Boaz Golan dénonce une « guerre politique contre les ultra-orthodoxes » : « Tsahal et la gauche ne veulent pas vraiment des haredim »

Au jour de la gigantesque manifestation de Jérusalem contre la conscription des étudiants des yeshivot, la tension continue de grimper dans le débat public israélien.
Lors d’un direct spécial diffusé sur Channel 14, le journaliste Boaz Golan a accusé ouvertement le commandement de Tsahal et le camp de la gauche d’utiliser le dossier du service militaire des ultra-orthodoxes « comme une arme politique ». Selon lui, la question du recrutement des haredim n’est pas motivée par un besoin réel de soldats, mais par une « volonté idéologique de remodeler la société israélienne ».

« Nous n’avons pas besoin de mikvé dans l’armée »

Golan a cité un haut responsable de la Direction des ressources humaines de Tsahal (Aka), qu’il dit avoir rencontré récemment :

« Je cite ses mots : “Nous n’avons pas besoin de mikvé dans l’armée.” Ces propos ont été prononcés avec haine et mépris. »

Selon Golan, cette phrase résume une mentalité bien ancrée dans une partie de l’establishment militaire : la peur qu’un afflux massif de jeunes religieux modifie la culture interne de l’armée.

« L’armée ne veut pas vraiment des haredim », a-t-il ajouté. « Elle ne veut pas devenir religieuse. »

Le journaliste, connu pour ses positions conservatrices, a ensuite dirigé ses critiques contre le camp de la gauche :

« La gauche ne veut pas non plus de leur intégration. Avez-vous déjà vu la gauche manifester contre les pacifistes de Tel-Aviv qui refusent de servir ? Jamais. Ce combat n’est pas pour l’égalité ; c’est de la politique pure. »

Le poids d’un débat existentiel

Ces déclarations interviennent alors que la fameuse “marche du million” a réuni jeudi à Jérusalem des dizaines de milliers d’ultra-orthodoxes protestant contre le plan de conscription promu par le gouvernement Netanyahou et le ministre de la Défense Yoav Katz.
Ce plan, soutenu par une partie de la droite laïque, vise à imposer un quota minimal de recrutement religieux au sein de Tsahal, après plus de soixante-quinze ans d’exemptions fondées sur la poursuite d’études talmudiques.

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Le chef d’état-major Eyal Zamir avait récemment rappelé que « le fardeau sécuritaire repose sur une minorité », suscitant de vives réactions au sein des partis religieux.
Mais pour Boaz Golan, cette rhétorique de « partage de la charge » masque une autre réalité :

« Ce n’est pas un débat moral mais identitaire. Ils veulent changer la nature d’Israël en affaiblissant la Torah. »

Entre religion, politique et société

L’intervention de Golan illustre la fracture grandissante entre Israël religieux et Israël laïque.
Les partisans du plan de conscription estiment que l’État ne peut plus supporter une exemption massive alors que le pays reste en guerre sur plusieurs fronts.
Les haredim, eux, affirment que leur contribution spirituelle — prière et étude — protège Israël au même titre que les armes.

La polémique prend aussi une dimension politique : le gouvernement Netanyahou dépend des partis ultra-orthodoxes pour sa majorité. Une rupture sur ce dossier pourrait provoquer une crise de coalition.
Dans ce contexte, les propos de Boaz Golan trouvent un écho dans la rue religieuse, où beaucoup estiment que la conscription obligatoire n’est qu’un prétexte pour marginaliser le monde de la Torah.

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Une bataille de valeurs au cœur d’Israël

Derrière les slogans et les accusations se cache un enjeu bien plus profond : quelle place la société israélienne réserve-t-elle à la foi dans son projet national ?
Pour certains, la défense du pays passe par l’uniforme ; pour d’autres, par le livre.
Entre ces deux visions, le fossé continue de se creuser, menaçant de devenir le nouveau front intérieur d’une nation déjà éprouvée par la guerre.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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