IsraĂ«l est diffĂ©rent finalement, puisqu’il y a des endroits religieux et d’autres pas ?

Il y a des endroits oĂč l’on n’a aucun mal Ă  trouver des Ă©tablissements cachers et d’autres oĂč ils sont quasiment inexistants.

En quoi IsraĂ«l est un État Juif si notre reprĂ©sentant, le Premier Ministre, n’affiche aucun signe religieux, tel une Kippa, dans toutes ses apparitions officielles, en dehors d’un lieu de culte ? Alors que les autres reprĂ©sentants de pays « religieux » n’ont aucun mal Ă  se dĂ©placer et Ă  s’afficher avec des signes ostentatoires.

 

Partout oĂč flotte le drapeau bleu et blanc, le judaĂŻsme devrait ĂȘtre prĂ©sent. Sinon, il n’y a pas lieu d’appeler cet État « Juif ».

Le dĂ©bat créé par Herzl et son « Judenstaat », repris par l’ONU, et poursuivi par la communautĂ© internationale, est futile et presque insultant quand Ă  ce que reprĂ©sente le terme « juif » pour la communautĂ© juive.

Ainsi,il n’est pas Ă©tonnant de voir des juifs frustrĂ©s en IsraĂ«l. FrustrĂ©s de ne pas avoir un accĂšs totalement simple au judaĂŻsme, sans avoir Ă  se poser de questions ou Ă  chercher certains endroits.

Mais aprĂšs tout, IsraĂ«l reprĂ©sente finalement ce qu’un juif doit ĂȘtre au quotidien pour s’amĂ©liorer religieusement : ĂȘtre en perpĂ©tuelle recherche, en perpĂ©tuelle rĂ©flexion, en perpĂ©tuel mouvement, en perpĂ©tuelle difficultĂ©.

Alors, État Juif ou non ?


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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