Ce texte a été publié par Alon Bakal Z »L quelques semaines avant d’être assassiné à Tel-Aviv.
Que sa mémoire soit bénie !
« Etre un Golani (unité d’élite Israélienne) c’est maudire la pluie et la boue de l’instant présent,
Mais s’entêter à partir en mission la nuit suivante.
C’est appeler Maman pour la rassurer,
Et dire à Papa « Mais non, je ne suis pas à Bethleem, je suis à Beth Chemech».
C’est comprendre la peur des civils,
Sans savoir s’ils comprennent ta propre peur.
C’est regarder le soleil se coucher,
Et savoir que la journée ne fait que commencer.
Etre Golani, c’est poser plein de questions sur la mort,
Sans recevoir une seule réponse sur la vie.
C’est perdre des frères d’armes, mais pas l’espoir,
Ni la volonté de se battre, ni la clarté de l’esprit.
Entendre parler du passé au Liban, alors que notre lendemain est en Judée Samarie.
Ressentir une volonté de vengeance après chaque attentat,
Mais ne pas s’en prendre à un Arabe dans un check-point.
Etre un Golani, c’est rêver d’un voyage à l’étranger et se promener en Zone A**,
Prendre une bouchée de Louf*** et imaginer que c’est un shwarma.
Etre un Golani, c’est voir le paysage depuis la fenêtre du bus,
Et savoir que tu l’as parcouru à pied, lui aussi.
C’est tirer sur des cibles en carton, mais respirer la bataille.
C’est maudire ces trois ans d’armée, et penser qu’elles sont insuffisantes.,
S’énerver d’être tiré du lit, mais comprendre le mérite de participer à une opération.
Etre un Golani, c’est diviser le courage en plusieurs niveaux de peur,
C’est une amitié profonde, qui se révèle chaque jour un peu plus,
C’est le noir complet, mais les nuits blanches.
C’est s’énerver contre la copine qui a attendu, mais qui a fini par partir,
Parce que tu ne rentres jamais à la maison, et que tu ne sais pas même quand tu vas rentrer.
N’être blessé que par les éclats du cœur.
Regarder les soldats aux bérets rouges,
Alors que ce sont tes yeux qui le sont.
Etre un Golani, c’est le Beaufort et le Hermon, et Tel Fa’her et Tel Farez et le Solouki****,
Et le drapeau d’encre à Eilat, et le Golan, et le Liban, et toute la terre d’Israël.
C’est terminer un parcours du combattant depuis le Hermon, et aimer la terre d’Israël qui se révèle à toi.
Etre un Golani, c’est le passé, le présent et le futur,
Et le rêve, et l’espoir, et les couchers de soleil et les rivières et les levers de soleil,
Et l’ex-nihilo, et la fatigue, constante, et les religieux et les non-religieux,
Et la nostalgie, et la peine, et l’arme toujours à la main.
C’est penser d’abord à ton pays, et aspirer toujours à plus.
C’est ne pas laisser celui que tu es, déranger celui que tu pourrais être.
Le sol est imbibé de sang, et nous sommes là pour vous,
Pour votre sécurité.
Nous aimons notre peuple, nous aimons notre patrie.
Nous jurons fidélité à Jérusalem, parce que
Etre un Golani, c’est avant tout être un être humain».
On t’aime Alon, et on ne t’oublie pas.