Beaucoup d’hommes sont douĂ©s de raison, trĂšs peu de bon sens ! (G. Le Bon) – Par Rony Akrich

L’absurditĂ© des masses, des puissants, nous confronte violemment aux rĂ©alitĂ©s dramatiques d’un monde en pleine effervescence mais surtout d’un occident aveuglĂ© par ses propres croyances erronĂ©es. Une foi toute religieuse en sa propre puissance, sa raison et sa morale l’entraine inexorablement vers les mĂ©andres d’une Histoire qu’il ne comprend plus, qu’il n’entend plus. Quelques exceptions au sein de ces sociĂ©tĂ©s, aliĂ©nĂ©es par les marchĂ©s, le festif et l’ignorance, sont hypocritement vilipendĂ©es au quotidien par des medias acquis aux principes de l’abrutissement des masses comme du nivellement par le plus bas et le plus misĂ©rable de la personne humaine.

Trop souvent le dogme se trouve aliĂ©nĂ© et fait preuve d’une stupiditĂ© surabondante.
« Quand toute une nation ne sait plus s’occuper que de niaiseries, quelle attention peut-elle donner aux grandes choses ? (J. J. Rousseau.)

Le bon sens et l’Histoire, passĂ©e et rĂ©cente, nous ont appris que les dictateurs mĂ©galomanes ne peuvent jamais vraiment ĂȘtre apaisĂ©s ou conciliants. TĂŽt ou tard, ils doivent ĂȘtre confrontĂ©s et provoquĂ©s par la nĂ©cessaire libertĂ© de pensĂ©e et de mouvement des hommes.
Le bon sens nous enseigne qu’il y a du bien et du mal, des agresseurs et des victimes dans le monde.
Le bon sens exclut toute notion d’égalitĂ© morale comme une pensĂ©e oĂč tous les individus pourraient ĂȘtre d’accord sur tout et n’importe quoi.
Le bon sens pousse les nations et les créatures à se défendre contre les violences injustifiées et la terreur aveugle.
Le bon sens nous interdit de renoncer à la propriété physique actuelle au nom de futurs accords fugitifs de demain.

De sinistre mĂ©moire, nous nous souvenons des accords de Munich en 1938 et, plus tard, ceux d’Oslo en 1992. Les premiers provoquĂšrent la mort et le gĂ©nocide de dizaines de millions d’ĂȘtres humains sur la surface de notre terre. Les seconds, pour le seul minuscule Ă©tat d’IsraĂ«l, entraineront l’assassinat sauvage de plus de 1500 hommes, femmes et enfants. A la lumiĂšre de ces deux exemples probants il est aisĂ© de prouver et de signifier la finalitĂ© du manque de bon sens ou, si vous prĂ©fĂ©rez, de la dramatique connerie humaine. Churchill fit remarquer qu’à Munich, Chamberlain sacrifia l’honneur de l’Angleterre afin d’éviter la guerre, pour, en retour, obtenir le dĂ©shonneur et la guerre, ainsi en fut-il !

Le bon sens nous est si souvent Ă©tranger parce qu’il exige, gĂ©nĂ©ralement, une dĂ©cision douloureuse Ă  prendre, la nature humaine est trĂšs rĂ©fractaire Ă  ce genre d’engagement. Elle reste terrifiĂ©e face au devoir qui l’interpelle et prĂ©fĂšre s’en remettre aux vertus de la diplomatie.
En consĂ©quence, hier comme aujourd’hui, le bon sens est relĂ©guĂ© au vƓu pieu de la pensĂ©e inconsciente et les regrets, comme les condolĂ©ances, ne viendront qu’a posteriori, mais il sera toujours trop tard pour des millions de nos frĂšres.

Il est intĂ©ressant de noter que l’HĂ©braĂŻsme biblique et la tradition juive accordent une large place au bon sens. Kohelet (l’EcclĂ©siaste) et Mishlei (les Proverbes), les deux livres Ă©crits par le roi Salomon, sont justement des ouvrages de bon sens aux traits de caractĂšres universels et d’une vision pratique de la vie et du monde.

Mes maĂźtres Ă  penser contestaient frĂ©quemment mes subtiles reparties qui tentaient de leur faire entendre les raisons de ma contradiction, ils m’affirmaient simplement qu’elles ne satisfaisaient pas au « bon sens » du sujet en cours.
Ils voulaient, essentiellement, m’enseigner que si l’objection n’a pas de sens, elle n’est ni juste ni vraie. Dans le JudaĂŻsme, la foi dĂ©clarĂ©e et le sens cachĂ© sont Ă©quilibrĂ©s par la logique et la raison commune, mĂȘme le savoir-faire, aussi rigoureux soit-il, doit ĂȘtre mesurĂ© par ce que je nomme, le juste entendement. Dans le ‘Mishlei’, le fautif n’est pas tant le principal objet de mĂ©pris du roi Salomon, car qui ne faute Ă  un moment donnĂ© de sa vie si ce n’est l’insensĂ©, mais celui qui manque de bon sens, de jugeote.

Selon le roi Salomon, le manque de bon sens causera inĂ©vitablement une erreur profonde de jugement, une faute d’apprĂ©ciation fatale et une terrible catastrophe au final. Personne ne prĂ©mĂ©dite une telle chose, nul ne pense pouvoir se tromper, chacun spĂ©cule sur ses analyses des pour et des contre et, trop souvent, de maniĂšre subjective. Tout cela nous entraine vers de fĂącheuses erreurs, des jugements stupides qui deviennent trĂšs vite les dĂ©sastres de notre Histoire. Pourtant, si les processus de la pensĂ©e ne sont pas conduits par le bon sens instinctif et la jugeote rĂ©flĂ©chie, prĂ©sents en chacun de nous, nous voilĂ  perdus entre charybde et scylla. Le JudaĂŻsme croit au bon sens collectif au sein de la sociĂ©tĂ© dans son ensemble, ĂȘtre Ă  l’écoute de la ‘vox populi’ est un refrain communĂ©ment rĂ©itĂ©rĂ© par nos Sages. Nous devrions, ainsi, nous efforcer de rendre le bon sens plus ordinaire, la jugeote plus habituelle dans notre vie quotidienne, personnelle et nationale.

« Les ĂȘtres imprĂ©gnĂ©s d’amour pĂ©nĂštrent les couches de l’HumanitĂ© et rencontrent des factions de nations, de religions, d’oratoires et d’idĂ©aux contradictoires. Ils s’évertuent de toutes leurs forces Ă  rĂ©unir en un toutes les parties, de rassembler et de fĂ©dĂ©rer, aidĂ©s du bon sens spirituel de leur Ăąme si pure qui s’élĂšve et plane vers les zĂ©niths Divins au-dessus de toutes les contraintes. Ils reconnaissent que toutes les particularitĂ©s doivent devenir totalitĂ©, que les meilleures formes sociĂ©tales doivent ĂȘtre promues et doivent entrer avec toute la fĂ©licitĂ© de leur particularisme dans La lumiĂšre d’une vie parfaite. Ils dĂ©sirent que chaque particule soit prĂ©servĂ©e et exaltĂ©e, et l’ensemble achevĂ©, uni et rempli de paix. » (orot hakodesh. Rav Kook)
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