Après un échange avec Netanyahu, Berlin lève l’embargo sur les armes : un tournant stratégique majeur entre Israël et l’Allemagne

La décision est tombée hier soir, confirmée par plusieurs médias internationaux : l’Allemagne va lever, dès le 24 novembre, les restrictions imposées depuis août sur les exportations d’armes vers Israël. Cette annonce, révélée par l’agence Associated Press, marque un changement profond de la politique allemande au moment où Israël cherche à consolider son réseau d’alliances après plus d’un an de guerre et de tensions diplomatiques.
Source principale : AP News – Germany lifts restrictions on military exports to Israel
👉 https://apnews.com/article/5dc988d1472099db3f06a2c3232b7f78

Selon AP, la décision intervient après un entretien direct entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le chancelier allemand Friedrich Merz, récemment élu à la tête du gouvernement. Berlin justifie ce revirement par « la stabilisation du cessez-le-feu du 10 octobre » et par « l’augmentation significative de l’aide humanitaire à Gaza ».
Cette modification de doctrine met fin à trois mois d’un gel qui avait profondément irrité Jérusalem. En août dernier, l’Allemagne annonçait en effet ne plus autoriser l’exportation d’armements pouvant être utilisés dans la bande de Gaza. Une décision considérée à l’époque comme une volte-face historique d’un pays qui s’était toujours présenté comme le garant européen de la sécurité d’Israël depuis la Shoah.

Pour les responsables israéliens, cette annonce est perçue comme une victoire stratégique. Depuis plusieurs semaines, le gouvernement mettait en garde contre l’affaiblissement du front diplomatique occidental, alors que certaines capitales européennes se distançaient de plus en plus de la ligne pro-israélienne en raison de pressions politiques internes.
La levée de l’embargo replace Berlin dans le camp des alliés affirmés, aux côtés des États-Unis et du Royaume-Uni, dans un contexte où Israël doit reconstituer ses stocks d’armes et de systèmes défensifs après des mois d’opérations intensives.

Le South China Morning Post confirme que l’Allemagne, après avoir initialement gelé les exportations, revient désormais à un système d’examen « au cas par cas » plus favorable à Israël.
Source secondaire : SCMP
👉 https://www.scmp.com/news/world/middle-east/article/3333126/germany-lift-curbs-arms-exports-israel-reversal-foreign-policy

Pour Berlin, cette décision vise également à rectifier une situation devenue intenable politiquement. Friedrich Merz, élu il y a quelques mois, s’était engagé à rétablir la confiance stratégique avec Israël. Son gouvernement insistait sur le fait que l’Allemagne devait « rester fidèle à sa responsabilité historique ». En coulisses, de fortes tensions étaient rapportées entre les nouvelles équipes allemandes et certains membres du ministère des Affaires étrangères, plus critiques envers la politique israélienne.

En Israël, plusieurs analystes notent que cette levée d’embargo n’est pas seulement symbolique. Elle pourrait permettre la reprise rapide de livraisons clés, notamment de pièces essentielles pour les systèmes de défense antimissile, de munitions de précision ou d’équipements électroniques intégrés dans les infrastructures de Tsahal. Même si l’Allemagne n’est pas le principal fournisseur d’armement d’Israël, elle est un acteur technologique incontournable dans plusieurs chaînes de production conjointes.

Sur le plan diplomatique, ce geste allemand pourrait avoir un effet domino. En Europe, plusieurs États avaient adopté une posture prudente depuis l’été, l’Espagne et l’Irlande allant jusqu’à bloquer explicitement certaines exportations militaires. Le retour de Berlin à une position favorable à Israël pourrait pousser d’autres gouvernements à s’aligner, notamment les Pays-Bas ou la République tchèque, traditionnellement proches des positions israéliennes.

Pour Israël, ce revirement intervient au moment opportun. La scène internationale est secouée par des débats sur une possible reconnaissance d’un État palestinien à l’ONU, des accusations répétées d’ONG et une polarisation croissante en Occident. Face à cette pression, le gouvernement Netanyahu cherche à démontrer que ses alliances essentielles restent intactes malgré les vents contraires.

D’autant plus que l’opinion publique allemande s’était fortement divisée au cours des derniers mois. Plusieurs manifestations pro-palestiniennes avaient accusé Berlin de complicité dans la guerre à Gaza, tandis que les partis conservateurs et libéraux défendaient une position ferme : Israël doit pouvoir se défendre sans entrave. La décision annoncée lundi met fin à cet affrontement interne en faveur d’une ligne clairement pro-israélienne.

Mais au-delà du signal politique, la levée de l’embargo reflète une réalité géostratégique incontournable : un Israël affaibli militairement serait synonyme d’un Moyen-Orient moins stable, ce que l’Europe, déjà confrontée aux crises ukrainienne et énergétique, ne peut se permettre.

En résumant, la décision allemande apparaît comme un double message :

  1. à Israël : « votre sécurité reste une priorité européenne » ;
  2. au monde arabe : « Berlin ne renoncera pas à son engagement historique envers l’État hébreu ».

Pour Israël, c’est aussi une preuve que, malgré les critiques internationales, les alliances fondamentales tiennent bon. Un élément crucial dans une période où Jérusalem doit reconstruire sa stratégie régionale, redéfinir sa doctrine sécuritaire et préparer l’après-guerre.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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