Existe-t-il un État Juif ?

Une telle appellation ne peut pas être erronée ou tronquée dans sa définition, malgré tous les débats que l’Histoire a ouvert à ce sujet.

Un État Juif, c’est un État dont les Lois sont fixées selon la religion juive.

Or, si aujourd’hui Israël est le pays des Juifs, il n’est pas régi sous les Lois juives. Ou du moins pas complètement.

Certains diront que c’est mieux ainsi, que ce pays doit rester une démocratie, libre, et même parfois laïque.
En quelque sorte, un pays comme « les autres » démocraties.

Certains s’en vantent, quand d‘autres utilisent cette laïcité pour contre-attaquer les plus farouches opposants à Israël qui lui collent une étiquette de « raciste ».

Des Israéliens, même parfois pratiquants, voire religieux mettent en avant ce respect de la religion d’autrui à l’intérieur de l’État d’Israël.

Ainsi, chaque habitant est libre de pratiquer ou pas les Lois de sa confession, et c’est ainsi que tout le pays tourne et vit depuis sa création, évoluant même continuellement, tantôt vers « son » judaïsme, tantôt vers la laïcité que les autres nations chérissent tant, surtout quand il s’agit de l’observer en Israël.

Certes, il n’y a pas d’équivalence dans le Monde que l’État d’Israël pour y pratiquer son judaïsme, sachant que la vie sur cette terre répond elle-même à une Mitsva (Yichouv Aarets).

Pourtant, alors que l’Alya connaît une évolution constante et qu’elle est plus que jamais le sujet d’actualité de la majorité des juifs en ce qui concerne leur avenir, et cela peu importe dans quel coin du globe où l’on vit, force est de constater que la vie juive n’est pas omniprésente dans l’État Juif.

Un juif pratiquant qui désire manger au restaurant doit vérifier la Cacheroute, et dans certains endroits du pays, aura du mal à trouver un établissement cacher.

Pourquoi, alors habite-t-il en Eretz Israël ?

Pourquoi Israël doit rester cette « seule démocratie » du Moyen-Orient ?

Pourquoi les Lois juives ne seraient pas en adéquation avec une démocratie ?

Ce sujet est aussi lié à l’éternel débat sur les « religieux ». Il faut comprendre ainsi les juifs pratiquants et respectueux d’un grand nombre de Lois juives.

Comme par exemple être Chomer Chabbat, effectuer les prières quotidiennes, mettre les Téfilines tous les jours hormis le Chabbat et les jours de fête (ainsi que de demi-fête), porter une Kippa, avoir la tête couverte (pour les femmes), etc…

Souvent pointé du doigt, un religieux est assimilé très souvent à une frange extrême du Peuple juif, un fanatique qui tente d’imposer les Lois juives par la force.

Or, si cela est malheureusement vrai dans certaines autres religions, ce n’est pas le cas dans le judaïsme. Tout comme le juif n’est pas prosélyte, il ne l’est pas non plus au sein de son propre Peuple.

La nuance parait faible, mais elle est conséquente : inciter un juif à devenir plus pratiquant n’est en rien une manière d’imposer quoi que ce soit.

Ainsi, la laïcité de l’État d’Israël n’est-elle pas une conséquence malheureuse d’une volonté de ne pas faire peur aux autres Nations et ainsi marquer une inutile différence des autres États dits religieux à travers le Monde ?

Comme si Israël avait besoin de séduire en termes d’ouverture d’esprit et de tolérance.

Comme si le Juif avait encore besoin de sortir de son communautarisme pour prouver au reste du monde qu’il est ouvert aux autres.

Comme si, finalement, le Juif ne pouvait pas rester Juif, mais se devait de s’assimiler.

Et ainsi causer sa perte. L’Histoire nous l’a déjà appris.

Par exemple pour permettre d’illustrer cette théorie, la polémique récente sur l’organisation de « Tel Aviv sur Seine » en Août 2015 a farouchement opposé les antisionistes et d’autres détracteurs d’Israël à ses défenseurs.

Et ceux-ci, à travers notamment les réseaux sociaux, ont largement voulu répondre à l’accusation honteuse et malhonnête d’État Apartheid pour qualifier Israël. La réponse la plus marquante et majoritairement diffusée était celle d’images de Tel Aviv, et de tout Israël même.

Et ces images ne représentaient en rien la notion d’État Juif. Bien au contraire.

Pour se défendre, les Israéliens et pro-israéliens ont diffusé des images de non-juifs paraissant heureux en Israël.

Des femmes musulmanes portant le voile, des chrétiens, etc…

Pourquoi l’État Juif a-t-il besoin de se justifier ? Pourquoi répondre ainsi à une accusation si grossière ?

Israël sera toujours détesté pour son nom, pour sa définition, et pour ce qu’il est censé représenter : les Juifs.

On ne convaincra pas un antisioniste d’aimer Israël en lui décrivant ou en lui montrant que ce n’est pas vraiment un État Juif.

Ainsi que de tenter de convaincre un antisémite de nous aimer en lui expliquant qu’on ne pratique pas vraiment la religion, ou qu’on n’est pas croyant.

 

Si le sujet de l’ « État Juif » est un fil rouge depuis que Theodor Herzl a créé le sionisme moderne, et donc laïc, il est important de ne pas perdre de vue cette notion si importante aujourd’hui, près de 70 ans après la création de l’État d’Israël.

Au quotidien, l’évolution de la nature juive de cet État est à surveiller.

Ainsi, si les Israéliens ont du mal à s’inquiéter de cette notion, le devoir en revient alors aux juifs de la diaspora qui font leur Alya.

Car pour la grande majorité d’entre eux, l’Alya n’est pas qu’un retour, c’est aussi un départ du pays d’origine. Il y a et il y aura forcément une comparaison.

Bon nombre de nouveaux immigrants, notamment d’Europe, où la pratique religieuse est assez élevée, sont venus en Israël pour être plus en accord avec leur Foi, et même pour certains pour évoluer davantage dans le respect des Lois juives.

Les juifs d’Alya sont donc les meilleurs juges de la notion d’État juif.

Trouvent-ils une réelle différence avec certains quartiers de grandes villes ? Comme Montréal, Londres, Paris ou New-York, pour ne citer qu’elles, qui possèdent des secteurs composés majoritairement de juifs, en termes d’habitants et de commerces.

En quoi Israël est différent finalement, puisqu’il y a des endroits religieux et d’autres pas ?

Il y a des endroits où l’on n’a aucun mal à trouver des établissements cachers et d’autres où ils sont quasiment inexistants.

En quoi Israël est un État Juif si notre représentant, le Premier Ministre, n’affiche aucun signe religieux, tel une Kippa, dans toutes ses apparitions officielles, en dehors d’un lieu de culte ? Alors que les autres représentants de pays « religieux » n’ont aucun mal à se déplacer et à s’afficher avec des signes ostentatoires.

 

Partout où flotte le drapeau bleu et blanc, le judaïsme devrait être présent. Sinon, il n’y a pas lieu d’appeler cet État « Juif ».

Le débat créé par Herzl et son « Judenstaat », repris par l’ONU, et poursuivi par la communauté internationale, est futile et presque insultant quand à ce que représente le terme « juif » pour la communauté juive.

Ainsi,il n’est pas étonnant de voir des juifs frustrés en Israël. Frustrés de ne pas avoir un accès totalement simple au judaïsme, sans avoir à se poser de questions ou à chercher certains endroits.

Mais après tout, Israël représente finalement ce qu’un juif doit être au quotidien pour s’améliorer religieusement : être en perpétuelle recherche, en perpétuelle réflexion, en perpétuel mouvement, en perpétuelle difficulté.

Alors, État Juif ou non ?