Attaque toxique dans le Nord : des ruches empoisonnées, un nouvel acte de “terrorisme agricole”

Un sabotage d’une rare violence a frappé cette semaine l’une des plus anciennes exploitations apicoles d’Israël. Environ quarante ruches du kibboutz Ein Harod Meuhad, installé depuis plus d’un siècle au cœur de la Galilée, ont été systématiquement détruites après qu’un ou plusieurs individus ont répandu une poudre toxique sur leurs entrées. Résultat : des centaines de milliers de butineuses mortes, peut-être même plusieurs millions selon les apiculteurs. « Ils ont mis du poison dans toutes les ouvertures, tout est mort », témoigne Mikhail Bari, employé de la miellerie. Pour lui, il ne s’agit plus d’un simple vandalisme : « C’est quelqu’un qui voulait détruire, qui a planifié et exécuté. »

L’ampleur du drame ne se mesure pas seulement en pertes économiques. Chaque ruche abrite jusqu’à 50 000 abeilles ; leur extermination en masse perturbe l’écosystème local, la pollinisation des cultures et la production de miel qui constitue une fierté du kibboutz depuis plusieurs générations. En Israël, l’apiculture représente non seulement un savoir-faire agricole, mais aussi une part de l’identité sioniste, symbole de la résilience et de l’implantation juive sur la terre. Détruire des ruches, c’est s’attaquer à la fois à l’économie rurale, au patrimoine écologique et à l’âme pionnière qui a bâti le pays.

Les habitants d’Ein Harod ont immédiatement porté plainte auprès de la police et de la Magav (garde-frontière), tout en sollicitant le mouvement HaShomer HaHadash, organisation citoyenne dédiée à la protection des agriculteurs israéliens. « Nous ne laisserons pas les fermiers seuls. Nous renforcerons notre présence et nous exigeons de l’État des mesures d’application de la loi, des sanctions et une dissuasion réelle », a déclaré l’association dans un communiqué. Dans le même temps, la poudre suspecte a été envoyée en laboratoire pour analyses. Les apiculteurs, qui cumulent plusieurs décennies d’expérience, affirment n’avoir jamais rencontré une substance aussi destructrice.

Cet acte n’est pas isolé : ces dernières semaines, d’autres incidents ont frappé les exploitations du Nord. Des clôtures de pâturages ont été sectionnées dans plusieurs kibboutzim lors d’événements publics, obligeant les autorités locales à convoquer en urgence la police et les chefs de conseils régionaux. Ce phénomène, qualifié par certains de « terrorisme agricole », sape la sécurité quotidienne des producteurs israéliens, déjà confrontés aux vols, aux incendies criminels et aux pressions économiques. Le passage à l’empoisonnement chimique marque une escalade inquiétante, qui appelle une réponse ferme des autorités.

Au-delà du drame local, l’affaire soulève des enjeux stratégiques. Alors qu’Israël se bat sur plusieurs fronts — du Sud avec Gaza à la menace nordique du Hezbollah —, frapper les ruches, symbole de vie et de travail de la terre, revient à attaquer directement la société civile. C’est une guerre silencieuse qui vise à décourager les pionniers, à fragiliser l’agriculture nationale et à instiller la peur dans les campagnes. Mais l’histoire d’Israël enseigne que chaque tentative d’intimidation a engendré une riposte plus forte, plus organisée. À Ein Harod comme ailleurs, la réponse sera la même : renforcer la vigilance, investir dans la protection, et rappeler que la terre d’Israël appartient à ceux qui la cultivent.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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