À TĂ©hĂ©ran, les habitants fuient vers le mĂ©tro : « Comme quand Saddam nous bombardait »

TĂ©hĂ©ran, 15 juin 2025 – Alors que les frappes aĂ©riennes menĂ©es par IsraĂ«l visent plusieurs sites en Iran, les civils de TĂ©hĂ©ran se tournent vers des mesures historiques de survie, rappelant les Ă©preuves vĂ©cues durant la guerre Iran–Irak des annĂ©es 1980. DĂ©filant sous terre, les habitants cherchent refuge dans les stations de mĂ©tro, que les autoritĂ©s ont officiellement converties en abris protĂ©gĂ©s. Pour beaucoup, cette mobilisation historique Ă©veille des souvenirs douloureux : « Comme quand Saddam nous bombardait. »

Métro : un abri oublié, ressuscité

Face aux alertes, les lignes ferroviaires souterraines sont redevenues des sanctuaires de la sĂ©curitĂ© civile. Des appels officiels invitent la population Ă  se rĂ©fugier dans les stations. Cette dĂ©cision intervient aprĂšs des heures de bombardement, dans une ville « oĂč il n’y a pas d’abris publics modernes » selon un rapport du Financial Times .

Les quais sont dĂ©sormais remplis de familles, chacun cherchant un semblant de normalitĂ© dans l’urgence. Des bancs sont transformĂ©s en espaces de repos improvisĂ©s, des enfants jouent Ă  mĂȘme les sols carrelĂ©s, tandis que d’autres discutent, recroquevillĂ©s avec une lampe de poche ou une couverture d’urgence Ă  la main.

Mémoire historique : la guerre des villes

Ces images rappellent douloureusement les campagnes de bombardements menĂ©es dans les annĂ©es 1980, notamment par l’Irak de Saddam Hussein. À l’époque, prĂšs de 30 % de la population de TĂ©hĂ©ran avait fui vers les rĂ©gions plus sĂ»res du nord, parfois Ă  pied, au cours de ce qu’on appelait la « guerre des villes » (fr.wikipedia.org).

Les cris des sirĂšnes et les flashs des explosions rejaillissent dans la mĂ©moire collective. Aujourd’hui encore, des survivants dĂ©crivent l’angoisse qu’ils ressentent lorsqu’ils entendent les premiers bruits sourds :

« Les explosions nous ramĂšnent Ă  cet Ăąge-lĂ . Tout ce qu’on veut, c’est descendre le plus vite possible dans les tunnels. » raconte une femme rencontrĂ©e Ă  une station centrale.

Une population en fuite

À la suite des attaques nocturnes, des longues files se sont formĂ©es devant les stations-service de la ville, chacun tentant de faire le plein ou de fuir vers les provinces plus sĂ»res ou les lignes ferroviaires suburbaines . Tant d’images symbolisent une nation qui refuse de subir passivement.

Parfois, des membres de la gĂ©nĂ©ration Saddam comparent cette situation Ă  leur expĂ©rience passĂ©e. L’un d’eux explique :

« À l’époque, on se rĂ©fugiait dans les sous-sols des immeubles. Maintenant, il faut descendre trois niveaux plus bas, lĂ  oĂč passent les trains. »

Des stations toujours vulnérables

Si le mĂ©tro offre une protection relative contre les fragments et le bruit, il n’est pas prĂ©vu pour abriter les masses en temps de guerre. Il lui manque souvent des systĂšmes de filtration, des stocks d’urgence centralisĂ©s et des zones mĂ©dicales.
Pourtant, face Ă  l’urgence, les autoritĂ©s n’ont d’autre choix que d’utiliser ce qui existe dĂ©jĂ . Des responsables locaux ont prĂ©cisĂ© qu’aucune directive d’évacuation nationale n’est envisagĂ©e pour l’instant.

Un reflet des défaillances civiles

Les frappes ont mis en lumiĂšre les lacunes de l’infrastructure moderne de sĂ©curitĂ© civile :

  • Pas d’abris rĂ©cents : TĂ©hĂ©ran ne compte pas d’abris publics modernes, Ă  la diffĂ©rence d’IsraĂ«l.
  • DĂ©pendance au systĂšme de transport : le mĂ©tro est parfois l’unique refuge disponible.
  • Vie tentĂ©e au jour le jour : la vie s’organise par tranches d’alerte–rĂ©pit.

« Nous vivons au jour le jour », confirme un commerçant : « La seule chose qu’on sait, c’est oĂč descendre s’il y a une alarme. »

Des signaux politiques et sociaux

La multiplication des attaques israĂ©liennes fait dĂ©bat. Alors que le rĂ©gime appelle Ă  l’unitĂ© nationale, des voix critiques accusent la hiĂ©rarchie militaire d’avoir dĂ©laissĂ© les investissements civils, privilĂ©giant les programmes militaires ou nuclĂ©aires.

« On a tout gaspillĂ© dans les missiles, mais on n’a jamais renforcĂ© notre protection civile. Maintenant, on paie le prix fort. »

Pour d’autres, cela rappelle que l’Iran reste un front menacĂ©, oĂč la population peut ĂȘtre entraĂźnĂ©e dans l’escalade militaire. Les rĂ©seaux sociaux regorgent de messages partagĂ©s entre rĂ©signation et dĂ©fiance.

Vers un renforcement de la défense civile ?

Les autorités locales envisagent des mesures immédiates :

  1. Renforcement des stations : ventilation, alimentation électrique de secours, communication interne.
  2. Plan d’évacuation rapide : signalĂ©tique, contrĂŽle d’accĂšs et Ă©quipes de sĂ©curitĂ© dĂ©ployĂ©es en surface.
  3. Stockage d’urgence : eau, nourriture, lampes, pharmacie de base au niveau des quais.

Ces initiatives sont encore Ă  l’état d’ébauche, mais tĂ©moignent d’une prise de conscience politique tardive. Elles rejoignent les recommandations des experts en sĂ©curitĂ©, qui voient dans ces adaptations la condition de la rĂ©silience nationale.

En conclusion

À l’ombre des frappes israĂ©liennes, TĂ©hĂ©ran change ses habitudes. Le mĂ©tro, jadis symbole de modernitĂ© et mobilitĂ© urbaine, se transforme en abri de survie. Les traumatismes d’une guerre passĂ©e remontent Ă  la surface, tandis que la ville rĂ©active ses rĂ©flexes sous la menace.

Dans l’urgence, la capitale recopie les efflorescences du passĂ© – les stations deviennent refuges, les tunnels lignes de vie, et la population se mobilise dans la solidaritĂ©, entre souvenirs douloureux et espĂ©rance de traverser la crise en toute dignitĂ©.


    RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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