Alors que le ministère de la Santé israélien vantait un plan ambitieux pour améliorer les conditions de travail des internes dans les hôpitaux périphériques, c’est une véritable hémorragie du système de santé qui s’observe aujourd’hui. Le projet pilote visant à raccourcir les gardes des internes devait marquer une avancée vers plus d’équité entre les régions. Résultat ? Une désorganisation totale, une médecine en mode survie, et une fracture qui s’élargit entre le centre du pays et sa périphérie.
Dans les couloirs des services internes des hôpitaux de Ziv (Safed), Barzilaï (Ashkelon) ou Soroka (Beer-Sheva), la tension est palpable : « On court entre les chambres, parfois on ne sait même pas qui est le patient », témoigne un interne. À Ziv, un seul interne a dû gérer 18 admissions en une nuit. Le chef de service, Professeur Raymond Farah, n’en revient pas : « Ce n’est plus un hôpital, c’est un champ de bataille. »

Un échec retentissant : l’État absent, les soignants au front
Le ministère de la Santé promettait monts et merveilles avec ce projet pilote lancé en septembre 2023. Il s’agissait de réduire les gardes de 26 à 21 heures, de soulager les internes et d’attirer les jeunes médecins en périphérie. En pratique ? Aucun recrutement supplémentaire, aucune infrastructure adaptée, et une réalité de terrain qui vire au cauchemar.
Selon les données internes, des services entiers fonctionnent avec seulement deux ou trois internes pour 40 patients — certains gravement atteints, nécessitant intubation, soins intensifs, surveillance rapprochée. « Le jour où l’on a commencé ce plan, la guerre a éclaté. Les patients ont été évacués. Aujourd’hui, ils reviennent et on n’a plus personne pour les traiter », explique un responsable à l’hôpital de Poriya.
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Des internes « baby-sitters » au lieu de médecins en formation
Le malaise ne se limite pas à la surcharge. C’est l’essence même de la formation médicale qui est menacée. Les internes, censés devenir des spécialistes en médecine interne, ne voient plus leurs patients, ne suivent pas les cas, n’approfondissent plus leurs diagnostics. « On est en mode survie, pas en apprentissage », résume une interne de Poriya. « On ne connaît pas nos patients. On les découvre quand ils font un arrêt cardiaque. »
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Le ratio médecin-patient est devenu ridicule : un médecin pour 40 patients est devenu la norme dans plusieurs hôpitaux. Certains matins, aucun médecin senior n’est présent. Dans les groupes WhatsApp des chefs de service, le désespoir règne. « Chaque matin, je cherche mes médecins à la pince à épiler », ironise un directeur de service. Ironie noire d’un système à genoux.
La grande désertion : pourquoi les jeunes fuient la périphérie
Le projet pilote a accentué la fracture géographique. À Tel Aviv, les internes ont en moyenne 4 gardes par mois. À Nahariya ou à Nazareth ? 6 ou 7. Et souvent, ces gardes sont assurées par des internes issus de facultés étrangères, principalement de l’Europe de l’Est, parfois mal préparés au système médical israélien.
D’après les données, seulement 27 % des internes en périphérie ont réussi l’examen de spécialisation en médecine interne, contre 80 % dans les hôpitaux du centre. La cause ? Sous-encadrement, surcharge, absence de temps d’apprentissage. Le médecin devient un technicien de l’urgence, au lieu d’un spécialiste.
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L’aveuglement bureaucratique : les dirigeants refusent d’admettre l’échec
Le ministère de la Santé, par la voix de ses porte-parole, reconnaît aujourd’hui que des ajustements seront nécessaires. Un « nouveau plan » serait en cours d’élaboration. Mais les médecins ne croient plus aux promesses. Les syndicats médicaux dénoncent l’aveuglement idéologique et l’absence de coordination avec les réalités du terrain.
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Vers une médecine à deux vitesses ?
L’avertissement est lancé : si rien ne change, la médecine israélienne risque de devenir une médecine à deux vitesses. L’élite à Tel Aviv. La pénurie à Tsfat, Nahariya, Ashkelon. Le ministre de la Santé pourra-t-il encore fermer les yeux si l’hécatombe continue ? Pas sûr.
Une médecin de Ziv conclut, la voix tremblante : « J’ai vu mourir des patients faute de soins. Pas à cause d’une maladie incurable. Juste par manque de personnel. On ne soigne plus. On éteint des incendies. »
Sources complémentaires :
- Médecine en Israël – Wikipédia
- Réforme de la santé en Israël – Infos-Israel.News
- Dernières alertes santé – Alerte Info 24/24
Infos-Israel.News
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