Le chef d’État-major de Tsahal, le lieutenant-général Eyal Zamir, a jeté un pavé dans la mare mercredi soir : lors d’une allocution liée au bilan de l’opération « Im K’Lavi », il a confirmé que des unités de commandos israéliens avaient mené des opérations « en profondeur du territoire ennemi ». Sans en dire plus, le message est clair : les bras de Tsahal peuvent frapper très loin, et ils l’ont fait.

Des opérations en territoire iranien ? Le chef d’état-major n’a pas explicitement nommé la République islamique, mais les indices laissent peu de place au doute. Tsahal possède de longue date des capacités de projection dans les théâtres les plus sensibles. Les forces israéliennes ne se contentent pas de défendre leur territoire, elles collectent également des renseignements opérationnels au cœur même des zones hostiles, parfois à des milliers de kilomètres.

Une capacité d’infiltration remarquable

Les unités concernées, parmi lesquelles figurent sans doute Sayeret Matkal et l’unité Shaldag, sont spécialisées dans les opérations furtives : collecte de renseignements, neutralisation de cibles stratégiques, guidage de frappes aériennes et extraction de pilotes en cas de crash derrière les lignes ennemies. L’exercice n’est pas théorique. En septembre dernier, l’armée de l’air israélienne a dévoilé une mission en Syrie où les commandos de Shaldag ont fait irruption dans un complexe de fabrication de missiles à Masyaf, à la faveur d’un assaut hélicoptère. Le site, contrôlé par le Hezbollah et supervisé par des experts iraniens, a été totalement détruit.

Un accès direct à l’Iran

Lors de l’opération « Im K’Lavi », les informations recueillies indiquent que des cellules du Mossad avaient préalablement établi des bases temporaires à l’intérieur même de l’Iran. Ces bases auraient servi de plateformes de lancement pour des drones kamikazes et des missiles précisément ciblés sur les systèmes de défense aérienne iraniens.

Des images satellites et des documents relayés par les sources officielles israéliennes montrent des sites-clés, tels que des quartiers généraux des Gardiens de la Révolution, gravement endommagés ou rayés de la carte. L’évaluation de l’opération par l’état-major israélien est sans équivoque : la supériorité aérienne israélienne a été totale et rendue possible grâce à l’action combinée de l’aviation et des forces spéciales au sol.

Un modèle de coopération inter-services

« Nous avons atteint une maîtrise complète de l’espace aérien iranien et agi dans toutes les zones choisies », a affirmé le général Zamir. Cette efficacité est le fruit d’une symbiose rare entre le renseignement militaire, l’armée de l’air, les opérateurs cyber et les unités de terrain.

Le Mossad, qui a mené des opérations de sabotage et de cyber-destabilisation en amont, a vu ses unités opérationnelles œuvrer en coordination avec les forces armées, ce qui a permis une précision chirurgicale dans les frappes israéliennes.

Une répétition générale ?

Ce type d’opération hybride pourrait préfigurer la doctrine israélienne face aux menaces asymétriques futures. Les stratèges du ministère de la Défense estiment que l’effet de surprise, combiné à des frappes chirurgicales et à une infiltration en profondeur, constitue une stratégie redoutablement efficace contre un ennemi aussi labyrinthique que la République islamique.

Alors que la poussière retombe sur les ruines fumantes de Fordow, Natanz et Ispahan, un fait demeure : dans l’ombre, Tsahal a imposé sa signature, discrète mais décisive. Et l’Iran, pour le moment, reste sans voix.

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