
Un incendie à Jérusalem relance le débat politique et sécuritaire. Le vice-ministre Almog Cohen appelle à interdire le mouvement « Frères d’Armes », accusé de franchir la ligne rouge entre protestation et terrorisme. Une affaire symptomatique des tensions internes qui agitent Israël en pleine guerre sur plusieurs fronts.
Un événement apparemment « local » a suffi à déclencher une tempête politique. Dans la soirée de mercredi, un militant identifié comme proche du mouvement contestataire « Frères d’Armes » a été arrêté après avoir mis le feu à une benne, un véhicule et menacé un immeuble entier dans un quartier de Jérusalem. L’incident, qui aurait pu tourner au drame, a révélé des liens entre cet individu et l’organisation qui se présente comme un collectif civique de protestation. Pour Almog Cohen, vice-ministre issu du parti Otzma Yehudit, la conclusion est implacable : « Nous ne pouvons plus fermer les yeux. ‘Frères d’Armes’ doit être déclaré organisation terroriste. »
Quand la contestation se mue en menace
Depuis deux ans, « Frères d’Armes » s’était imposé dans le paysage israélien comme un acteur visible des manifestations contre la réforme judiciaire. Ce groupe, composé en partie d’anciens officiers et de réservistes, affirmait vouloir défendre la démocratie. Mais à mesure que les tensions politiques s’aiguisaient, les slogans se sont durcis, et les actions de perturbation ont parfois viré à l’intimidation.
L’incident de Jérusalem apparaît comme un point de bascule. Cohen a immédiatement adressé une lettre au ministre de la Défense et au directeur par intérim du Shin Bet, exigeant que le mouvement soit inscrit sur la liste des organisations interdites. « Lorsqu’un groupe organise, inspire ou couvre des actes de violence, il ne s’agit plus de contestation politique mais d’un danger sécuritaire », a-t-il martelé.
Une fracture interne exploitée par les ennemis extérieurs
Ce débat n’est pas seulement juridique. Il touche à une faille profonde au sein de la société israélienne : comment concilier le droit à la critique avec l’impératif de sécurité nationale ? Pour Cohen et ses alliés, l’équation est claire. En pleine guerre contre le Hamas à Gaza, sous la menace des roquettes du Hezbollah et des drones houthis, Israël ne peut tolérer qu’une organisation intérieure vienne saper sa cohésion.
De nombreux observateurs notent d’ailleurs que des chaînes de propagande hostiles à Israël, notamment affiliées au Hamas et au Hezbollah, relayent régulièrement les slogans des « Frères d’Armes » pour alimenter le récit d’un Israël divisé. « Ce n’est pas un hasard », explique un analyste cité par Infos-Israel.News. « Chaque fracture interne est instrumentalisée par nos ennemis. Ce qui se joue à Jérusalem est lié à Téhéran et à Beyrouth. »
L’État d’Israël face à ses propres lignes rouges
La question qui se pose désormais est celle de la qualification juridique. Le droit israélien permet de désigner comme organisation terroriste tout groupe qui incite ou organise des actions violentes visant à intimider la population ou à affaiblir l’État. Or, le cas de « Frères d’Armes » s’inscrit dans une zone grise : mouvement civique ou relais de violence ? Cohen ne veut plus de nuances.
L’appel à interdire le mouvement s’inscrit aussi dans un contexte plus large de fermeté gouvernementale. Benyamin Netanyahou, interrogé cette semaine sur l’éventualité de mesures unilatérales, a rappelé : « Si des pas unilatéraux sont faits contre nous, nous répondrons par des pas unilatéraux. » Dans cette atmosphère, l’affaire Cohen pourrait servir de catalyseur pour durcir la ligne sécuritaire interne.
Une société sous pression mais résiliente
Les critiques, notamment dans certains médias de gauche, dénoncent une « chasse aux sorcières » et craignent que la qualification terroriste ne soit utilisée pour museler toute opposition. Mais pour la majorité de l’opinion, les images de l’incendie de Jérusalem sont sans appel. La frontière a été franchie.
L’histoire d’Israël a montré que l’unité nationale est une condition de survie. Du drame de l’Altalena en 1948 aux divisions actuelles, les fractures internes n’ont jamais profité qu’aux ennemis extérieurs. Le rappel de ce précédent est plus que symbolique. Comme l’explique RakBeIsrael.buzz, « un État entouré d’ennemis ne peut se permettre que des groupes internes jouent avec le feu, au sens propre comme au figuré ».
La conclusion de Cohen : agir vite
En appelant à classer « Frères d’Armes » comme organisation terroriste, Almog Cohen ne se contente pas d’un coup politique. Il lance un avertissement à l’ensemble de la société israélienne : les lignes rouges doivent être respectées. Faute de quoi, c’est la sécurité de tous qui est menacée.
Pour Israël, en guerre sur plusieurs fronts, ce message résonne comme un rappel vital : l’ennemi n’est pas seulement à Gaza, au Liban ou au Yémen. Il peut aussi surgir de l’intérieur, si l’État hésite à trancher.
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