Beaucoup d’encre a coulé sur les manifestations des éthiopiens à Jérusalem et à Tel Aviv. On trouve sur les réseaux sociaux des anti-Israël qui s’en donnent à cœur joie et qui parlent d’une «intifada noire» contre «l’apartheid» en Israël… Brefs les mêmes accusations bidons contre Israël envers les arabes qui se sont transplantés, comme par hasard, sur un autre groupe. Ce n’est pas de ça que je veux parler aujourd’hui car c’est tellement voyant que nos frères juifs et nos amis ne se posent même pas la question.
«Racisme Institutionnel»
L’autre accusation majeur, c’est que nous sommes devant un «Baltimore» israélien. Les mouvements de gauche de par le monde, d’après ce que je peux lire, ont réussi à faire douter assez ceux qui nous soutiennent pour générer des tonnes de discussions sur le sujet. C’est le fer de lance de la gauche que de trouver du racisme partout et de monter les groupes les uns contre les autres, la gauche israélienne ne fais pas exception… Au contraire beaucoup d’échos de ces manifestions affirment qu’elle génère des violences pendant ces manifestations, mais c’est un autre sujet.
De prime abord, d’après la population éthiopienne, on pourrait en effet se dire que voilà une affaire de racisme puisque c’est contre un «racisme institutionnel» qu’ils protestent «comme à Baltimore», mais cela serait vraiment raciste de dire qu’il y a des blacks qui manifestent là-bas, il y a des blacks qui manifestent chez nous – bref c’est des blacks qui manifestent point!
«Entre Baltimore à Jérusalem»
Les noirs, en Amérique, n’ont pas la même histoire; eux sont des descendants d’esclaves. Leurs aïeux ont été déracinés d’Afrique comme de la marchandise par des européens et des américains pour servir «le blanc». Ils ont attendus 20 ou 30 générations pour être libre et obtenir des droits. Eux n’ont rien à avoir avec l’américain blanc, si ce n’est qu’ils ont la même nationalité. Eux sont en Amérique par force et non par grès, une conséquence «regrettable» de l’affranchissement des noirs qui n’avait pas été prise en compte par les esclavagistes des centaines d’années plus tôt. Ce qui fait qu’aujourd’hui la population noire d’Amérique crée des Baltimores violents, imprégnés d’une culture de rap, de «fuck the police». Ce n’est pas pour revendiquer la fierté d’être américain qu’ils manifestent. On ne les voit pas manifester avec des drapeaux américains et chanter l’hymne national, mais c’est contre la police, contre un État auquel ils attribuent tous leurs échecs.
En revanche les éthiopiens juifs sont les seuls noirs, dans toute l’histoire de l’humanité, qui ont été déracinés d’Afrique pour être des hommes libres. Leur histoire est à l’extrême opposé de ceux d’Amérique et donc ça ne donnera jamais le même résultat. Le retour des juifs éthiopiens est un des plus grand succès d’Israël, un retour prophétisé par Isaïe et une source de fierté pour Israël
«Des juifs et des israéliens comme les autres»
Alors pourquoi parle-t-on aujourd’hui de racisme? Le succès d’Israël est basé sur le retour des juifs de par le monde. En 70 ans, Israël a absorbé 70 cultures, des juifs certes mais des populations tellement différentes que même si au niveau idéologique du sionisme l’idée reste magnifique, au niveau humain ça crée parfois des tensions pendant quelques générations. Il n’y a pas de racisme institutionnel en Israël, il n’y a pas d’apartheid non plus. Le racisme et l’apartheid sont à l’opposé de l’idéologie qui a amené les noirs en Israël. Il y a juste une génération qui, grâce a D. s’est affirmée, comme toutes les vagues d’alyot, comme tous les juifs venus ici. Le jeune juif éthiopien ne met pas son ras le bol contre les blancs en avant comme à Baltimore, mais revendique sa judaïcité, il revendique d’être un juif et un israélien comme les autres, il revendique sa place dans son peuple, il chante l’HaTikva aux manifestations et porte fièrement l’uniforme de Tsahal.. Son combat n’est pas moins ou plus important que celui des mizrahim ou des séfarades, il est le même – c’est un droit de passage en Israël – c’est ce qui nous permet de nous affirmer, car on est tous venus comme des juifs affaiblis de diaspora. Aujourd’hui, grâce à D., on ne voit plus des noirs au regard abattu et épuisé de l’Opération Moise, mais des juifs forts et fiers, qui ont intégré qu’ils sont chez eux. Aujourd’hui, c’est leur tour de dire «DAYE» (assez), et c’est un grand jour pour Israël!
Par Yoram Halberstam pour Alyaexpress-News