Biden or not Biden, USA or not USA ! Par Rony Akrich

Le prĂ©sident Poutine n’aura pas Ă  dĂ©truire les États-Unis, les AmĂ©ricains le feront d’eux-mĂȘmes.
Le Kremlin, certes, apporte sa contribution en amplifiant les lignes de fracture et les scissions existantes, prĂ©sentes dans la plupart des pays, mais particuliĂšrement importantes, et en plein essor, aux États-Unis. Ces derniĂšres annĂ©es, la Russie a affectĂ©, avec succĂšs, nombre d’expĂ©dients pour fragiliser les États-Unis, grĂące aux rĂ©seaux sociaux amĂ©ricains Google et Facebook, mais il se trouve aussi de multiples imbĂ©ciles heureux et utiles pour faire Ă©cho Ă  leur communication. Beaucoup d’entre eux sont des sĂ©nateurs rĂ©publicains, dont les connaissances et le jugement sont de moins en moins liĂ©s Ă  la rĂ©alitĂ© ou Ă  l’Histoire.

Pour la premiĂšre fois, depuis la fin de la guerre civile en 1865, l’AmĂ©rique se retrouve avec un parti politique majeur dont plusieurs de ses reprĂ©sentants se dissocient des rĂšgles dĂ©mocratiques. Un trop grand nombre de leurs partisans entretiennent des cabales, plus que fictives, et poussent les militants vers la violence contre le socle amĂ©ricain. Souvenons-nous des Ă©vĂ©nements du 6 janvier 2021: une foule pro-Trump dĂ©vastait le Capitole au cours de ce qui fut le pire assaut contre le siĂšge du CongrĂšs depuis sa mise Ă  feu par les forces britanniques en 1814.

La prise de position politique aux États-Unis est devenue nocive.
Lors d’une rĂ©cente concertation rĂ©alisĂ©e par le Washington Post avec l’UniversitĂ© du Maryland, environ un AmĂ©ricain sur trois a admis que la violence contre le gouvernement peut ĂȘtre, Ă©pisodiquement, lĂ©gitimĂ©e. Un sondage similaire a rĂ©vĂ©lĂ© que 57 % des personnes interrogĂ©es entrevoyaient la possibilitĂ© de voir un Ă©vĂšnement comme celui du 6 janvier se reproduire dans les prochaines annĂ©es. Autre information effrayante, 63% affirment que cette agression a bouleversĂ© la façon dont les AmĂ©ricains perçoivent leur gouvernement.
Abattue par l’iniquitĂ© raciale et Ă©conomique, fourbue de rancƓurs sociales et submergĂ©e d’armes Ă  feu, il subsiste un sĂ©rieux risque pour la dĂ©mocratie amĂ©ricaine telle que nous la connaissons. Elle pourrait s’effondrer au moment de la prochaine Ă©chĂ©ance Ă©lectorale, les prĂ©sidentielles de 2024, un processus pourrait-ĂȘtre provoquĂ© par les milieux Ă©lectoraux Ă  terme cette annĂ©e. Comme le cĂ©lĂšbre journaliste canadien, Stephen March, le dit dans son nouveau livre « Next civil war »: « Les États-Unis touchent Ă  leur fin – la seule question est de savoir comment. L’AmĂ©rique est une source ahurissante de violence politique bien loin d’une simple crise d’état. »

March n’est pas le seul Ă  confier son apprĂ©hension des lendemains.
« Les États-Unis sont plus proches de la guerre civile qu’aucun d’entre nous ne voudrait le croire », Ă©crit la professeure en sciences politiques Barbara Walter, membre d’un comitĂ© consultatif clĂ© de la CIA et auteur d’un nouveau livre, « How Civil Wars Start ».
« Nous devons arrĂȘter de sous-estimer la menace qui pĂšse sur notre pays », lisait-on derniĂšrement dans un Ă©ditorial du New York Times.
Dans une récente édition du Washington Post, trois généraux à la retraite ont écrit:
« Nous sommes de plus en plus prĂ©occupĂ©s par les consĂ©quences de l’élection prĂ©sidentielle de 2024 et le potentiel de chaos meurtrier dans notre armĂ©e, qui mettrait tous les AmĂ©ricains en danger ». Notant que plus d’un sur dix des personnes accusĂ©es de tentative de coup d’État l’annĂ©e derniĂšre Ă©tait des vĂ©tĂ©rans de l’armĂ©e amĂ©ricaine, les gĂ©nĂ©raux ont ajoutĂ©: « En bref, nous sommes glacĂ©s jusqu’aux os Ă  l’idĂ©e qu’un coup d’État rĂ©ussisse la prochaine fois! »

Comment cette grande nation, porte-drapeau de la démocratie, en est-elle arrivée là ?
Il ne fait aucun doute que le populisme, le ‘progressisme moderne’ et la corruption ont sapĂ© les Ă©nergies de la dĂ©mocratie amĂ©ricaine, sa population est devenue de plus en plus sensible Ă  la manipulation politique et culturelle. L’AmĂ©rique s’est transformĂ©e en un endroit oĂč des Ă©lites Ă©gocentriques ont assĂ©chĂ© les institutions fondamentales, oĂč des personnes irresponsables et contrariĂ©es sont devenues de plus en plus accessibles aux appels populistes et autoritaires.

Beaucoup pensent que le processus a commencĂ© avec l’élection de l’éponyme Donald Trump, il avait soumis au peuple des solutions rapides Ă  des problĂšmes complexes, en contournant ou en Ă©liminant les intermĂ©diaires tels que les partis politiques, les reprĂ©sentants du CongrĂšs et les institutions Ă©tablies. Mais en rĂ©alitĂ©, le pourrissement avait commencĂ© bien avant l’arrivĂ©e de Trump, Donald n’a fait que prĂ©cipiter le mouvement. Certes, il est vrai que jamais prĂ©cĂ©demment un prĂ©sident amĂ©ricain n’avait conspirĂ© pour rĂ©voquer les rĂ©sultats Ă©lectoraux constitutionnels, agressĂ© les mĂ©dias et les commis de l’état qui Ɠuvraient pour lui, apprĂ©ciĂ© les despotes, joui de maniĂšre patente de sa fonction et qui, de maniĂšre rĂ©currente, a abusĂ© du peuple Ă  ses propres fins Ă©goĂŻstes.

Mais les querelles et l’esprit partisan amĂ©ricains remontent Ă  des dĂ©cennies!
Les discriminations raciales n’ont pas totalement disparu depuis la crĂ©ation des États-Unis le 4 juillet 1776. Les divisions concernant la lĂ©gislation sur les armes Ă  feu empĂȘchent toutes solutions et pendant ce temps on meurt Ă  l’école. La cour suprĂȘme fĂ©dĂ©rale dĂ©crĂšte contre l’avortement en attendant de traiter les dossiers sur la contraception et les mariages gays. Si la Californie pouvait obtenir le droit de scission concernant l’avortement, le Texas pourrait lui faire sĂ©cession pour le port d’armes.

Au sein de cette nation dĂ©sespĂ©rĂ©ment dĂ©chirĂ©e, chaque partie accuse l’autre de haĂŻr l’AmĂ©rique, une façon de dire que les deux dĂ©testent ce que l’autre entend par AmĂ©rique. Quiconque n’est pas d’accord avec eux est mauvais et travaille activement Ă  dĂ©truire la communautĂ©.
Celui qui gagnera en 2024 ne sera donc pas acceptĂ© par l’autre camp.
Si jamais le prochain prĂ©sident est alors choisi par la Cour suprĂȘme ou le CongrĂšs, et Trump réélu, la moitiĂ© du pays explosera de rage, les manifestations deviendront violentes et les foules seront accueillies par une force lĂ©tale tandis que les instigateurs pilonneront les bĂątiments gouvernementaux. Les quartiers organiseront des groupes d’autodĂ©fense et les agents des forces de l’ordre prendront parti ou rentreront chez eux.
Le nouveau prĂ©sident prendra le pouvoir en Ă©tat de siĂšge alors que le pays s’enfoncera dans un dĂ©but de guerre civile. Si c’est lĂ  le scĂ©nario qui glace les os des gĂ©nĂ©raux, il n’est guĂšre Ă©tonnant que tant d’AmĂ©ricains passent des nuits blanches Ă  propos de l’avenir de leur pays.

Quant Ă  nous, IsraĂ©liens, nous devons rejeter l’offre gĂ©nĂ©reuse d’une AmĂ©rique dĂ©chirĂ©e, au bord de la guerre civile. Leur effondrement humiliant Ă  l’extĂ©rieur couta de nombreuses vies aux autochtones de tous les pays.
Si nous acceptions leurs dĂ©lires, une terrible catastrophe se produirait ici plus tĂŽt que prĂ©vu. Si un gouvernement israĂ©lien venait Ă  accepter la formule dĂ©mente d’établir un État palestinien, on aurait Ă  payer le prix fort. La JudĂ©e et la Samarie sont situĂ©es au-dessus du centre d’IsraĂ«l, Ă  10 km de l’aĂ©roport Ben Gourion, 12 km de Be’er Sheva, 8 d’Afula et 20 km de Tel Aviv. Ce ne sont pas seulement des localitĂ©s, mais aussi des sites stratĂ©giques : Ă  25 km des bases aĂ©riennes de Hatzor et de Tel Nof, Ă  12 km de Ramat David, 16 de Nabatim, 26 de H’atzerim, 36 km de la centrale nuclĂ©aire de Dimona.
Les Etats Unis, comme la pauvre Europe par ailleurs, doivent se prĂ©occuper de laver leur linge infĂąme Ă  la maison. Leur idĂ©e de donner le cƓur du pays Ă  un État terroriste aux caractĂ©ristiques antisĂ©mites est criminelle, surtout aprĂšs les Ă©checs sanglants d’Oslo et de Gaza.

Au cours des derniĂšres dĂ©cennies, IsraĂ«l est devenu une puissance politique, militaire, Ă©conomique, technologique et dĂ©mographique. C’est le pays le plus puissant du Moyen-Orient et, dans de nombreux domaines, c’est l’un des principaux pays du monde. Il n’y a donc pas de place pour la panique ou la dĂ©pression. Mais il y a place pour la vigilance et la dĂ©sillusion. Depuis la chute du mur de Berlin, les processus mondiaux nous ont donnĂ© un coup de boutoir. Le statut de l’AmĂ©rique comme superpuissance unique, remis en cause, les ratĂ©es de la mondialisation, l’effondrement des nationalismes arabes et palestiniens ont tous créé des conditions inexorables dans lesquelles il devient difficile pour nous de prospĂ©rer et de s’épanouir. Maintenant que la direction du vent change. Nous entrons dans une nouvelle Ăšre, pleine d’incertitudes. L’environnement immĂ©diat et l’environnement lointain deviennent progressivement dangereux. Par consĂ©quent, nous devons lire attentivement la nouvelle carte et nous prĂ©parer Ă  une situation oĂč nous ne pourrions compter que sur nous-mĂȘmes. Le monde post-Corona va devenir un monde difficile et cruel!
Désolé pour les optimistes!!


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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