La tension est montée d’un cran entre Budapest et Stockholm. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, a déclenché la polémique en affirmant que la Suède était en « état de décomposition », gangrenée par la criminalité et la violence des gangs, allant jusqu’à accuser ces derniers d’avoir recruté « des dizaines de mineures comme tueuses à gages ».
Dans un message publié sur X, accompagné d’une vidéo, Orbán a dénoncé « l’abandon des valeurs traditionnelles, la faiblesse du gouvernement et la perte du bon sens », affirmant que la « barbarie » s’était enracinée « au cœur d’une des plus grandes nations d’Europe ». Le dirigeant nationaliste, qui fait face à des élections particulièrement délicates en 2026, est coutumier de ces attaques contre des pays occidentaux, qu’il cite souvent en contre-modèle pour valoriser sa propre politique conservatrice.
La riposte suédoise : « des mensonges scandaleux »
La réaction du Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, n’a pas tardé. Lundi, il a accusé Orbán de colporter des « mensonges scandaleux », soulignant que la Hongrie était elle-même critiquée pour son recul en matière d’État de droit et de libertés publiques. « Pas surprenant que ces propos viennent de quelqu’un qui démantèle la démocratie dans son propre pays », a-t-il lancé, qualifiant Orbán de « désespéré » à l’approche de son rendez-vous électoral.
La réalité contrastée de la criminalité en Suède
La Suède fait face, il est vrai, à une flambée de violences liées aux gangs, souvent impliqués dans le trafic de drogue. Le gouvernement a récemment proposé d’abaisser l’âge de la responsabilité pénale de 15 à 13 ans, en réponse à l’utilisation croissante de mineurs par les organisations criminelles. Mais les chiffres cités par Orbán ont été rapidement démentis : selon le Conseil national pour la prévention du crime, seulement huit adolescentes de 15 à 17 ans ont été suspectées de meurtre ou d’homicide en 2024, loin des « centaines » évoquées par Budapest.
En réalité, les statistiques officielles montrent même une amélioration : le taux d’homicides a chuté en 2024 à son plus bas niveau depuis 2014, après un renforcement des moyens policiers et judiciaires. Si la Suède reste l’un des pays les plus touchés par les meurtres par arme à feu au sein de l’Union européenne, le gouvernement affirme avoir inversé la tendance.
Orbán contre Bruxelles et contre l’Occident
Ce nouvel épisode illustre la stratégie politique du Premier ministre hongrois : mobiliser son électorat en présentant son pays comme un rempart face à la « décadence » de l’Europe occidentale. Orbán a déjà multiplié les bras de fer avec la Commission européenne, notamment sur la question migratoire, la liberté des médias ou les droits des minorités. Il avait également retardé l’adhésion de la Suède à l’OTAN en 2022-2023, reprochant à Stockholm ses critiques sur l’état de la démocratie hongroise.
Pour les observateurs, la Suède est autant une cible symbolique qu’un adversaire concret. « Orbán aurait pu choisir la France ou l’Allemagne, mais il a besoin d’une figure de contraste pour galvaniser son électorat », analyse Zoltán Novak, politologue hongrois.
Une querelle symptomatique des fractures européennes
Au-delà du duel verbal, cet échange illustre les tensions profondes qui divisent l’Union européenne. D’un côté, une Europe du Nord qui mise sur la transparence, la gouvernance et les droits fondamentaux ; de l’autre, une Europe centrale qui revendique un modèle souverainiste et conservateur, souvent en confrontation directe avec Bruxelles.
En s’attaquant à la Suède, Orbán ne vise pas seulement Kristersson : il envoie un message à ses électeurs et à ses partenaires européens, affirmant que la Hongrie incarne la « vraie Europe », face à des nations occidentales jugées « déliquescentes ».
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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