Le grand Rav Shalom Cohen, dĂ©cĂ©dĂ© ce soir (lundi) , Ă©tait un dirigeant ultra-orthodoxe. Rosh Yeshiva, Ă©rudit, strict. Son monde Ă©tait le monde de lâapprentissage. Sa langue Ă©tait la langue du sage ultra-orthodoxe. Ce nâest pas un hasard si la majoritĂ© du public israĂ©lien non orthodoxe ne le connaĂźt pas. Il nâĂ©tait pas une figure de lâĂtat, un grand rabbin et un prĂ©dicateur populaire Ă la maniĂšre du rabbin Ovadia Yossef. CâĂ©tait un rabbin ultra-orthodoxe. La yeshiva Ă©tait son lieu de vie principal. Ceux qui ne sont pas passĂ© par la Yeshiva ne lâont pas connu. Au sens politique, cela convenait Ă tout le monde, en particulier aux politiciens qui glorifiaient son image. Le parti dont Hachem Cohen Ă©tait la boussole de la Torah Ă©tait contrĂŽlĂ© par des hommes dâaffaires, pas par des rabbins. Il a obtenu le respect, ils ont obtenu le pouvoir.
Le monde de la yeshiva sĂ©pharade est un monde intĂ©ressant, diffĂ©rent de celui des ashkĂ©nazes Ă bien des Ă©gards. Câest principalement un monde dont le niveau de dĂ©tachement avec le monde israĂ©lien est moins fort. Le parti Shas nâest pas un parti dont les Ă©lecteurs sont tous ultra-orthodoxes comme le judaĂŻsme de la Torah. Lâultra-orthodoxe sĂ©pharade nâest pas enfermĂ© dans son propre monde, mais entretient des relations Ă©troites avec le monde traditionnel extĂ©rieur Ă celui-ci.
Ce nâest pas par hasard que M. Hacham Cohen a adressĂ© ses dĂ©clarations critiques aux autres religions, pas aux religions traditionnelles. Avec dâautres religieux â principalement les membres du Foyer juif, la droite, les rabbins du sionisme religieux â il a menĂ© une bataille de force et de foi. Il nâa pas de combat avec les traditionalistes. Ou du moins câest le cas des traditionalistes, parmi lesquels Hachem Cohen est venu, les traditionalistes sĂ©farades. Ils acceptent humblement son autoritĂ© de la Torah et il accepte avec comprĂ©hension lâhalakhicisme halakhique.
Comme Hacham Cohen, tout le monde ultra-orthodoxe de la Torah lâest aussi. Dans le cadre dâune sĂ©rie dâenquĂȘtes que nous menons sur le site Web de lâindex sur la relation entre ultra-orthedim et non-orthedim, nous recueillons pas mal de donnĂ©es sur la sociĂ©tĂ© ultra-orthodoxe. Nous en avons distinguĂ© quelques-uns ce matin, pour montrer la diffĂ©rence entre les ultra-orthodoxes sĂ©farades et les ultra-orthodoxes ashkĂ©nazes.
La diffĂ©rence la plus frappante se situe dans lâentourage familial, lâentourage proche de chacun. Ceux qui ont des parents avec qui ils sont en contact et qui ont des attitudes diffĂ©rentes, des modes de vie diffĂ©rents, dâautres passe-temps, dâautres principes â apprendront Ă connaĂźtre ce qui est diffĂ©rent de lui. Câest dur de se taire devant un cousin bien-aimĂ©. Il est difficile de se sentir aliĂ©nĂ© envers un neveu mignon. En tout cas, il est dâune grande importance que les ultra-orthodoxes sĂ©farades connaissent de prĂšs les laĂŻcs, dans leur cercle familial, bien plus que les ultra-orthodoxes ashkĂ©nazes.
Environ la moitiĂ© des ultra-orthodoxes sĂ©farades ont des parents laĂŻcs. Nous avons spĂ©cifiquement posĂ© des questions sur les « laĂŻcs » et non sur les « non-orthodoxes » â avec qui ils sont en contact.  Ils ont aussi des parents laĂŻcs, et ils entretiennent Ă©galement des contacts avec eux. La situation des ultra-orthodoxes ashkĂ©nazes, lituaniens et hassids est nettement diffĂ©rente. Seul un sur cinq a des parents laĂŻcs avec lesquels il reste en contact. Soit il nây a pas de famille laĂŻque, soit il y en a et ils choisissent de ne pas ĂȘtre en contact.
Câest une diffĂ©rence importante, et pas la seule, qui indique le fossĂ© sur certaines questions entre ultra-orthodoxes ashkĂ©nazes et ultra-orthodoxes sĂ©farades. Nous avons trouvĂ© dâautres exemples du mĂȘme sujet. Ils sont Ă©galement distincts. Un exemple important est celui du logement. Ceux qui vivent ensemble doivent apprendre Ă sâentendre. Ceux qui vivent sĂ©parĂ©ment peuvent sâisoler. Une grande majoritĂ© des ultra-orthodoxes ashkĂ©nazes sont confinĂ©s dans leurs quartiers et leurs villes, dans une ville ultra-orthodoxe. Seul un quart dâentre eux vivent dans des quartiers oĂč il y a aussi des IsraĂ©liens non orthodoxes. En revanche, quatre sĂ©farades ultra-orthodoxes sur dix vivent dans un quartier mixte. Ils ont des parents laĂŻcs et ils ont des voisins non orthodoxes. De plus, parmi ceux qui travaillent (et les hommes sĂ©farades travaillent aussi plus) â il y a une proportion importante qui ne travaille pas dans un environnement ultra-orthodoxe. Câest un peu plus dâun tiers des sĂ©farades contre un peu plus dâun quart des ashkĂ©nazes.
En conclusion, si vous nâĂȘtes pas ultra-orthodoxe, vous ne connaissez probablement pas Hacham Shalom Cohen qui est dĂ©cĂ©dĂ©. Il ne vous connaissait probablement pas non plus. Il vit la vie de yeshiva. Mais autour de lui, il y avait pas mal dâultra-orthodoxes de son entourage qui vous connaissent bien plus que vous ne les connaissez et qui vivent parmi vous. Pas nĂ©cessairement â volontairement. Nous avons demandĂ© sâil valait mieux que les ultra-orthodoxes vivent sĂ©parĂ©ment, sans contact avec dâautres groupes, ou sâils vivent dans des quartiers mixtes. La plupart des AshkĂ©nazes disent « câest mieux seul ». Chez les sĂ©farades, la minoritĂ© le pense. Une large minoritĂ© certes, quatre sur dix, mais une minoritĂ©. Les ultra-orthodoxes sĂ©farades sont des ultra-orthodoxes â mais ceux qui ne recherchent pas la sĂ©paration des pouvoirs. Cela attĂ©nue peut-ĂȘtre quelque peu le sentiment quâil est appropriĂ© de participer Ă leur deuil suite Ă la mort dâun de leurs dirigeants.