Belgique et France : « Je ne peux plus dire aux Juifs de rester »

Depuis les massacres du 7 octobre 2023 perpétrés par le Hamas, l’Europe connaît une résurgence sans précédent d’actes antisémites. La Belgique, tout comme la France, n’y échappe pas. Dans une tribune bouleversante, l’anthropologue Fadila Maaroufi sonne l’alarme : l’antisémitisme s’installe, se banalise, et les États restent désarmés. Son constat est glaçant : « Je ne puis plus, la main sur le cœur, dire aux Juifs de rester. »

À Bruxelles, les signes sont partout. Les réseaux sociaux propagent en quelques secondes des slogans haineux qui, dans les années 1930, auraient mis des semaines à se diffuser. À l’Université libre de Bruxelles, lieu censé incarner la liberté académique, des étudiants juifs ont été agressés, des locaux occupés par des militants pro-palestiniens, et un bâtiment fut rebaptisé « Walid Daqqa », du nom d’un terroriste du FPLP condamné pour meurtre. Plus récemment, un auditoire a pris le nom de Rima Hassan, élue européenne connue pour ses prises de position pro-palestiniennes jugées complaisantes envers des régimes autoritaires.

Le paradoxe est cruel : l’université sanctionne la critique — comme celle de l’ancien sénateur Alain Destexhe — mais tolère la propagande islamiste. Une inversion des valeurs qui alarme les familles juives. Dans la rue, le constat est tout aussi inquiétant. Chaque vendredi, la Gare du Midi devient le théâtre de manifestations pro-palestiniennes. Les slogans ne se limitent plus à la critique d’Israël. « Intifada ! Intifada ! » scandent des foules. Une mère témoigne : « Mon fils de huit ans me demandait pourquoi il voyait une étoile juive barrée. Je n’ai pas su répondre. »

La peur est devenue quotidienne. Les médias, eux, oscillent entre minimisation et complaisance. La RTBF évoque les « activités de solidarité » de Samidoun, sans rappeler ses liens avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Quant à la justice, elle trébuche : en mars 2025, l’écrivain Herman Brusselmans, qui avait écrit « Je veux enfoncer un couteau dans la gorge de chaque Juif », a été acquitté au nom de la satire. Résultat : ce n’est pas l’antisémitisme qui choque, c’est sa dénonciation qui dérange.

La politique belge reste hésitante. Certes, le retrait du statut de réfugié à Mohammed Khatib, figure de Samidoun en Europe, constitue un signal. Mais aucune stratégie globale n’a été mise en place. Pendant ce temps, des médecins juifs découvrent la mention « juif » dans leurs dossiers, des étudiants cachent leur identité, des familles songent sérieusement à quitter le pays.

En France, la situation n’est guère plus rassurante. Avec plus de 646 actes antisémites recensés au premier semestre 2025, le pays vit au rythme des menaces et des agressions. Les fidèles qui portent une kippa hésitent désormais à franchir le seuil d’une synagogue sans crainte. « L’État, censé protéger, s’est endormi comme un portier ivre devant la porte grande ouverte », accuse Maaroufi.

Ces paroles résonnent bien au-delà de Bruxelles et Paris. Car derrière cette montée de la haine, c’est la sécurité de toute l’Europe qui vacille. Le Hamas et ses relais idéologiques, soutenus par l’Iran, continuent de prospérer sur les fractures sociétales et les ambiguïtés politiques. En Israël, cette réalité n’a rien de théorique : chaque slogan entendu en Europe est le reflet d’une guerre qui, au Moyen-Orient, se vit dans le sang et les larmes. Comme le rappellent les Accords d’Abraham, la paix et la coexistence ne peuvent exister que lorsqu’un État assume sa souveraineté et sa responsabilité de protéger ses citoyens.

À la croisée des chemins, la Belgique et la France doivent choisir : protéger réellement leurs citoyens juifs ou répéter les erreurs du passé. « Qu’on ne se trompe pas : ce n’est pas seulement une faiblesse, c’est une trahison par omission », avertit Maaroufi. L’histoire, elle, a déjà montré ce qu’il en coûte de fermer les yeux.

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