Une répression bancaire sur des centaines de comptes liés au Hezbollah suscite des tensions au Liban où le puissant mouvement terroriste chiite bénéficie d’un soutien farouche et offre une gamme de services sociaux.
Cette décision fait suite à l’adoption en fin d’année dernière d’une loi des États-Unis d’imposer des sanctions sur les institutions financières qui facilitent les transactions significatives associées avec le Hezbollah, un mouvement fortement armé et soutenu par l’Iran que Washington classe comme un groupe terroriste.
Les banques libanaises désireuses de maintenir le rôle du pays en tant que centre financier régional ont travaillé pour se conformer à la loi depuis le mois de mai.
Mais le Hezbollah, qui agit à bien des égards comme un gouvernement parallèle dans certaines parties du Liban, a averti qu’il considère que les fermetures de comptes sont une «attaque» sur ses partisans.
Le 12 Juin, une explosion a frappé le siège de Beyrouth de l’une des plus grandes banques du pays, laissant une personne avec des blessures mineures.
Le Hezbollah n’a pas été directement liée à l’explosion, mais plusieurs journaux libanais, ont affirmé que l’attaque a été conçue comme un avertissement contre les banques qui accepteraient ces fermetures.
En vertu de la loi américaine sur le Hezbollah et la prévention de financement adoptée en Décembre, les sanctions peuvent être évitées si une banque « a pris et continue de prendre des mesures vérifiables importantes » pour mettre fin à des activités financières.
Le Hezbollah gère un vaste réseau de services sociaux au Liban – avec les écoles, les hôpitaux et un large éventail d’organisations caritatives.
Le journal quotidien Al-Akhbar du Hezbollah a rapporté au début de Juin qu’en réponse à la loi « des centaines, sinon des milliers » de comptes détenus par plusieurs organismes de bienfaisance et les grands hôpitaux « directement affiliés au Hezbollah » ont été fermés.
Wazni a dit que si les banques poursuivaient leur « ligne dure » à l’égard des comptes liés au Hezbollah, pas moins de 10.000 comptes pourraient être fermés.
Après le bombardement de Juin, l’Association des banques libanaises a tenu une réunion d’urgence et a averti que l’explosion menace la « stabilité économique ».
Contacté par l’ AFP, le secrétaire général de l’association Makram Sader ne saurait pas expliquer comment les comptes ont été fermés, disant seulement que les banques « suivent les décrets émis par la Banque centrale et les mécanismes de mise en œuvre décidés par les organes de contrôle ».
Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah pestait contre les fermetures de compte dans un discours le mois dernier, en disant qu’il les considère comme une «attaque … contre notre peuple, notre circonscription, et nos familles ».
Il a également minimisé les conséquences potentielles, en disant : « Tant que l’Iran a de l’argent, nous avons de l’argent ».
« Tout comme nous recevons les roquettes que nous utilisons pour menacer Israël, nous recevons notre argent. Aucune loi ne nous empêchera de les recevoir » a déclaré Nasrallah.
Des mesures ont été prises pour apaiser les tensions.
Hassan Moukalled, le rédacteur en chef de la construction a dit qu’il avait agi à titre d’intermédiaire dans les négociations indirectes entre la Banque centrale et le Hezbollah.
La Banque centrale a maintenant demandé que certains comptes appartenant aux parlementaires du Hezbollah soient rouverts, selon Moukalled, dès lors qu’ils reçoivent des salaires gouvernementaux réguliers.
« S’il y a une activité régulière de compte dans une certaine marge, entre 5000 $ et 10 000 $ déposé sur une base régulière, il n’y aura pas de problème. Mais si tout à coup 50 000 $ entraient dans ce compte, le cas serait étudié » a-t-il dit.
Wazni a déclaré que les fermetures de comptes pourront faire pression sur le Hezbollah.