Belgique : Bruxelles reconnaît un État palestinien et frappe Israël de sanctions

La Belgique a franchi un nouveau pas dans l’escalade diplomatique avec Israël. Son ministre des Affaires étrangères, Maxim Prévot, a annoncé dans la nuit de lundi à mardi que Bruxelles reconnaîtrait un État palestinien lors de l’Assemblée générale des Nations unies prévue ce mois-ci à New York. Dans le même souffle, il a révélé une batterie de sanctions contre Israël, qu’il accuse de « violer le droit international » et de perpétrer une « violence inacceptable à Gaza ».

Selon Prévot, la Belgique se joindra aux signataires de la « Déclaration de New York », qui promeut la solution à deux États. « Ce n’est pas un geste punitif contre les citoyens israéliens, mais une pression politique pour que leur gouvernement respecte le droit international », a-t-il insisté. Les mesures annoncées comprennent l’interdiction d’importer des produits issus des implantations, un examen des marchés publics avec les sociétés israéliennes, des restrictions de protection consulaire pour les Belges installés dans les implantations jugées « illégales », ainsi qu’une liste noire comprenant deux ministres israéliens, des colons qualifiés de violents et des responsables du Hamas. Bruxelles prévoit aussi de voter pour la suspension de la coopération entre Israël et l’Union européenne, ce qui toucherait notamment l’accord d’association et les programmes de recherche conjoints.

Le ministre a toutefois nuancé cette reconnaissance : sa formalisation légale ne sera effectuée qu’« une fois le dernier otage libéré et tant que le Hamas ne portera plus la responsabilité politique sur la Palestine ». Cette double posture traduit l’équilibre fragile que tente de maintenir la Belgique : afficher un geste symbolique de soutien aux Palestiniens tout en ménageant une sensibilité envers le traumatisme israélien du 7 octobre 2023.

Dans le même temps, Londres a choisi un angle humanitaire. David Lammy, le chef de la diplomatie britannique, a annoncé que son pays accueillerait prochainement des enfants malades et grièvement blessés de Gaza afin de les soigner dans ses hôpitaux. Mais ses propos ont eu un ton accusateur envers Israël : « Ce n’est pas une catastrophe naturelle, c’est une famine fabriquée par l’homme au XXIe siècle. Il n’y a qu’une issue : un cessez-le-feu immédiat », a-t-il lancé, annonçant 15 millions de livres supplémentaires pour l’aide médicale.

Cette dynamique s’inscrit dans un mouvement européen plus large. Emmanuel Macron a confirmé que la France reconnaîtrait la Palestine à l’ONU en septembre, même si un cessez-le-feu devait être signé avant. « La guerre doit cesser et une aide massive doit être apportée à la population civile. La création d’un État palestinien est essentielle pour la stabilité régionale et la sécurité d’Israël », a répété le président français. À Amman, il a réaffirmé avec le roi Abdallah II de Jordanie leur opposition à tout plan qui placerait Gaza sous tutelle étrangère ou provoquerait un déplacement forcé de sa population.

Ce « glissement diplomatique » est apparu fin juillet, lorsque Paris et Riyad ont réuni dix-sept pays autour d’une déclaration en faveur d’une reconnaissance palestinienne. Celle-ci exigeait le désarmement du Hamas, la restitution de la gouvernance à l’Autorité palestinienne et condamnait explicitement le massacre du 7 octobre. L’initiative a depuis été reprise par plusieurs chancelleries européennes sous une pression médiatique intense, alimentée par la diffusion mondiale d’images de famine à Gaza.

À Londres, le Premier ministre Keir Starmer a menacé Israël d’un « ultimatum » : sans changement de cap et sans cessez-le-feu, le Royaume-Uni rejoindrait la France dans la reconnaissance d’un État palestinien. Une position immédiatement rejetée par Benjamin Netanyahou, qui a dénoncé une démarche qui « récompense le terrorisme ».

Derrière cette vague de déclarations, l’Europe cherche à reprendre la main sur un dossier longtemps dominé par Washington. Mais cette stratégie interroge : peut-on faire pression sur Jérusalem en s’alignant sur une initiative franco-saoudienne, sans exiger en parallèle une désignation claire du Hamas comme organisation terroriste responsable de l’impasse ? Israël souligne que céder à ces reconnaissances équivaut à légitimer les massacres du 7 octobre et à fragiliser encore davantage sa sécurité.

En apparence, l’Europe veut se poser en artisan de paix au Moyen-Orient. Mais en multipliant sanctions et menaces, elle risque surtout de creuser le fossé avec Israël et de miner sa propre crédibilité en matière de lutte contre le terrorisme. La diplomatie européenne semble aujourd’hui naviguer entre compassion humanitaire et calculs géopolitiques, sans toujours mesurer l’effet déstabilisateur de ses annonces.

Dans un contexte où Israël reste confronté à des ennemis déterminés – du Hamas au Hezbollah, en passant par l’Iran – l’obsession européenne pour une reconnaissance unilatérale de la Palestine pourrait paradoxalement éloigner les perspectives de paix. En cherchant à punir Israël plus qu’à contraindre le Hamas, Bruxelles, Paris et Londres prennent le risque de renforcer les extrémistes et d’affaiblir les voix palestiniennes modérées.

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