Après Gaza, Washington vise l’Ukraine : l’administration Trump prépare un plan secret pour stopper la guerre

Après avoir supervisé un accord pour mettre fin à la guerre à Gaza, l’administration américaine du président Donald Trump s’attaque désormais à un nouveau front : l’Ukraine. Selon des responsables américains et russes cités par N12, Washington travaille discrètement à l’élaboration d’un plan en 28 points destiné à stopper le conflit. Cette initiative, coordonnée avec Moscou, pourrait redessiner l’équilibre stratégique de l’Europe — mais les réactions de Kiev et des capitales européennes restent encore incertaines.

Le cœur de l’information est sans ambiguïté : Washington et Moscou discutent d’un texte structuré, articulé en quatre volets — conditions de fin de guerre, garanties de sécurité, architecture de sécurité européenne et avenir des relations entre les États-Unis, la Russie et l’Ukraine. Le diplomate chargé de mener ce dossier côté américain est Steve Witkoff, envoyé spécial de Trump, qui multiplie les échanges avec Kirill Dmitriev, directeur du fonds souverain russe et figure profondément impliquée dans la diplomatie parallèle autour de l’Ukraine.

Dmitriev affirme avoir passé trois jours entiers en discussions avec Witkoff et d’autres conseillers américains lors d’une visite à Miami fin octobre. Son ton est étonnamment optimiste : « Cette fois, nous sentons que la position russe est vraiment prise en compte. » Une formulation lourde de sens, qui marque une rupture avec les tensions diplomatiques de ces dernières années.

Selon N12, Witkoff devait rencontrer Volodymyr Zelensky aujourd’hui en Turquie, mais il a finalement reporté son déplacement. Toutefois, il a déjà discuté du plan avec le conseiller à la sécurité nationale ukrainien, Rustem Umerov, lors d’une réunion à Miami quelques jours plus tôt. Un officiel ukrainien a confirmé l’information : « Nous savons que les Américains travaillent sur quelque chose. »

La ligne affichée par Washington est claire : Trump estime qu’une fenêtre s’ouvre pour mettre fin à une guerre « insensée », à condition que toutes les parties montrent une certaine flexibilité. Pour les États-Unis, l’objectif n’est pas uniquement la cessation des combats, mais la reconstruction d’un cadre stratégique durable en Europe — un objectif présenté comme la suite logique de l’accord imposé à Gaza.

L’un des points centraux du plan repose sur les discussions préalables entre Donald Trump et Vladimir Poutine, menées en Alaska en août. Selon Dmitriev, le projet consiste à transformer ces principes bilatéraux en un document capable de s’appliquer au conflit ukrainien et à la sécurité européenne en général. L’enjeu dépasse largement l’Ukraine : il s’agit de redéfinir la relation entre les deux grandes puissances nucléaires tout en intégrant les préoccupations russes, souvent ignorées par les initiatives européennes.

Mais plusieurs inconnues demeurent. Notamment : comment le plan aborde-t-il la question des territoires occupés dans l’est de l’Ukraine ? Les forces russes avancent lentement mais contrôlent encore une fraction du territoire inférieure à ce que revendique le Kremlin. Ce point est considéré comme l’un des plus sensibles du dossier.

Les responsables américains cités par N12 confirment par ailleurs que la Maison Blanche a déjà commencé à informer les gouvernements européens du contenu du plan. À Washington, certains estiment que les alliés européens et Kiev pourraient, cette fois, accepter un compromis, en raison de l’évolution du rapport de force sur le terrain : Moscou a repris un avantage tactique et exerce une pression croissante sur les lignes ukrainiennes.

Du côté russe, Dmitriev critique ouvertement une autre initiative préparée par le Royaume-Uni — une “proposition de paix style Gaza” qui ignorerait les demandes de Moscou. Pour lui, cette alternative a « zéro chance d’aboutir ». Il affirme que les Américains tentent actuellement d’expliquer aux Ukrainiens et aux Européens « les avantages de la nouvelle approche ».

Ce discours intervient à un moment où les chefs militaires russes se vantent publiquement de nouvelles avancées sur le champ de bataille. Une dynamique qui, selon Moscou, renforce sa position stratégique et lui offre un levier supplémentaire dans les négociations.

Un autre élément clé du dossier est la préparation d’un futur sommet entre Trump et Poutine, prévu initialement à Budapest mais désormais suspendu. L’administration américaine veut finaliser l’ébauche du plan avant qu’une nouvelle rencontre entre les deux dirigeants puisse être programmée.

Pour l’Ukraine, le dilemme est douloureux. D’un côté, Zelensky répète qu’il veut la fin des combats. De l’autre, l’idée d’accepter un compromis incluant des concessions territoriales ou un gel de la situation militaire représente un risque politique immense. Les capitales européennes, elles aussi, oscillent entre soutien indéfectible à Kiev et prise de conscience que la guerre s’enlise.

Ce dossier, très technique et encore secret, marque le retour assumé de Washington comme puissance diplomatique capable de remodeler les équilibres régionaux, après le succès de l’accord sur Gaza. Pour Israël, cette dynamique n’est pas sans conséquences : une Russie repositionnée, un dialogue direct USA–Moscou renforcé, et une réévaluation globale de la sécurité européenne peuvent influer sur les équilibres au Moyen-Orient et sur la relation triangulaire Israël–États-Unis–Russie.

La géopolitique du monde post-7 octobre se redessine sous nos yeux. Si le plan américain voit le jour, il pourrait marquer un tournant majeur : la première tentative sérieuse depuis 2022 pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Mais comme toujours dans l’histoire récente, rien ne sera possible sans un accord entre Washington, Moscou — et un Kiev sous pression.

 


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés

 

Â