Black Friday : QUELLE NOIRCEUR CE VENDREDI ! – Par Rony Akrich

Aujourd’hui, nombre d’entre nous installent leur relation dans le salon pour avaler, autour d’un match de football, des infos aux propriĂ©tĂ©s marchandes, tout en surfant ensemble sur internet avec autant de smartphones que d’individus dans la salle.
Puis, le match terminĂ©, ils se rendront au centre commercial pour prendre, dĂšs jeudi soir, les devants pour un dĂ©chaĂźnement d’achats au jour dit du :   « Black Friday ou Soldes ».
A mon avis, peu de choses sont plus dĂ©gradantes que de regarder ces ĂȘtres humains, soi-disant adultes, se disputer des biens de consommation Ă  prix rĂ©duit sur le sol d’un centre commercial, comme des bĂȘtes affamĂ©es et agitĂ©es. Cela m’amĂšne toujours Ă  me demander : « comment notre civilisation humaine est-elle passĂ©e de la pensĂ©e et de l’esprit Ă  cela ? »

Comment l’HumanitĂ© a-t-elle rĂ©ussi Ă  s’égarer si loin ?

Notre espĂšce a toujours convoitĂ© des objets inanimĂ©s tels que l’or, les diamants, les peintures Ă  l’huile ou Ă  peu prĂšs tout autre signe de richesse inutilisable sur le plan fonctionnel. Mais il s’agit lĂ  d’une convoitise forcenĂ©e qui fomente ces bagarres du Black Friday, du premier jour des soldes, phĂ©nomĂšnes rĂ©cents de ces derniĂšres annĂ©es.
FonciĂšrement, le consumĂ©risme est un prototype socio-Ă©conomique Ă©chafaudĂ© sur la nature du dĂ©sir. Cette appĂ©tence matĂ©rialiste est, selon le capitalisme, une pulsion originelle de la ‘bĂȘte’ humaine, elle a toujours existĂ© dans la psychĂ© humaine.
Au dĂ©but du XXe siĂšcle, l’industrie de la publicitĂ© commença Ă  utiliser des techniques psychologiques pour jeter de l’huile sur le feu du dĂ©sir ardent, ce qui nous rendait plus avides que jamais.
Si l’objectif liminaire du consumĂ©risme est, Ă©ventuellement, d’encourager la croissance Ă©conomique en stimulant, plus encore, les clients Ă  dĂ©bourser plus. Il est trĂšs tĂŽt devenu un instrument de contrĂŽle social.
La manipulation lucide et subtile des us et coutumes, les prĂ©jugĂ©s suggĂ©rĂ©s pour la populace, restent un principe cardinal de la dĂ©mocratie. Ceux qui manƓuvrent cet appareil imperceptible de la sociĂ©tĂ© forment un rĂ©gime invisible, une direction authentique mise au pouvoir dans le pays.

Nous sommes rĂ©gentĂ©s, notre conscience est façonnĂ©e, nos saveurs forgĂ©es, nos pensĂ©es soufflĂ©es, trĂšs souvent par des individus dont nous n’avons jamais entendu parler.

RĂ©sultat logique de la maniĂšre dont la sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique est organisĂ©e : les ĂȘtres humains doivent collaborer ainsi pour vivre ensemble comme sociĂ©tĂ© fonctionnelle et harmonieuse.
Le consumĂ©risme garantit la bonne marche de la sociĂ©tĂ©, car il soustrait, Ă  la vigilance, la fĂ©rocitĂ© qui vibre aux abysses de la psychĂ© humaine, suscitant et tentant l’individu en quĂȘte d’une proie-rĂ©compense. Si beaucoup ont un emploi qu’ils exĂšcrent, c’est aux seules fins d’empocher une monnaie sonnante et trĂ©buchante et pouvoir, ainsi, acquĂ©rir des choses qui plaisent.
Faire des emplettes nous alimente d’hormones de plaisir bon marchĂ©.
Gagner de l’argent crĂ©e le sentiment de l’ouvrage accompli.
Avoir travaillĂ©, avoir mĂ©ritĂ© un prix, un trophĂ©e concret consĂ©quent de l’effort ? C’est une impression de victoire bon marchĂ© et aisĂ©ment abordable qui nous fait briĂšvement jouir.
Les indices de dĂ©chĂ©ance culturelle sont multiples. Certains sont insidieux et esthĂ©tiques, d’autres rĂ©voltants et difficiles Ă  ignorer. Mais pris ensemble, ils posent la question :

Pourquoi ?
En d’autres termes, pourquoi la culture occidentale corrompt-elle de maniĂšre si dĂ©terminante ?
Quel en est le ressort ?
Si le capitalisme est à condamner, quelle en est la réponse ?
Politiquement et socialement, beaucoup de gens dĂ©noncent le capitalisme mondial du marchĂ© libre. Selon ce point de vue, l’Occident errait dans une friche culturelle parce qu’il adoptait un systĂšme fondĂ© sur la cupiditĂ©, une efficacitĂ© irrĂ©flĂ©chie, une production effrĂ©nĂ©e et une consommation agitĂ©e.

J’ai bien peur que la manie du capitalisme pour l’individualisme radical et les Ă©conomies de marchĂ© ne le conduise Ă  briser les communautĂ©s et les familles, les dĂ©racinant des rĂ©seaux relationnels de soutien et les poussent vers les grandes villes Ă  perdre contact avec le monde naturel, leurs proches et, Ă©ventuellement, eux-mĂȘmes.
Si le capitalisme est le principal responsable de la dĂ©gradation culturelle, comme le suggĂšrent certains. Une solution Ă©vidente consisterait Ă  le rejeter et Ă  opter pour une Ă©conomie hautement planifiĂ©e, dans laquelle le gouvernement rĂ©primande l’aviditĂ© de la population par une redistribution pĂ©riodique et agressive et, dans le scĂ©nario plus extrĂȘme, possĂšde ou contrĂŽle les moyens de production. Cette approche a une plausibilitĂ© superficielle Ă  propos de cela : Ă©loignez les gens ordinaires de la tĂąche sordide consistant Ă  accumuler des richesses et de tout ce commerce sans fin, et trouver des fonctionnaires consciencieux, au sein du gouvernement, qui se chargeront de rĂ©partir Ă©quitablement les richesses, libĂ©rant l’homme pour une bonne journĂ©e de travail, Ă©lever ses enfants et profiter d’un peu de temps libre.

Une solution simple et séduisante.
Malheureusement, elle a Ă©chouĂ© partout oĂč elle fut essayĂ©e.
Ce libĂ©ralisme a besoin d’une voix prophĂ©tique de ses meilleurs critiques culturels ; mais surtout, il a besoin du sol spirituel dont il est issu. La conception hĂ©braĂŻque, Ă  mon humble avis, reconnaĂźt le libre arbitre et la responsabilitĂ© de l’homme, elle valorise la dignitĂ© humaine et la libertĂ© humaine, qui prend en compte Ă  la fois le mal humain et le pouvoir innovant de l’homme Ă  l’image de son CrĂ©ateur, fondement ultime du bien, du vrai et du beau.
Cette approche affirme que nous devons ĂȘtre crĂ©atifs, poursuivre l’excellence et servir de justes moyens Ă  une meilleure nature. Il ne faut pas envisager le futur avec l’éphĂ©mĂšre bon marchĂ© et insignifiant, ni maintenir un sens par le seul biais de la consommation.
Ceci nous aide Ă  confesser que le matĂ©rialisme n’est pas essentiellement mauvais, ni le plus grand des bienfaits.

Cela soutient la dĂ©marche affirmant qu’il y a lĂ  deux extrĂȘmes destructrices : d’une part, le mĂ©pris du socialisme Ă  l’ancienne pour la beautĂ© matĂ©rielle et, d’autre part, l’hĂ©donisme du consumĂ©risme.
Ce qui nourrit la dĂ©crĂ©pitude culturelle qui nous entoure n’est pas la libertĂ© Ă©conomique mais une vision du monde laĂŻc, et essentiellement matĂ©rialiste, qui marginalise, ou mĂȘme nie, l’esprit et le spirituel, un dĂ©ni qui se manifeste dans un flot d’architecture, d’art, de littĂ©rature, de film et de musique qui abusent la vĂ©ritĂ©, la bontĂ© et la beautĂ©.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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