Demain, mercredi, le procès de Peter Mahler, un rabbin de 74 ans, et de son fils Zachariah, débutera à Milwaukee. Ils sont accusés d’avoir saccagé une fresque murale dans le centre-ville, réalisée par l’artiste américano-palestinien Ehsan Atta. Cette œuvre, qui combine une étoile de David et une croix gammée, a suscité une indignation considérable au sein de la communauté juive locale, qui l’a qualifiée d’antisémite.
Selon les documents judiciaires, les deux accusés ont utilisé une hache et un marteau pour endommager la fresque, causant des dégâts estimés à plus de 12 000 dollars. Des caméras de surveillance ont capturé Zachariah faisant un doigt d’honneur à la caméra avant de qualifier la fresque de « discours de haine incitant à la violence ».
Les deux hommes ont reconnu les faits. Peter Mahler a déclaré : « Nous savions ce que cela impliquait. Nous sommes prêts à aller en prison ou à payer une amende. » Ils risquent une peine de prison allant jusqu’à trois ans et une amende de 10 000 dollars s’ils sont reconnus coupables.
L’artiste défend son œuvre
Ehsan Atta, propriétaire du bâtiment où la fresque a été peinte, a défendu son travail en affirmant qu’il s’agissait d’une critique politique de la politique israélienne à Gaza, et non d’une attaque contre le judaïsme. Il a expliqué que l’étoile de David était utilisée comme symbole politique en raison de son association avec l’identité nationale israélienne.
Cependant, la fresque a été vandalisée à plusieurs reprises depuis son dévoilement, notamment par un recouvrement de peinture noire. Des responsables communautaires juifs de Milwaukee ont qualifié l’œuvre de « déni abject de l’Holocauste » et de provocation. Miriam Rosenzweig, présidente de la Fédération juive de Milwaukee, a déclaré : « Cette fresque est profondément offensante pour les survivants de l’Holocauste vivant dans notre communauté. »
Débat entre soutien et condamnation
Les actions de Peter et Zachariah Mahler ont suscité des réactions partagées. Certains les considèrent comme des actes légitimes de protestation contre une œuvre incitant à la haine, tandis que d’autres dénoncent un acte criminel de vandalisme visant à réduire au silence des opinions divergentes.
Des experts juridiques estiment que ce procès pourrait établir un précédent en matière de limites entre la protestation et la destruction d’œuvres d’art controversées.
L’artiste persiste dans sa démarche
Malgré les critiques, Atta reste déterminé à poursuivre son travail. Plus tôt cette année, il a lancé une campagne de financement participatif sur GoFundMe pour créer d’autres œuvres similaires, qu’il décrit comme une critique du « génocide » mené par Israël à Gaza. Bien que la campagne ait été retirée pour violation des conditions d’utilisation de la plateforme, Atta a annoncé son intention de remplacer la fresque détruite par une nouvelle œuvre mettant en avant la lutte palestinienne.
Un soutien public au rabbin Mahler
Peter Mahler, cofondateur de la branche locale de Betar USA, bénéficie du soutien de l’organisation, qui a qualifié le procès d’« incarnation de l’absurde ». Betar a condamné la fresque comme antisémite et s’est engagé à financer les frais de justice des Mahler, dénonçant cette affaire comme une atteinte à la dignité juive.