Plus de 500 morts, des centaines de disparus, des millions de déplacés : l’Asie du Sud-Est vient de traverser l’un des pires épisodes climatiques de son histoire récente. Des pluies de mousson d’une violence exceptionnelle ont frappé l’Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie et le Sri Lanka, déclenchant des inondations massives, des coulées de boue et l’effondrement de villages entiers. Les autorités locales, dépassées, peinent encore à fournir un bilan définitif, tandis que les images relayées par l’AP, BBC News et les agences locales (sources réelles) montrent l’ampleur d’un désastre qui a transformé plusieurs régions en zones sinistrées.
En Indonésie, l’île de Sumatra a été la plus lourdement touchée. Le bilan officiel a franchi les 300 morts, avec des dizaines de disparus. Les rivières ont débordé en quelques heures, emportant maisons, ponts et routes. La ville de Tapanuli, l’une des plus frappées, a vu ses habitants fuir en masse, tandis que d’autres se sont résignés à se réfugier sur les toits des bâtiments encore debout. Des zones entières ressemblent désormais à des plaines de boue où seules émergent les carcasses de bâtiments.
La situation n’est guère meilleure en Thaïlande, où les provinces du sud ont enregistré plus de 160 morts. Certaines localités ont été englouties sous trois mètres d’eau, rendant impossible toute circulation. Les services de secours naviguent en canots pneumatiques entre les lampadaires, un paysage qui, pour beaucoup de Thaïlandais, rappelle les pires crues de 2011. Au total, plus de 3,8 millions de personnes ont été affectées dans le pays.
En Malaisie, les pertes humaines sont moins élevées, mais les dégâts matériels sont colossaux. Les régions du nord, dont l’État de Perlis, sont sous les eaux. Des villages entiers ont été évacués, et plusieurs milliers de familles ont été relogées dans des abris d’urgence.
Au Sri Lanka, la situation est dramatique : un cyclone tropical, baptisé Ditwah, a frappé le pays avec une violence inhabituelle, provoquant plus de 130 morts et au moins 170 disparus. Les infrastructures, déjà fragiles, ont cédé les unes après les autres. Un tiers du pays est privé d’eau potable ou d’électricité, et plus de 15 000 maisons ont été détruites. Les évacuations se déroulent dans la précipitation, alors que les autorités tentent d’éviter une catastrophe sanitaire secondaire.
Dans les zones rurales d’Indonésie, le chaos humanitaire a conduit à des scènes de pillage dans les magasins de première nécessité — signe d’un effondrement temporaire de l’ordre social. Plusieurs vidéos relayées par les médias locaux montrent des habitants cherchant désespérément de la nourriture ou des médicaments.
Au-delà du bilan humain, ce drame met en lumière une réalité inquiétante : le changement climatique rend les moussons plus longues, plus violentes et plus imprévisibles. Plusieurs climatologues interrogés par la BBC affirment que l’intensité du cyclone Senyar en Indonésie est « exceptionnellement rare », mais que ce type d’évènement pourrait devenir courant. Pour les États de la région, ces catastrophes ne sont plus des anomalies : elles deviennent un mode de vie.
Face à l’urgence, le ministère israélien des Affaires étrangères a publié une recommandation officielle aux voyageurs israéliens présents en Thaïlande, au Sri Lanka et dans le sud de l’Inde. Les autorités conseillent aux ressortissants d’éviter les zones côtières, de rester informés en temps réel et de se préparer à d’éventuelles évacuations. Une mesure devenue quasi systématique à chaque saison de mousson — signe que même les touristes ne sont plus à l’abri des dérèglements climatiques.
Pour Israël, ces catastrophes rappellent également la vulnérabilité des infrastructures civiles face aux phénomènes météorologiques extrêmes. Les images des maisons détruites, des hôpitaux inondés et des routes effondrées soulèvent une question fondamentale : combien d’États disposent réellement des capacités nécessaires pour résister à de tels chocs ? La réponse, malheureusement, se mesure en vies perdues.
Les services de secours locaux, souvent sous-équipés, dépendent fortement des ONG internationales. Mais même ces organisations peinent à atteindre les zones les plus touchées, notamment à Sumatra, où les glissements de terrain ont enseveli plusieurs routes. Les opérations héliportées se multiplient, mais les tempêtes successives ralentissent la progression.
Cette crise met aussi en lumière un paradoxe géopolitique : bien que l’Asie du Sud-Est se trouve loin du Moyen-Orient, les conséquences de ces catastrophes climatiques influencent indirectement la stabilité mondiale. La désorganisation des routes commerciales, la hausse des prix des matières premières, les migrations climatiques naissantes et l’instabilité politique dans des pays déjà fragiles constituent autant de menaces transversales qui concernent, à terme, tous les continents.
En Israël, plusieurs analystes soulignent un point préoccupant : l’affaiblissement des États asiatiques face aux catastrophes naturelles pourrait ouvrir un espace d’influence accru à la Chine, toujours prompt à proposer son aide en échange d’une dépendance financière. Pékin a d’ailleurs envoyé des équipes de secours en Indonésie — un geste apprécié mais aussi instrumentalisé comme levier de soft power.
Par contraste, les démocraties occidentales — États-Unis, Europe, Australie — sont encore en train de mobiliser leurs moyens. Le président américain Donald Trump a annoncé une aide d’urgence limitée pour l’instant, principalement logistique. Mais dans un monde où l’influence se mesure aussi à la rapidité de l’assistance, la Chine avance ses pions alors que les Occidentaux hésitent.
L’épisode actuel démonte également les affirmations du camp anti-israélien selon lesquelles le Moyen-Orient serait « le centre du chaos global ». La vérité est plus complexe : la fragilité climatique en Asie, la montée du terrorisme en Afrique, l’expansionnisme iranien et les tensions indo-pakistanaises forment un puzzle de crises imbriquées. Israël, souvent accusé à tort d’être l’acteur instable de la région, apparaît au contraire comme l’un des rares États dotés de capacités réelles de gestion de crise — militaires, civiles et technologiques.
Alors que les eaux retirent lentement, l’heure est au constat : les pertes humaines seront probablement revues à la hausse. Les disparus en Indonésie et au Sri Lanka pourraient être retrouvés sous les décombres ou emportés par les glissements de terrain. Les autorités locales, déjà dépassées, appellent à l’aide internationale pour reconstruire les infrastructures essentielles : routes, ponts, stations de pompage, réseaux électriques.
Cette catastrophe sera aussi un test politique pour plusieurs gouvernements asiatiques critiqués pour leur lenteur de réaction. Les yeux du monde, souvent plus habitués à surveiller la région sous l’angle touristique, découvrent la brutalité du climat et la précarité structurelle qui frappent des millions de personnes chaque année.
Dans cette tragédie sans frontière, une réflexion globale s’impose : le changement climatique n’est plus un scénario éloigné, mais une réalité qui façonne déjà la sécurité mondiale. L’Asie du Sud-Est en paye aujourd’hui le prix le plus lourd. Demain, d’autres régions suivront. Et dans ce contexte, la résilience — qu’elle soit israélienne, asiatique ou européenne — deviendra la ressource stratégique la plus rare.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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