Ces dernières semaines, il semble que le public israélien commence à s’habituer à l’étrange réalité que Naftali Bennett dirige le gouvernement. Pendant les premiers mois, les Israéliens ont regardé avec méfiance l’homme qui, grâce à un geste politique douteux, a réussi à devenir Premier ministre avec seulement 6 sièges, et n’étaient pas convaincus qu’il méritait ce poste à certains égards.

Mais ces dernières semaines, c’est soudainement devenu un Naftali différent. Il a sagement profité de la guerre en Ukraine, a endossé le rôle de médiateur et a commencé à se positionner, au moins ostensiblement, comme un homme d’État qui sait jouer sur le terrain des grands.

Le Premier ministre a consacré de nombreuses heures aux pourparlers de médiation entre Poutine et Zelensky, y compris un vol pour Moscou samedi, puis a sauté une réunion avec la chancelière allemande. Au début, nous comptions encore ses conversations avec les dirigeants des pays, mais à un moment donné, c’était déjà devenu un sujet presque quotidien.

Au cours des deux dernières semaines, lorsque la vague de terreur a commencé, il y a eu plusieurs jours au cours desquels Bennett a presque complètement disparu des yeux du public. Il lui a fallu quelques jours pour se réinitialiser, et aussi pour se remettre de l’isolement imposé par le corona, jusqu’à ce qu’il prenne les rênes.

Depuis lors, on a le sentiment qu’il n’arrête pas d’être photographié (sans bruit ni sonnerie) – une fois avec le chef d’état-major, une fois avec le chef du GSS et ses hommes, une fois lors d’un briefing public et encore une fois lors d’une visite aux blessés à l’hôpital.

Mais pendant que Bennett s’occupait des gros problèmes, il oublia un instant de regarder en arrière. Veillez à ce qu’il ne laisse aucun blessé sur le terrain de la part du gang qui a couru après lui. L’homme qui a grandi dans les unités spéciales sait à quel point la collecte de renseignements est importante et il sait aussi à quel point la qualité de la force dépend du dernier des soldats. D’autant plus dans une coalition de 61 membres.

En termes israéliens, Bennett est un novice politique. Moins de 10 ans se sont écoulés depuis qu’il a fait irruption dans nos vies. Au cours de cette décennie, il s’est lancé dans des aventures politiques diverses et bizarres, certaines plus réussies et d’autres un échec retentissant (alias la nouvelle droite lors des premières élections de 2019), mais après tous ces tours, il s’est retrouvé sur le fauteuil du Premier ministre.

Netanyahu, lors de son premier mandat, était également relativement nouveau dans le système politique et a en effet lentement perdu son peuple – de David Levy à Itzik Mordechai. Lorsqu’il est revenu au jeu, il a réalisé à quel point il était important de renforcer politiquement la coalition et le parti. En même temps qu’il dirigeait le pays, il n’abandonnait pas un instant ce qui se passait au sein du Likoud. Ainsi, il a tenu 12 ans au pouvoir, plus que quiconque avant lui.

Naftali Bennett a appris aujourd’hui que faire la médiation entre Moscou et Kiev c’est bien, et prendre des photos avec des combattants de Tsahal c’est bien, mais parfois il faut aussi s’engager dans des efforts de paix non moins compliqués entre Silman et Horowitz.

Mais aujourd’hui c’est trop tard et le bateau coule…