L’affaire a sidéré la communauté juive d’Australie : Angelo Loras, 35 ans, qui avait incendié la synagogue d’East Melbourne le 4 juillet alors qu’une vingtaine de fidèles prenaient un repas de Shabbat à l’intérieur, a été reconnu coupable d’incendie criminel… mais son acte a été attribué à une maladie mentale plutôt qu’à un mobile antisémite. Une décision judiciaire qui choque, inquiète et pose une question cruciale : jusqu’à quel point peut-on dépolitiser la violence visant les Juifs, même lorsqu’elle s’inscrit dans une vague mondiale d’antisémitisme ?
Les faits sont pourtant clairs. Loras a aspergé d’un liquide inflammable la porte d’entrée de la synagogue avant d’y mettre le feu. Le bâtiment aurait pu devenir un piège mortel. Par miracle, les fidèles ont pu s’échapper à temps. Malgré cela, le magistrat a estimé que les troubles psychiatriques du suspect étaient la cause principale de son geste et a même déconseillé à la communauté de réclamer les 35 000 dollars de réparation, arguant qu’il était sans domicile fixe.
Source – ABC Australia :
https://www.abc.net.au/news
La décision contraste violemment avec la réaction du gouvernement australien. Le Premier ministre Anthony Albanese avait qualifié l’acte de « lâche », « violent » et « antisémite », rappelant que de tels crimes n’avaient « aucune place en Australie ». Les autorités fédérales avaient assuré la communauté juive de leur soutien total et promis une enquête exemplaire.
Mais le traitement judiciaire, lui, suggère une tendance inquiétante : la banalisation progressive de la violence contre les Juifs lorsqu’elle peut être liée — parfois seulement en apparence — à un facteur mental. Ce glissement a déjà été observé en France, aux États-Unis et au Royaume-Uni, où des actes ouvertement antisémites sont relativisés sous couvert de « déséquilibre psychiatrique ».
Depuis la guerre Israël–Hamas de 2023, l’Australie a connu une explosion des actes antisémites : agressions physiques, graffiti haineux, menaces, insultes dans les transports publics. Le Conseil des Députés Juifs d’Australie recense une hausse de plus de 700 % des incidents.
Rapport – Community Security Group (CSG Australia) :
https://www.jcsa.org.au
Dans ce contexte, affirmer que l’incendie d’un lieu de culte juif, en pleine montée de la haine antijuive, n’a rien d’un acte antisémite revient à nier la réalité que vivent les Juifs au quotidien. Même si un auteur souffre de troubles mentaux, une attaque visant une synagogue durant un Shabbat n’est jamais neutre. Et minimiser ce geste contribue à un climat où les Juifs se sentent de moins en moins protégés.
L’affaire soulève aussi un enjeu plus large : l’érosion de la ligne rouge judiciaire concernant les crimes haineux. À force de relativiser les motivations, la justice risque de créer une jurisprudence dangereuse où les actes antisémites deviennent… des accidents psychiatriques.
Pour la communauté juive mondiale, cette affaire est un signal d’alarme. Il ne suffit pas de condamner politiquement l’antisémitisme : il faut que les tribunaux, les procureurs et les magistrats en reconnaissent clairement la nature. Sans cela, l’impunité s’installe progressivement.
Le juge a rappelé que Loras était sans ressources, sans domicile, instable. Mais aucun facteur social ou psychologique ne peut effacer la gravité symbolique et matérielle d’un incendie criminel visant un lieu de prière juif — surtout dans un contexte mondial où les synagogues sont redevenues des cibles.
Cette affaire pose enfin une question essentielle : dans quelle mesure excuser systématiquement les actes antijuifs contribue-t-il à la normalisation mondiale de la violence contre les Juifs ? L’histoire démontre que la banalisation précède toujours l’escalade. Et la justice, lorsqu’elle minimise une attaque contre une synagogue, envoie un signal involontaire : celui que la violence contre les Juifs peut être atténuée, expliquée, voire excusée.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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