Pour la première fois depuis treize ans, la Turquie et l’Égypte mèneront à la fin septembre un vaste exercice naval conjoint en Méditerranée orientale. L’annonce, faite par le ministère turc de la Défense et relayée par la chaîne Al-Arabiya, souligne un rapprochement spectaculaire entre deux puissances régionales longtemps en froid. Au-delà du symbole, cette manœuvre militaire interroge sur son impact potentiel pour la sécurité israélienne et l’équilibre des forces au Moyen-Orient.
Depuis la guerre de Gaza et la fragilisation de la Syrie, Recep Tayyip Erdoğan tente d’imposer Ankara comme arbitre incontournable. Il a investi massivement pour soutenir ses protégés dans le nord syrien et cherche à s’imposer comme leader sunnite face à l’Arabie saoudite et l’Iran. Dans ce contexte, renouer avec l’armée égyptienne, forte et implantée stratégiquement dans le Sinaï, permet à Ankara de gagner en crédibilité militaire et diplomatique. Pour Le Caire, ce partenariat s’explique par la crainte croissante de voir des milliers de Gazaouis franchir la frontière vers le territoire égyptien, un scénario jugé explosif.
Israël suit de près ce rapprochement. D’autant que des révélations récentes ont montré que Tsahal avait démantelé en Syrie des systèmes d’écoute installés par les Turcs, considérés comme une menace directe pour la sécurité nationale. Plus inquiétant encore, un média pro-Erdogan a publié il y a peu une « banque de cibles » potentielles en Israël, incluant des bases de l’armée de l’air, le complexe militaire de la Kirya à Tel-Aviv, les ports de Haïfa, Ashdod et Eilat, les plateformes gazières de Tamar et Léviathan, et même le site nucléaire de Dimona.
L’implication de la Chine ajoute une dimension supplémentaire. Pékin a récemment conduit un exercice aérien commun avec l’Égypte, alignant ses chasseurs J-10C, ses avions-ravitailleurs YU-20 et ses appareils de détection KJ-500. Une démonstration de force inédite qui reflète l’ambition chinoise d’élargir son empreinte militaire en Méditerranée, tout en se présentant comme un partenaire stratégique du Caire. Cette triangulation Turquie–Égypte–Chine illustre une recomposition inquiétante pour Jérusalem : des puissances régionales et globales qui coopèrent dans une zone vitale pour Israël.
En toile de fond, l’Iran poursuit ses provocations, et la Russie conserve un rôle d’équilibriste en Syrie. Israël, pris en étau entre une menace persistante au Nord et une guerre toujours ouverte à Gaza, doit envisager que ses voisins du Sud et de l’Ouest réactivent une coordination militaire qui, sans être encore dirigée contre lui, pourrait un jour servir à l’isoler. Dans cette Méditerranée en effervescence, la supériorité technologique israélienne — des F-35 au système « Magen Or » — demeure un rempart essentiel, mais l’environnement stratégique s’annonce plus instable que jamais.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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