Beyrouth sous pression : l’émissaire amĂ©ricain Tom Barrack exige le dĂ©sarmement “immĂ©diat” du Hezbollah

Lors d’une confĂ©rence Ă  Manama, la capitale de BahreĂŻn, l’émissaire spĂ©cial amĂ©ricain Tom Barrack a prononcĂ© un discours d’une rare sĂ©vĂ©ritĂ©, ciblant directement le Hezbollah et la paralysie politique du Liban. « IsraĂ«l continue de frapper le sud du Liban parce que des milliers de roquettes y menacent toujours sa sĂ©curitĂ© », a-t-il dĂ©clarĂ©. « Le Hezbollah dispose aujourd’hui d’un budget supĂ©rieur Ă  celui de l’armĂ©e libanaise. Ce dĂ©sĂ©quilibre est inacceptable. Le Liban doit dĂ©sarmer – et vite. »

Ces propos, tenus devant des diplomates du Golfe et des reprĂ©sentants occidentaux, tĂ©moignent d’un changement de ton Ă  Washington, oĂč la patience vis-Ă -vis du statu quo libanais semble Ă©puisĂ©e. « Le Liban est un État failli », a ajoutĂ© Barrack. « Sa direction politique s’accroche au pouvoir, mais elle doit agir rapidement pour dĂ©manteler les milices. Elle n’a plus de temps Ă  perdre. »

Une mise en garde coordonnée avec Jérusalem

Cette intervention intervient dans un contexte de frappes intensifiĂ©es de Tsahal contre des positions du Hezbollah dans le sud du Liban. Ces derniĂšres heures, des cibles autour de Nabatiyeh et de Tyr ont Ă©tĂ© visĂ©es, notamment des dĂ©pĂŽts d’armes et des points de communication souterrains. Le ministre israĂ©lien de la DĂ©fense Yoav Katz a confirmĂ© que ces opĂ©rations visaient Ă  « neutraliser les infrastructures offensives du Hezbollah avant toute escalade terrestre ».

Du cĂŽtĂ© de JĂ©rusalem, la rĂ©action Ă  la dĂ©claration amĂ©ricaine a Ă©tĂ© mesurĂ©e mais ferme : « Les États-Unis comprennent que la retenue d’IsraĂ«l a des limites », a dĂ©clarĂ© un responsable de la dĂ©fense israĂ©lienne. « Si le Hezbollah continue de violer les accords et d’armer ses unitĂ©s, IsraĂ«l agira sans attendre. »

Washington veut rouvrir la voie du dialogue

MalgrĂ© la rhĂ©torique offensive, Barrack a aussi Ă©voquĂ© une ouverture diplomatique : « IsraĂ«l est prĂȘt Ă  parvenir Ă  un accord sur la dĂ©marcation des frontiĂšres avec le Liban. Il n’est pas logique qu’aucune nĂ©gociation ne soit en cours entre eux. » Cette phrase, soigneusement calibrĂ©e, vise Ă  replacer la balle dans le camp libanais tout en rĂ©affirmant la disponibilitĂ© d’IsraĂ«l Ă  un dialogue encadrĂ©.

Des sources diplomatiques indiquent que cette position amĂ©ricaine s’inscrit dans une stratĂ©gie plus large de stabilisation rĂ©gionale, soutenue par l’administration Trump : isoler l’Iran, assĂ©cher les financements du Hezbollah et encourager les pays arabes du Golfe Ă  soutenir financiĂšrement l’armĂ©e libanaise en Ă©change de rĂ©formes sĂ©curitaires.

Le Hezbollah sur la défensive

Les services de renseignement israĂ©liens estiment que le Hezbollah a considĂ©rablement renforcĂ© ses capacitĂ©s anti-chars et ses rĂ©seaux souterrains en prĂ©vision d’une offensive terrestre. « Leur doctrine repose sur l’épuisement progressif d’IsraĂ«l », explique un analyste militaire. « Le Hezbollah sait que son vĂ©ritable atout n’est pas le nombre de roquettes, mais sa capacitĂ© Ă  infliger des pertes en cas d’incursion. »

Dans les cercles sĂ©curitaires Ă  Tel-Aviv, on estime qu’une guerre est inĂ©vitable si le dĂ©sarmement n’est pas imposĂ© par une pression internationale conjointe. IsraĂ«l, pour l’heure, prĂ©fĂšre une stratĂ©gie de dissuasion graduelle, combinant renseignement ciblĂ© et frappes prĂ©ventives.

Le compte Ă  rebours libanais

Au Liban, les propos de Tom Barrack ont provoquĂ© un sĂ©isme politique. Le gouvernement de transition Ă  Beyrouth tente de minimiser la portĂ©e du discours, mais plusieurs analystes libanais y voient un ultimatum dĂ©guisĂ© : soit le pays agit, soit IsraĂ«l et ses alliĂ©s s’en chargeront.

Les alliĂ©s du Hezbollah dĂ©noncent une « ingĂ©rence amĂ©ricaine », tandis que des figures chrĂ©tiennes et sunnites modĂ©rĂ©es appellent Ă  « sauver ce qu’il reste de l’État libanais ». Le journal L’Orient-Le Jour a rĂ©sumĂ© le sentiment ambiant : « Le Liban, Ă©puisĂ© et ruinĂ©, n’a plus le luxe de servir de champ de bataille Ă  d’autres. »

L’avertissement du temps

« Il n’y a plus de temps Ă  perdre », a martelĂ© Barrack. Ces mots rĂ©sonnent comme une menace voilĂ©e. Le message amĂ©ricain est clair : si le Hezbollah ne dĂ©sarme pas, les États-Unis ne freineront plus IsraĂ«l.

Entre un Liban affaibli, une Syrie en recomposition et une Iran fragilisĂ©e par les sanctions, le Moyen-Orient entre dans une phase critique de redĂ©finition des Ă©quilibres. Et dans cette partie Ă  haut risque, le temps — plus que les roquettes — devient l’arme la plus dangereuse.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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