BIBLE DE DROIT ET DE JUSTICE – Par RONY AKRICH

Il parait Ă©vident que le boom Ă©conomique a conduit Ă  la crĂ©ation de classes populaires et Ă  un fossĂ© grandissant entre les pauvres et les riches, de sorte que le prophĂšte se scandalise Ă  travers ses prophĂ©ties Ă  ce sujet. Selon Amos, les rites et cultes ne peuvent rĂ©dimer le dĂ©viationnisme gĂ©nĂ©ral vis avis des ordonnances morales et supplĂ©er un mode de vie fondĂ© sur la justice et l’intĂ©gritĂ©. La pratique sacrificielle, avec toute sa minutie et ses dĂ©tails, en manque de toute identitĂ© morale, n’est pas la volontĂ© de Dieu ! Ni le systĂšme rituel, ni le culte religieux ne pourront devenir le substitut du systĂšme moral et Ă©thique !
Selon lui, le critĂšre principal concernant l’ensemble des jugements Divins reste et demeure la morale sociale, entre l’homme et ses semblables et entre les peuples. Par consĂ©quent, le Droit et la Justice sont une valeur morale – religieuse suprĂȘme et le motif primordial de ses reproches, cela constitue une exigence concrĂšte face aux disparitĂ©s sociales et aux calamitĂ©s morales autour de lui. Ces disparitĂ©s sont l’exploitation et le dĂ©ni de propriĂ©tĂ© du pauvre par les classes dirigeantes, les faux procĂšs desservant les classes laborieuses, la convoitise de tous les avoirs et la dĂ©bilitĂ© insatiable des nantis. Le vĂ©ritable but du message prophĂ©tique est encore et toujours d’empĂȘcher l’accomplissement du chĂątiment et d’ouvrir une porte au repentir.
Le livre d’Amos commence par des prophĂ©ties sur les nations et constitue en fait une introduction Ă  son objectif principal – l’accusation d’IsraĂ«l. AprĂšs avoir gagnĂ© les cƓurs du peuple et du public, aprĂšs l’avoir fascinĂ© avec sept prophĂ©ties concernant les Gentils et la JudĂ©e, il Ă©nonce enfin la prĂ©diction concernant IsraĂ«l. Cet augure concerne directement les masses Ă  son Ă©coute. Amos est envoyĂ© pour prophĂ©tiser sur IsraĂ«l et par consĂ©quent, sa parole consiste, entre autres, Ă  Ă©numĂ©rer les crimes inscrits dans le cahier de charge pesant sur le peuple. Les HĂ©breux d’IsraĂ«l ne sont pas coupables de crimes contre l’HumanitĂ©, contrairement aux Gentils, ni mĂȘme ceux de JudĂ©e dans leur rapport au Divin, mais surtout dans leur comportement criminel entre l’homme et son prochain au quotidien. Ce faisant, ils violent l’alliance avec Dieu.
Amos, le premier des prophĂštes classiques, exprime ici pour la premiĂšre fois la nouvelle idĂ©e d’une supĂ©rioritĂ© de la morale, Ă  partir de laquelle le sort de nos HĂ©breux sera dĂ©terminĂ© et le royaume d’IsraĂ«l dĂ©vastĂ©.
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parce qu’ils vendent le juste pour de l’argent et le pauvre pour une paire de sandales. » (Amos 8,16)
Le verset montre ici un parallĂšle que l’on peut commenter comme suit : le dĂ©lit relĂšve d’une malversation de la justice contre des avantages en nature. Selon ce commentaire, les juges condamnent le juste Ă  l’esclavage, pour corruption, malgrĂ© son innocence Ă©vidente car coupable de rien si ce n’est d’ĂȘtre droit.
Je crois Ă  l’abus de pouvoir en politique, un droit mis en captivitĂ©, la violence de la rĂ©clusion pour les adversaires, l’abolition de la libre circulation des hommes et des idĂ©es.
Je pense que les forces financiĂšres sont une autre puissance, une rĂ©alitĂ© perpĂ©tuellement inquiĂ©tante pour tous ceux dont le vƓu serait une classe politique engagĂ©e dans un projet collectif du mieux et du meilleur.
La rĂ©publique libĂ©rale permet, plus que jamais, Ă  l’argent de s’investir dans une future Ă©lection, trĂšs souvent de copiner et mĂȘme de devenir les intimes des puissances financiĂšres. L’enchevĂȘtrement des acteurs en prĂ©sence est significatif, le dessein politique collabore en majoritĂ© avec la caste des nantis source d’échanges de bons procĂ©dĂ©s protecteurs pour les uns comme pour les autres. L’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral est depuis toujours le slogan brandi, mais rapidement mis au rebus, lorsqu’il faudra se mettre aux affaires.
La soi-disant dĂ©mocratie reprĂ©sentative fut Ă©tablie par la bourgeoisie Ă©mergente et jamais elle ne dissimula, Ă  qui voulait bien l’entendre, que cette reprĂ©sentativitĂ© n’était pas vraiment la dĂ©mocratie. Il fallait maintenant dĂ©couvrir comment faire passer des vessies pour des lanternes aux yeux des masses, face Ă  une fabuleuse supercherie politique, Ă©conomique et sociale. AllĂ©guer effrontĂ©ment se trouver au sein du rĂ©gime dĂ©mocra-tique, que celui-ci Ă©tait notre victoire, malgrĂ© n’avoir eu de cesse, gouvernement aprĂšs gouvernement, d’élaborer, dans l’arriĂšre salle de l’histoire, une ploutocratie asservissante.
Soyons conscients, si nombre de drames sociĂ©taux sont systĂ©mati-quement portĂ©s au dĂ©bit des abus violents de pouvoir, ils sont le plus souvent le fruit pourri consĂ©quent d’une hĂ©gĂ©monie financiĂšre trĂšs Ă©tendue.
Oui, il y a une puissance nommĂ©e ‘argent’ Ă  mĂȘme de pouvoir asservir, d’imposer l’incarcĂ©ration des contrevenants, de dĂ©fier le droit Ă  la libertĂ©, tout cela au creuset absolument rĂ©glementaire des questions d’endettement.
Le Maitre-Banque et la lĂ©gislation constitutive des laquais politiques Ă©reintent les masses, accablent le peuple. Rarement  les citoyens se sentent investis des droits de pouvoir choisir leur ĂȘtre et leur devenir au nom de l’intĂ©rĂȘt de tous Ă  propos du tout !
Ce n’est pas un hasard si, Ă  partir des premiĂšres annĂ©es de la crĂ©ation de l’état d’IsraĂ«l, la Bible fut la littĂ©rature nationale d’IsraĂ«l. MalgrĂ© le profond dĂ©saveu des IsraĂ©liens vis-Ă -vis des fondements thĂ©ologiques de la Bible, ils ont toujours – et je crois qu’ils s’identifient encore et vraiment avec la perspective biblique en termes de vertus et de valeurs humaines, comme des aspirations prophĂ©tiques morales et sociales.
Il n’est nullement question d’affirmer qu’un pathos religieux biblique imprĂšgne le pays, mais seulement que la vie ‘juive’ en IsraĂ«l s’imprĂšgne de certaines des conditions et paysages historiques plus largement Ă©noncĂ©s dans le projet biblique.
En Israël, contrairement à la diaspora, la synagogue et la vie de famille juive ne peuvent générer un sentiment de vitalité nationale suffisant pour le Judaïsme. Surtout si celui-ci reste figé dans le temps exilique des communautés et oublie de se reconsidérer face à une toute nouvelle réalité sociétale : « le Peuple-Nation » comme devenir viable pour les nouveaux Hébreux.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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