Fictionnalisé par Leon Uris, puis transformé en film, l’histoire de l’Exodus, un navire parti de la France en juillet 1947 et transportant quelque 4 500 survivants de l’Holocauste à destination de la Palestine est bien connue en Occident. Les Britanniques, ne voulant pas permettre à plus de Juifs d’entrer sur la Terre d’Israël, a obligé le bateau de faire demi-tour mais ses passagers ont refusé de quitter le port français. Finalement la marine royale les a amenés à Hambourg. Moins connu est le groupe d’anciens combattants de la résistance française qui ont aidé à organiser le départ de l’Exodus, écrit Tsilla Hershco:

L’organisation de résistance juive en France. . . a participé au sauvetage de dizaines de milliers de Juifs en France pendant l’occupation nazie par la fabrication de faux documents, la dissimulation d’enfants et d’adultes et la contrebande de convois vers la Suisse et l’Espagne. À la fin de la guerre, David Ben Gourion a nommé Avraham Polonski, chef de la résistance juive en France, commandant de la Haganah en France et en Afrique du Nord. Les volontaires qui ont rejoint l’organisation, principalement des vétérans de la résistance juive, ont participé à de nombreuses activités cruciales: immigration clandestine et légale [de l’Europe à la Palestine obligatoire]; la falsification de documents; le transfert des armes au yishuv; et la mise en place de systèmes de communication, de camps d’immigrants et de camps d’entraînement militaire. . . . Plus tard, des membres de la Haganah en France et en Afrique du Nord placés sous le commandement de Polonski ont été associés à l’opération Exodus dès le début: ils ont falsifié des documents de voyage, aidé au transport des survivants à la frontière Strasbourg-Mulhouse, recruté des étudiants en médecine, organisé l’accueil de réfugiés par la Croix-Rouge et a accompagné les réfugiés dans leur voyage des gares frontalières à Marseille.

Les membres de la Haganah en France, sous la direction de Polonski, ont également joué un rôle important dans la préparation des logements pour les réfugiés. En s’appuyant sur leurs contacts et en versant des pots-de-vin, ils ont même réussi à surmonter l’obstacle d’une grève des routiers à Marseille en obtenant le consentement de leurs dirigeants pour transporter les réfugiés jusqu’à leur destination. [Après leur retour en France], l’équipe de Polonski a aidé à empêcher les Britanniques de forcer les passagers à débarquer.