Ben Gvir menace Netanyahou : “Sans peine de mort pour les terroristes, j’exploserai la coalition »

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a lancé un ultimatum à Benjamin Netanyahou : s’il ne fait pas adopter la peine de mort pour les terroristes et ne détruit pas totalement le Hamas, il retirera son parti de la coalition. Une déclaration qui met à nu les tensions internes du gouvernement en pleine guerre et relance le débat sur la justice antiterroriste en Israël.

Dans un message diffusé samedi soir, Ben Gvir a prévenu le Premier ministre : « הודעתי לנתניהו שאם לא יפרק את חמאס ויחוקק עונש מוות למחבלים – אפרק את הממשלה בתאריך מסוים. » (« J’ai informé Netanyahou que s’il ne démantèle pas le Hamas et ne promulgue pas la peine de mort pour les terroristes, je dissoudrai le gouvernement à une date précise. »)

Selon  Channel 12, le ministre d’Otzma Yehudit (Puissance juive) veut inscrire la peine capitale pour terrorisme comme une priorité législative immédiate, estimant que « la clémence a coûté des centaines de vies israéliennes ».
Cette menace intervient alors que la coalition déjà fragile repose sur une majorité de seulement quelques sièges à la Knesset.

Depuis plusieurs mois, Ben Gvir accumule les avertissements. Il reproche à Netanyahou sa prudence envers Washington et son refus d’autoriser des offensives massives en Judée-Samarie. Le ministre exige également l’expulsion systématique des détenus palestiniens ayant participé aux massacres du 7 octobre et la démolition complète des infrastructures du Hamas, y compris à Gaza.

Les tensions se sont intensifiées depuis que le Premier ministre a ordonné la fermeture temporaire du passage de Rafah, en réaction au non-respect par le Hamas des clauses de l’accord sur les otages. (Source : Times of Israel, 18 octobre 2025).

La droite radicale a salué les propos de Ben Gvir, considérant qu’Israël doit “retrouver sa dissuasion par la justice”.
Mais dans le Likoud, certains y voient une manœuvre électorale : « C’est du chantage politique, au pire moment possible », a déclaré un ministre sous couvert d’anonymat au site Ynet.

De son côté, Yoseph Haddad a réagi avec un ton plus mesuré : « Il faut une peine exemplaire pour les terroristes qui ont tué et violé nos enfants le 7 octobre. Chacun d’eux mérite la mort ! Mais le combat pour la justice ne doit pas servir d’arme politicienne. » (Source : compte Telegram de Yoseph Haddad, 18 octobre 2025).

Analyse — enjeux de société et de droit
La peine de mort pour terrorisme est autorisée en théorie par la législation israélienne, mais jamais appliquée depuis l’exécution d’Adolf Eichmann en 1962. Le débat resurgit régulièrement après des vagues d’attentats, sans jamais franchir le seuil parlementaire.
Ben Gvir entend modifier ce statu quo, estimant qu’il s’agit d’un “devoir moral envers les victimes du 7 octobre”.

Les juristes, eux, redoutent une instrumentalisation de la justice : « La peine capitale n’a jamais dissuadé les fanatiques religieux ni les kamikazes », rappelle l’ancien procureur général Yehuda Weinstein dans un entretien à Haaretz.

Un éclatement de la coalition pourrait provoquer des élections anticipées, ce que Washington, Le Caire et Doha redoutent : tout affaiblissement du gouvernement israélien pourrait freiner les pourparlers sur les otages et la stabilité régionale.
Pourtant, Ben Gvir sait qu’en poussant Netanyahou dans ses retranchements, il consolide son image d’homme de principe auprès d’une base nationaliste qui réclame “justice totale et vengeance divine”.

L’ultimatum de Ben Gvir agit comme un miroir : celui d’un pays encore en guerre intérieure, entre justice et revanche, entre pragmatisme diplomatique et colère populaire.
Si Netanyahou cède, Israël basculera vers une réforme pénale historique ; s’il résiste, il risque de perdre sa majorité. Dans les deux cas, la coalition vacille — et la mémoire du 7 octobre reste la ligne de fracture du pays.

Sources :


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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