“Cacher les signes israéliens” : quand la peur érode la fierté du peuple juif

Alors que des milliers de Juifs de la diaspora réaffirment publiquement leur identité juive dans les rues de New York, Londres ou Paris, un mot d’ordre glaçant s’installe dans le discours sécuritaire israélien : « cacher les signes israéliens ». Recommandation vague, sans directives claires, mais largement diffusée. Et ce qui aurait pu rester une consigne ponctuelle dans des zones à risque devient, insidieusement, une nouvelle normalité dans la culture israélienne du voyage. Triste ironie pour un peuple revenu sur sa terre pour ne plus jamais vivre dans la honte.

C’est dans Makor Rishon que le rabbin Elhanan Poupko, enseignant et militant juif installé aux États-Unis, signe une tribune acerbe et poignante, dénonçant la tendance croissante des Israéliens à vouloir effacer tout signe d’israélité dès qu’ils mettent un pied hors du pays. Pas par sécurité, mais par automatisme. Par peur. Par déracinement intérieur.

Dans son récit, il évoque ces scènes absurdes et presque comiques qu’il croise aux États-Unis : un Israélien qui se met à bredouiller un faux français dans Central Park dès qu’il aperçoit un homme à kippa ; une mère qui abandonne son hébreu pour un “Come here Emily” à l’anglais au R fortement israélien. Et tout cela, dans des lieux où il n’y a aucun danger, aucune hostilité ouverte, sinon une peur intériorisée, héritée d’un réflexe galoutique (exilique).

Alors que la diaspora, justement, relève la tête. Que les communautés juives d’Amérique, d’Argentine, du Canada ou de Rome portent leurs identités haut et fort, distribuent des drapeaux d’Israël, multiplient les manifestations pro-israéliennes, enseignent l’hébreu à leurs enfants et arborent fièrement les symboles du judaïsme, certains Israéliens baissent les yeux. Et pire : enseignent à leurs enfants à faire de même.

Le comble du paradoxe ? Ce glissement mental vient du pays même qui devait être la réponse à la Shoah. À la honte. À la soumission. Israël n’a pas été fondé pour que ses citoyens rentrent leur étoile de David sous la chemise dès qu’ils atterrissent à Rome ou à Berlin.

L’auteur insiste : il ne s’agit pas de se mettre en danger, ni de marcher en kippa dans les banlieues islamistes d’Europe, ni d’arborer le drapeau israélien dans un bastion du Hezbollah à Bruxelles. Mais dans la majorité des lieux sûrs, dans les grandes villes d’Amérique ou d’Europe de l’Ouest, où la loi et l’ordre existent, il est non seulement permis, mais salutaire de parler hébreu, de montrer sa fierté d’être Israélien et juif, et de rester fidèle à ce que l’on est.

Et surtout : c’est dans ces lieux-là que les rencontres surgissent. Comme cette famille israélienne qui, entendant un père parler hébreu à ses filles dans un parc de Boston, vient spontanément engager la conversation. Comme cette femme, qui semblait non-juive, mais qui confia au rabbin qu’elle était bien juive, que son fils allait partir à l’université, et qu’elle cherchait un campus avec une communauté juive forte. Ces moments n’auraient jamais existé si cet homme avait « caché ses signes israéliens ».

Israël se targue d’être une lumière pour les nations. Un phare pour le peuple juif. Un modèle d’affirmation identitaire. Il ne peut pas devenir, en 2025, un État qui recommande à ses citoyens de s’effacer hors de ses frontières.

Cette consigne est non seulement contre-productive, elle est dangereuse. Car elle enseigne à une génération entière que le judaïsme, l’israélité, sont des fardeaux à camoufler et non des valeurs à porter. Et ce poison insidieux, si on ne le combat pas, finira par éroder les fondements mêmes de la fierté juive.

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Israël ne s’est pas bâti pour qu’on y apprenne à se cacher, mais pour qu’on y apprenne à marcher droit. Même en dehors de ses murs.

 

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