Un acte d’accusation a été déposé cette semaine devant le tribunal de la circulation de Jérusalem dans une affaire qui a profondément choqué l’opinion publique israélienne. Le conducteur d’un camion, Sahar Benarush, est poursuivi pour avoir causé par négligence la mort de la soldate Yuval Hakshur, décédée des suites de ses blessures après avoir été percutée à l’intérieur d’une base militaire. Selon l’accusation, le drame aurait été la conséquence directe d’une conduite dangereuse, marquée par l’usage du téléphone portable et une absence totale d’attention à la route.
D’après les éléments présentés par le Parquet de l’État, les faits se sont produits au mois d’avril dernier sur la base militaire d’Anatot, au nord de Jérusalem. Le conducteur est entré sur la base au volant d’un camion équipé d’une grue, sans insérer de disque dans le tachygraphe, un dispositif obligatoire destiné à enregistrer les données de conduite, notamment la vitesse et les temps de repos. Cette infraction constitue déjà, en soi, une violation grave de la réglementation en vigueur.
À son arrivée à l’entrée de la base, Benarush aurait été invité par les soldats de garde à s’arrêter et à présenter un permis d’accès valide. N’étant pas en mesure de fournir l’autorisation requise, il lui aurait été demandé de déplacer son véhicule sur le côté afin de libérer le passage. C’est au cours de cette manœuvre, à l’intérieur même de l’enceinte militaire, que le drame s’est produit.
Selon l’acte d’accusation, le conducteur tenait le volant d’une seule main, tandis que l’autre était occupée par son téléphone portable. Il aurait roulé sans regarder dans la direction de sa progression et sans vérifier que la voie était dégagée. Cette conduite imprudente aurait conduit le camion à percuter de plein fouet la soldate Yuval Hakshur, qui traversait la chaussée à ce moment-là dans le cadre de ses fonctions.
La jeune soldate a été grièvement blessée lors de l’impact. Elle a immédiatement été évacuée vers un établissement hospitalier pour y recevoir des soins intensifs. Malgré les efforts des équipes médicales, son état est resté critique pendant plusieurs jours, avant qu’elle ne succombe à ses blessures environ deux semaines plus tard. Sa mort a plongé sa famille, ses camarades d’unité et l’ensemble de la société israélienne dans une profonde tristesse.
Le conducteur est désormais inculpé pour plusieurs infractions graves, dont homicide involontaire par négligence, usage du téléphone portable au volant et non-respect des obligations légales liées au tachygraphe. L’accusation estime que ces manquements répétés traduisent un comportement irresponsable et une indifférence manifeste aux règles élémentaires de sécurité, d’autant plus préoccupantes dans un environnement militaire où la vigilance est primordiale.
Au-delà de l’aspect judiciaire, l’affaire relance un débat sensible en Israël sur la sécurité routière, y compris au sein des bases militaires. Si ces zones sont perçues comme hautement sécurisées sur le plan terroriste, elles ne sont pas à l’abri des dangers liés à la circulation routière. Plusieurs experts soulignent que les bases militaires concentrent des flux de véhicules lourds, civils et militaires, et que la moindre négligence peut avoir des conséquences dramatiques.
L’usage du téléphone portable au volant reste l’une des principales causes d’accidents mortels sur les routes israéliennes. Malgré les campagnes de sensibilisation et le durcissement des sanctions, de nombreux conducteurs continuent de sous-estimer le danger, convaincus à tort qu’un bref regard sur un écran ne peut avoir de conséquences graves. Le cas de Yuval Hakshur illustre tragiquement le contraire.
Des proches de la soldate ont exprimé leur espoir que ce procès serve d’électrochoc. Pour eux, la reconnaissance judiciaire de la responsabilité du conducteur est essentielle, non seulement pour rendre justice à Yuval, mais aussi pour envoyer un message clair : l’inattention au volant tue, même loin des routes civiles, même à l’intérieur d’une base militaire.
Du côté des forces armées, l’affaire a conduit à un rappel interne des consignes de sécurité, tant pour les soldats que pour les prestataires civils autorisés à pénétrer sur les bases. La coopération avec la Police israélienne et les autorités judiciaires est présentée comme totale, afin d’éclaircir chaque détail de l’accident.
Alors que le procès s’ouvre, l’image de Yuval Hakshur, soldate engagée, morte non pas sur un champ de bataille mais à la suite d’une négligence évitable, demeure un symbole douloureux. Son décès rappelle que la responsabilité individuelle au volant n’est pas une abstraction juridique, mais une obligation morale dont les conséquences peuvent être irréversibles.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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