Six Israéliens ont été assassinés dimanche dans un attentat meurtrier à l’entrée du quartier de Ramot à Jérusalem. À peine quelques heures plus tard, l’establishment sécuritaire alertait déjà sur un risque d’escalade rapide en Judée-Samarie. Selon les services de sécurité, deux scénarios sont désormais pris très au sérieux : une multiplication d’attaques locales menées par des cellules improvisées, à l’image du déclenchement de la première Intifada, ou bien une décision coordonnée de l’Autorité palestinienne et des factions armées d’engager une confrontation générale, comme lors de la seconde Intifada.
Les responsables de Tsahal et du Shin Bet pointent plusieurs facteurs aggravants. D’abord, la succession de déclarations internationales sur une possible reconnaissance d’un État palestinien, qui galvanise les activistes et renforce la propagande anti-israélienne. Ensuite, la guerre à Gaza, dont le coût humanitaire sert de levier à un discours de mobilisation dans les territoires. À cela s’ajoutent la période sensible des fêtes et de la récolte des olives, propice aux frictions quotidiennes, et surtout la crise économique profonde de l’Autorité palestinienne, avec des salaires impayés, des banques fragilisées et des grèves qui minent la stabilité interne.
Dans le nord de la Samarie, l’armée concentre ses efforts. Sous le commandement du colonel Matan Feldman, des opérations intensives sont menées dans les villages d’où sont sortis les deux terroristes de l’attentat de Ramot. Katana, Biddu et Qubeiba sont placés sous couvre-feu, les permis de travail en Israël y ont été annulés et plus d’une centaine de cibles palestiniennes ont été visées par des mesures administratives et policières.
Les premières conclusions de l’enquête montrent que les assaillants sont partis tôt le matin de leurs villages, se sont organisés, puis ont été transportés jusqu’au carrefour de Ramot où ils ont ouvert le feu, tuant six civils israéliens. Les forces de sécurité continuent de rechercher d’éventuels soutiens logistiques, notamment dans les villages de Beit Surik et Biddu, et renforcent les points sensibles autour de Jérusalem.
Face à la menace, l’appareil sécuritaire israélien a déclenché une mobilisation sans précédent : doublement des équipes d’alerte dans les localités, distribution accrue d’armes légères et de véhicules blindés aux unités de sécurité civiles, mise en place de cinq nouvelles unités de réaction rapide intégrant soldats et habitants pour être en première ligne lors des attentats. Parallèlement, une task force conjointe police-Shin Bet lutte contre la « criminalité nationaliste » avec confiscation de véhicules, ordres d’éloignement et procédures judiciaires renforcées.
Les données de 2025 montrent une baisse notable du nombre global d’attentats par rapport aux années précédentes, conséquence directe de l’opération « Brise Vagues ». Depuis son lancement, près de 1 500 terroristes ont été éliminés, la plupart armés ou impliqués directement dans des attaques, contre 244 seulement lors de l’opération « Rempart » en 2002. Mais le carnage de Ramot vient rappeler que la menace est loin d’être endiguée, et que la Judée-Samarie pourrait redevenir l’épicentre d’une nouvelle vague de violence.
Dans ce contexte explosif, la question n’est plus de savoir si Israël peut éviter l’escalade, mais combien de temps il peut la contenir. L’attentat de Jérusalem agit comme un signal d’alarme : le pays doit se préparer à un front intérieur étendu, où chaque village, chaque carrefour et chaque colonie deviennent des cibles potentielles.
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