Accusation de génocide contre Israël : la mécanique bien huilée de la délégitimation

Pour la première fois depuis le déclenchement de la guerre contre le Hamas, une association internationale de chercheurs spécialisés dans l’étude des génocides a adopté une résolution accusant Israël de commettre un génocide à Gaza. L’annonce, relayée par plusieurs médias, a été présentée comme un tournant : « La justification de la légitime défense n’est plus d’actualité », a affirmé Mélanie O’Brien, présidente de l’association. Une formule lourde de sens, qui illustre la dérive d’une partie du milieu académique, de plus en plus enclin à transformer l’analyse en condamnation politique.

L’association en question, qui se veut référence scientifique sur la question des génocides, a voté « à une majorité écrasante » cette résolution. Le texte accuse Israël d’utiliser la guerre pour infliger une « destruction partielle ou totale » de la population palestinienne de Gaza. Derrière la terminologie juridique se cache une rhétorique qui n’a rien d’innocent : employer le mot « génocide », le plus lourd du vocabulaire international, revient à assimiler l’État hébreu aux pires crimes du XXe siècle.

Or, sur le plan juridique comme factuel, cette accusation se heurte à de sérieuses contradictions. Le génocide, défini par la Convention des Nations unies de 1948, suppose l’intention de détruire un groupe national, ethnique, racial ou religieux. Israël, lui, mène une guerre déclarée contre une organisation terroriste islamiste, le Hamas, qui a ouvert les hostilités le 7 octobre 2023 en massacrant plus de 1 200 Israéliens et en enlevant des centaines d’otages. Assimiler une campagne militaire, aussi dure soit-elle, à une politique d’extermination planifiée relève d’une déformation idéologique.

Cette instrumentalisation du terme « génocide » n’est pas nouvelle. Déjà, au sein du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, certaines résolutions ont régulièrement comparé Israël à l’Afrique du Sud de l’apartheid ou l’ont assimilé à une puissance coloniale. Ce qui est nouveau, en revanche, c’est l’entrée en scène d’un corps de chercheurs censé incarner la neutralité scientifique. En cédant à la tentation du verdict politique, ils donnent une caution académique à une campagne internationale de délégitimation de l’État hébreu.

La réaction israélienne ne s’est pas fait attendre. Des diplomates à Jérusalem dénoncent un « détournement honteux du terme de génocide », rappelant que Tsahal a mis en place des mécanismes sans précédent pour alerter les civils avant des frappes, créer des couloirs humanitaires et faciliter l’acheminement de l’aide internationale. « Accuser Israël de génocide, c’est réécrire l’histoire et blanchir le Hamas de ses crimes », a déclaré un responsable israélien cité par Infos-Israel.News.

Cette résolution relance un débat plus large : jusqu’où certains milieux académiques et politiques sont-ils prêts à aller pour isoler Israël ? Dans un contexte où les propagandes islamistes et pro-palestiniennes saturent les réseaux sociaux, l’usage du mot « génocide » sert d’arme psychologique, destinée à retourner l’opinion internationale. En Europe comme aux États-Unis, des mouvements militants s’appuient déjà sur ce qualificatif pour exiger des sanctions, des boycotts ou des procédures judiciaires contre l’État hébreu.

Pour Israël, le danger n’est pas seulement moral mais stratégique. La multiplication de ces accusations fragilise sa position diplomatique et pourrait être utilisée dans des instances comme la Cour pénale internationale. Ce glissement rhétorique vise moins à décrire la réalité qu’à enfermer Israël dans le rôle du bourreau. Comme le rappelait le philosophe Asa Kasher, auteur du code éthique de Tsahal, « il n’y a pas de génocide à Gaza, il y a une guerre difficile contre une organisation terroriste, et une armée qui se retient chaque jour davantage qu’aucune autre armée au monde ».

Au fond, l’accusation de génocide contre Israël révèle une fracture idéologique mondiale. D’un côté, ceux qui voient dans l’État hébreu une démocratie assiégée luttant pour sa survie. De l’autre, ceux qui, au nom d’une lecture militante du droit international, l’assimilent à un régime criminel. Ce choc de perceptions, exacerbé par les images de Gaza, façonne déjà l’opinion publique et pèsera lourd sur les futures négociations internationales.

En conclusion, qualifier Israël de génocidaire n’est pas seulement une erreur juridique et historique : c’est une arme politique visant à saper sa légitimité et à réécrire la réalité de la guerre. Mais en galvaudant le mot « génocide », on prend aussi le risque de vider ce terme de son sens, d’affaiblir la mémoire des vraies exterminations du siècle passé, et de transformer le droit international en outil de propagande. Dans ce combat sémantique, c’est bien plus que l’image d’Israël qui est en jeu : c’est la crédibilité même des institutions académiques et juridiques.

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