La contestation contre la guerre a pris un tournant inquiétant ce mercredi matin dans la capitale israélienne. Dans les quartiers de Rehavia et Givat Ram, des groupes de protestataires ont allumé des incendies de poubelles et de pneus, provoquant l’intervention de la police. Parmi les véhicules endommagés figure celui d’un réserviste appelé à rejoindre son unité dès la semaine prochaine dans le cadre d’un ordre de mobilisation d’urgence (Tzav 8).
La propriétaire du véhicule, Tamar Bar-Shai, a raconté la scène avec émotion : « Nous sommes parents de trois enfants — deux jumelles prématurées de trois mois et une fille de quatre ans. Tous les sièges auto ont brûlé, ainsi que tout le matériel des enfants que nous avions dans la voiture. Mon mari doit partir en réserves la semaine prochaine. Je ne sais pas comment je vais pouvoir emmener les enfants aux crèches et au jardin d’enfants sans véhicule. Nous venions juste d’investir pour l’équiper. »
Les forces de l’ordre, dépêchées sur place, ont condamné fermement ces actes : « Ce ne sont pas des manifestants, mais des criminels qui se comportent comme des délinquants », a affirmé la police. Les habitants des immeubles voisins ont été temporairement évacués afin d’éviter tout risque lié aux flammes.
L’affaire a immédiatement suscité des réactions politiques. Le ministre de la Justice, Yariv Levin, a parlé de « terrorisme par incendie » (terror shel hatza) et a dénoncé « l’application sélective de la loi » en accusant la conseillère juridique de l’État et les juges de la Cour suprême de favoriser, selon lui, une justice partiale : « Ce qui se passe ce matin porte un seul nom — le terrorisme. Et il y a des complices de premier plan. L’application sélective est un crime. »
Au-delà de la polémique politique, cet épisode illustre une fracture sociale grandissante. En visant un réserviste et sa famille, ces incendiaires ont franchi un seuil symbolique : celui de s’en prendre directement à ceux qui portent le fardeau de la défense nationale. Dans un pays où des milliers de familles vivent au rythme des mobilisations d’urgence, ce type d’attaque interne ébranle non seulement la sécurité, mais aussi la cohésion de la société israélienne.
Comme le rappellent les autorités, Israël fait face à une menace sécuritaire multiple : Hamas au sud, Hezbollah au nord, Houthis au sud-est. Dans ce contexte, chaque acte de sabotage interne résonne comme un affaiblissement de la résilience nationale. Pour beaucoup, incendier la voiture d’un réserviste mobilisé dépasse la contestation politique : il s’agit d’un coup porté à l’unité d’Israël.
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