Dans sa déclaration, publiée sur le réseau X, Macron écrit :
« La France condamne avec la plus grande fermeté l‘attentat qui vient de survenir à Jérusalem-Est. J‘adresse mes plus sincères condoléances aux familles des victimes et à tout le peuple israélien. La spirale de la violence doit prendre fin. Seule une solution politique permettra le retour de la paix et de la stabilité pour tous dans la région. »
Si les condoléances semblent sincères, l’insistance sur « Jérusalem-Est » a immédiatement été perçue comme un signal politique. Pour beaucoup d’Israéliens, il ne s’agit pas d’un simple détail géographique, mais d’un message implicite : l’Élysée continue de considérer cette partie de la capitale comme un territoire disputé, et non comme une partie intégrante d’Israël. Autrement dit, au lieu de condamner l’attaque sur Jérusalem, capitale souveraine de l’État hébreu, Macron choisit un langage aligné sur la vision internationale d’une ville divisée.
À Jérusalem, cette nuance suscite colère et frustration. Alors que le pays enterre ses morts et que les forces de sécurité traquent les complices des assaillants, l’opinion publique attend des alliés occidentaux une condamnation ferme, sans ambiguïtés. « Ce n’est pas le moment de faire de la diplomatie sémantique », a commenté un responsable israélien. « Parler de Jérusalem-Est après un massacre, c’est politiser la douleur de nos citoyens. »
Le message de Macron illustre une fois encore le fossé entre la vision israélienne, centrée sur la sécurité, et l’approche française, qui privilégie l’angle politique et diplomatique. Pour Paris, la solution reste celle de deux États et d’un partage de la souveraineté sur Jérusalem. Pour Israël, il n’y a pas de négociation possible avec le terrorisme qui assassine des civils.
Ce n’est pas la première fois que le président français provoque des tensions. En juillet dernier, il avait annoncé son intention de reconnaître un État palestinien lors de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre, un geste qualifié par Jérusalem de « cadeau diplomatique au Hamas ». Quelques semaines plus tard, la vice-ministre des Affaires étrangères, Sharren Haskel, a même évoqué la fermeture du consulat français à Jérusalem en guise de riposte.
Ainsi, en choisissant ses mots, Emmanuel Macron n’a pas seulement exprimé de la compassion : il a envoyé un signal politique lourd de conséquences. Dans le contexte actuel, où Israël lutte sur plusieurs fronts contre des organisations terroristes soutenues par l’Iran, cette subtilité sémantique affaiblit la perception d’un soutien européen sans faille.
Pour Israël, le cœur du problème reste clair : il s’agit de défendre sa population et d’assurer sa sécurité face à une offensive terroriste permanente. Pour Paris, la priorité semble être de rappeler l’horizon diplomatique d’une solution politique. Mais au lendemain d’un massacre, la nuance « Jérusalem-Est » apparaît comme une provocation inutile, qui éloigne encore un peu plus la France de son rôle d’allié fiable aux yeux des Israéliens.
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