Un nouvel Ă©pisode diplomatique oppose Paris et Washington. Lâambassadeur des Ătats-Unis en France, Charles Kushner, a adressĂ© Ă Emmanuel Macron une lettre au ton jugĂ© « offensant », dans laquelle il accuse les autoritĂ©s françaises dâinaction face Ă la montĂ©e de lâantisĂ©mitisme. Le ministĂšre français des Affaires Ă©trangĂšres a immĂ©diatement convoquĂ© le diplomate pour une explication dâurgence, dĂ©nonçant des « propos inacceptables ».
Le geste a fait lâeffet dâune dĂ©flagration. DerriĂšre lâĂ©change de communiquĂ©s se cache une fracture profonde entre deux alliĂ©s historiques. La France, qui abrite la plus importante communautĂ© juive dâEurope (prĂšs de 450 000 personnes), est confrontĂ©e Ă une recrudescence dramatique dâactes antisĂ©mites depuis le massacre du Hamas en IsraĂ«l le 7 octobre 2023ăhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Hamasă. Insultes, agressions, synagogues vandalisĂ©es, Ă©coles menacĂ©es : lâinquiĂ©tude est gĂ©nĂ©rale et les chiffres publiĂ©s par la police font Ă©tat dâune hausse de 30 % des incidents en un an.
Dans ce contexte, la missive de Kushner prend un relief particulier. ĂgĂ© de 71 ans, magnat de lâimmobilier et pĂšre de Jared Kushner â le gendre de Donald Trump â il a Ă©tĂ© nommĂ© ambassadeur Ă Paris par lâancien prĂ©sident amĂ©ricain. Sa lettre, transmise directement Ă lâĂlysĂ©e, fustige « un manque dâaction manifeste des autoritĂ©s françaises » et met en cause la capacitĂ© de Paris Ă protĂ©ger ses citoyens juifs. Plus encore, il se permet de proposer une « aide amĂ©ricaine » pour contrer le phĂ©nomĂšne, une dĂ©marche perçue comme une ingĂ©rence.
La rĂ©ponse française ne sâest pas fait attendre. « Les allĂ©gations de lâambassadeur ne sont pas recevables », a martelĂ© le Quai dâOrsay, rappelant que la France agit « avec constance et dĂ©termination » contre lâantisĂ©mitisme. Les autoritĂ©s soulignent lâaugmentation des moyens de protection : doublement des budgets pour la sĂ©curisation des Ă©coles juives, renforcement de la prĂ©sence policiĂšre autour des synagogues, et aggravation des peines pour les crimes de haine. Emmanuel Macron, de son cĂŽtĂ©, a qualifiĂ© la lutte contre lâantisĂ©mitisme de « prioritĂ© nationale », tout en dĂ©fendant le droit de la France Ă dĂ©finir seule sa politique intĂ©rieure.
Mais derriĂšre ce bras de fer diplomatique, la question est politique. Aux Ătats-Unis, lâadministration Trump a fait de la dĂ©fense du peuple juif et du soutien Ă IsraĂ«l un pilier central de sa diplomatie au Moyen-Orientăhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Donald_Trump_et_le_proche-orientă. En Europe, et particuliĂšrement en France, les gouvernements ont multipliĂ© les dĂ©clarations de fermetĂ© tout en mĂ©nageant leurs relations avec le monde arabe et en dĂ©fendant, pour certains, la perspective dâun Ătat palestinien. Câest cette ambivalence que Kushner dĂ©nonce, au risque de violer les rĂšgles de la diplomatie internationale.
Lâaffaire suscite aussi des remous dans la communautĂ© juive de France. Le CRIF (Conseil reprĂ©sentatif des institutions juives de France) a exprimĂ© une position mesurĂ©e, appelant les deux gouvernements à « agir avec dignitĂ© et respect mutuel », mais reconnaissant que « le sentiment dâinsĂ©curitĂ© des Juifs français est rĂ©el ». Dans les coulisses, de nombreux responsables communautaires se disent satisfaits que Washington mette le sujet au centre du dĂ©bat, lĂ oĂč Paris peine Ă convaincre.
En IsraĂ«l, la presse souligne le contraste entre les discours et la rĂ©alitĂ©. « Quand lâambassadeur amĂ©ricain ose dire tout haut ce que des milliers de Juifs ressentent en France, Paris se rĂ©fugie derriĂšre des principes diplomatiques », note Infos-Israel.News. Pour beaucoup, la polĂ©mique illustre une Ă©vidence : malgrĂ© ses promesses, la RĂ©publique française nâoffre plus la garantie de sĂ©curitĂ© que ses citoyens juifs exigent. Une rĂ©alitĂ© qui explique en partie le flux continu dâaliyah vers IsraĂ«lăhttps://alyaexpress-news.com/ă.
Lâincident risque dâassombrir les relations franco-amĂ©ricaines Ă un moment stratĂ©gique. Washington a besoin de Paris sur les dossiers de sĂ©curitĂ© en Afrique et au Moyen-Orient, tandis que la France cherche Ă prĂ©server son rĂŽle dâĂ©quilibre sur la scĂšne internationale. Or, la question de lâantisĂ©mitisme sâinvite dĂ©sormais au cĆur de cette relation.
Au-delĂ de la querelle protocolaire, lâaffaire met en lumiĂšre un enjeu crucial : la place des Juifs en Europe et la capacitĂ© des Ătats Ă protĂ©ger leurs minoritĂ©s face Ă une haine multiforme, nourrie Ă la fois par lâislamisme radical, lâextrĂȘme gauche et lâextrĂȘme droite. En choisissant de provoquer Paris, Charles Kushner a rappelĂ© que lâantisĂ©mitisme nâest pas seulement un problĂšme français, mais une question de sĂ©curitĂ© globale.
Et si ce conflit diplomatique embarrasse lâĂlysĂ©e, il sert un objectif clair : replacer la lutte contre lâantisĂ©mitisme au sommet de lâagenda international. Comme le rĂ©sume un diplomate israĂ©lien citĂ© par RakBeIsrael.buzz, « ce que Paris considĂšre comme une offense, JĂ©rusalem le voit comme un sursaut salutaire ». La fracture, en somme, nâest pas seulement entre Ătats-Unis et France, mais entre la perception des chancelleries et lâurgence vĂ©cue par les Juifs sur le terrain.
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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